Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Le corps et le mariage

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Dans la Bible, il semble que les gens se mariaient très jeunes. Si notre puberté survient à 13-14 ans, Dieu ne nous montre-t-Il pas par là que nous sommes alors mûrs pour le mariage et les relations physiques? Dans notre société le mariage survient bien après que notre corps soit apte à l'expérience physique ou sexuelle. Les jeunes du monde ont réglé ce problème: ils ont des relations sexuelles - hélas! - sans être mariés. Pour les chrétiens la meilleure solution ne serait-elle pas de se marier beaucoup plus tôt et d'être ainsi en règle avec Dieu sans être obligés de se livrer à la fornication?

 

Votre lettre soulève des questions que se posent nombre de jeunes chrétiens tentés d'imiter leurs copains.

Après tout, pourquoi des adolescents ne se marieraient-ils pas plutôt que «de brûler» (1 Cor. 7, 9)? C'est oublier que le mariage n'est pas une petite affaire qu'on doive régler avec précipitation. Le sexe n'est pas tout dans la vie conjugale et l'on ne se marie pas uniquement pour éviter la lutte et être apaisé dans ce domaine.

Ici, je me permets de vous poser quelques questions:

1. Croyez-vous que des jeunes de 14-15 ans ont fait déjà le bon choix lorsqu'ils se promettent l'un à l'autre? Ont-ils seulement une idée de ce qu'implique la vie conjugale? Il est vrai qu'avant 1939, surtout dans les milieux chrétiens, on prônait la réserve entre filles et garçons, lesquels éprouvaient souvent une certaine timidité à déclarer leur flamme avant l'âge adulte. Cette réserve, aujourd'hui impensable, avait du bon. On ne s'emballait pas au premier coup de foudre... qui d'ailleurs n'était pas le dernier, preuve que les sentiments fluctuent. Se lier trop tôt, surtout chez le garçon qui n'atteint sa maturité que plus tard, n'est pas souhaitable. Devenu adulte, il risque de se trouver engagé avec une personne qu'il ne choisirait plus maintenant, ses idées et sa mentalité ayant passablement évolué. Aujourd'hui, la familiarité a un côté sympathique. Cependant, elle favorise des liaisons prématurées inévitablement suivies de fiançailles interminables et donc éprouvantes. il faut se persuader que le premier coup de foudre est rarement le bon.

 

2. Croyez-vous qu'un jeune de 14-16 ans est apte à assumer des responsabilités de chef de famille? Sans gagne-pain à cet âge, les jeunes époux seront forcément à la charge des parents. Est-il sage et juste d'obliger papa et maman à payer le loyer, à répondre aux besoins du foyer, à se charger des enfants s'il y en a, la jeune épouse étant bien sûr sans expérience? La réponse saute aux yeux.

 

3. Et puis, doit-on se marier seulement pour satisfaire des besoins sexuels, pour échapper à une lutte qui, j'en conviens, est rude parfois, surtout lorsqu'on se «fréquente»? Sans doute avez-vous raison de dire qu'après la puberté «le corps demande l'expérience sexuelle» mais est-ce un mal que d'apprendre à dominer ce corps et ses instincts? Dans la vie du couple, la maîtrise de soi n'est pas de trop. Des confidences d'épouses excédées par un mari jouisseur et insatiable, qui exige sans égard des relations quasi-quotidiennes, sourd aux plaintes d'un conjoint fatigué et peu disposé à se donner, me confirme l'impérieuse nécessité d'acquérir ce fruit de l'esprit qu'est «la tempérance» ou la maîtrise de soi. Une jeune fille qui verrait son fiancé insister pour obtenir des relations sexuelles avant le temps devrait les lui refuser et tenir bon, ne serait-ce que pour obtenir l'assurance que son futur conjoint sera capable de se dominer.

 

Enfin, des adolescents qui ne peuvent attendre donnent la preuve qu'ils ne sont pas au point spirituellement. Or, et pour que le foyer soit une réussite, il importe que les époux soient solidement attachés à leur Seigneur. Ce dernier point mériterait un long développement mais je pense que vous être d'accord avec moi.

André Adoul

AVENEMENT Janvier 1992 No 37 / P 28

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