Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Mariage: Pour le meilleur

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La famille - célébrée en 1994 - commence par le mariage

L'institution du mariage est sévèrement remise en cause de nos jours. En France, près d'un mariage sur 2 se termine en divorce, l'un et l'autre des conjoints étant souvent à la fois victime et coupable, offensé et offenseur, incompris et incompréhensif. Bon nombre de jeunes s'engagent dans le mariage comme on marche vers la terre promise, ils ne se préparent pas au mariage, ils en rêvent. On en attend un épanouissement sur tous les plans. Il y a une exigence accrue, mais peu - ou pas - d'implication personnelle pour atteindre les objectifs que l'on se fixe. Cette idée du mariage exclut totalement le mot «déception». Quand on a rêvé à ce point, on souffre de ne pas trouver ce que l'on espérait. La déception, lorsqu'elle se présente, est le fait de l'autre qui n'a pas su répondre à nos attentes.

 

Tel qu'il est perçu à notre époque, le mariage est peu conforme à sa véritable raison d'être, car, à l'origine, il n'a pas été conçu dans les formes que nous lui connaissons aujourd'hui. Reprenons les paroles mêmes de Jésus-Christ, alors en pleine discussion avec les pharisiens qui lui demandaient s'il était permis de répudier sa femme pour n'importe quel motif. «Au début, il n'en était pas ainsi... l'homme quittera son père et sa mère, s'attachera à sa femme et ils deviendront un seul être vivant», leur répond-il (Mat. 19, 3-12). En d'autres ternies, dès la venue sur terre de l'homme et de la femme, Dieu définit le mariage comme une démarche en 3 étapes successives indispensables à la pérennité et au succès d'une alliance conjugale.

Assez paradoxalement le mariage commence par une rupture. Rupture avec les solidarités antérieures qui deviennent donc moins prioritaires. Je décide donc que mon conjoint devient mon premier prochain. La force des verbes, en hébreu («abandonner») et en grec («laisser derrière soi») souligne la radicalité des choix qui sont faits et l'étendue de la démarche: pour toute la vie.

On ne peut dissocier la première étape de la deuxième, car je ne peux m'attacher à mon partenaire que si j'ai réellement quitté et je ne pourrai quitter que si je suis décidé à m'attacher. S'attacher c'est partager, communiquer, se mieux comprendre. Cet amour que Dieu nous offre par son Esprit Saint a l'avantage de ne jamais se flétrir avec le temps comme peut se faner notre amour-passion au fil des mois ou des années.

Notre troisième étape apparaît alors comme l'objectif des deux précédentes, comme le but d'une vie à deux, comme un édifice à construire, dans lequel le foyer, la famille vivra à l'abri. Le devenir du couple, c'est créer son image commune, son propre esprit de famille, son propre mode de vie, fruits de l'attachement que l'homme et la femme se portent. Le couple est appelé à devenir un seul être vivant, un être dynamique destiné à croître et à se développer. Il passera par toutes sortes de phases vitales: tantôt bonnes, tantôt moins, comme pour tout être vivant, mais «la corde à trois brins ne se brise pas facilement» nous rappelle la Bible ( Ec. 4, 12). Et, par sa présence permanente, Dieu propose d'être ce troisième brin de la corde au sein du couple.

La vie conjugale, dit le dictionnaire, est l'état de vivre en couple, ensemble, sous le même joug. Ce «joug» est bien le troisième brin de notre corde. Certains se mettent sous le joug de leur amour-passion, d'autres sous celui de la responsabilité parentale: élever les enfants; mais voilà qu'ils grandissent et bientôt quittent la maison, ce couple n'a alors plus rien en commun. Tant d'autres jougs peuvent nous faire marcher de concert pour un temps: réussite sociale, activité culturelle, sportive ou professionnelle, voyages, etc. Ils ne sont pas mauvais en soi, mais tous sont de nature éphémère.

Ce joug, ou troisième brin de la corde, se doit d'être solide, à toute épreuve, inaltérable. Celui que nous propose Jésus-Christ assure stabilité et pérennité du couple parce qu'il procure à chacun des conjoints repos et paix, paix avec eux-mêmes et Paix avec Dieu (Mat. 11, 28-30).

Patrice Leguern - Mission Vie et Famille

AVENEMENT Février 1994 No 68 / P 13

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