Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Que jeunesse se passe...

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Nous avons un enfant de 15 ans qui est très agressif: il tape, casse, dit des «gros mots». Nous ne savons plus quoi faire ni comment l'aborder. Nos prières elles-mêmes semblent inefficaces.

 

Un adolescent qui manifeste son agressivité appelle au secours, car il se sent «mal dans sa peau». Il provoque ses parents pour voir si leur amour est vraiment désintéressé, s'il est aimé par eux comme il est, avec ses défauts, avec ses malaises, avec ses contradictions, ses révoltes, etc. Il a besoin d'être rassuré car leur amour conditionne l'amour de soi. S'il est aimé de ses parents comme il est, c'est qu'il est aimable donc moins mauvais, moins laid, etc. qu'il ne se croit et ne se voit.

L'adolescence est la période des remises en questions, des doutes, des désespoirs mais en même temps le jeune a une grande soif d'absolu, d'authenticité, de vérité, de dévouement et d'amour. Il est prêt à tous les sacrifices, même de lui-même, pour atteindre son idéal. Il faut le rassurer sur la normalité de cette effervescence intérieure, sur les transformations physiques et psychologiques en lui en expliquant les raisons et les buts. Il faut le prendre au sérieux et savoir que l'éducation ce n'est pas seulement inculquer des connaissances ou donner des permissions ou des interdictions, mais d'abord communiquer une manière d'être et une manière d'aimer.

L'éducation n'est jamais à sens unique: nos enfants nous éduquent aussi par la réponse qu'ils donnent à nos manières de faire et c'est peut-être ce qui nous gêne d'ailleurs et qui explique nos accès d'agressivité à leur égard. Si nous sommes honnêtes nous reconnaissons que bien souvent nos corrections, nos punitions sont moins motivées par le souci de rendre nos enfants obéissants que par l'occasion de nous décharger de notre agressivité et c'est cette agressivité que nos enfants perçoivent et copient.

L'irritation du jeune vient de la différence entre ce que les parents prônent et ce qu'ils vivent réellement; entre ce qu'ils exigent que leur enfant soit, pour ne pas entacher l'image d'une famille unie, parfaite(?!) et ce que l'enfant doit devenir: un adulte autonome avec sa propre personnalité et non la copie ou la synthèse de ses parents. Parents chrétiens, nous voulons faire endosser à nos enfants «l'uniforme évangélique» avec les médailles de bonne conduite chrétienne au niveau du langage, des pensées, des sentiments, oubliant que l'enfant n'est pas un animal à dresser, mais un être humain. De plus nous assimilons le monde au péché et manifestons à l'égard de ce monde de la suspicion, du mépris, un sentiment de supériorité, etc. Or le jeune a besoin de s'affronter au monde et il le doit pour s'y faire une place et jouer le rôle que Dieu lui réserve. C'est ainsi qu'il découvrira qui il est, le pourquoi de son existence et le sens de sa vie. Si pour les parents il y a d'un côté les chrétiens et de l'autre le monde, non seulement ils se coupent des incroyants, mais ils produisent une division dans l'esprit du jeune qui ne peut plus élaborer une attitude cohérente pour affronter ce monde présenté comme mauvais. «Pères n'irritez pas vos enfants de peur qu'ils ne se découragent».

C'est aux pères de par l'autorité qui leur a été confiée par Dieu, qu'appartient la charge de redresser une éducation détournée de son but qui est l'ouverture aux autres et l'amour du prochain. Il ne s'agit pas de faire pour le bien de l'enfant, mais de faire le bien pour et devant l'enfant. «Instruis l'enfant selon la voie qu'il doit suivre et quand il sera grand il ne s'en détournera pas» Prov. 22, 6. La voie par excellence est celle de l'amour (voir 1 Corinthiens 12, 31 et 1 Cor. 13).

Dominique Dirrenberger

AVENEMENT Février 1992 No 39 / P 28

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