Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Embellie avec ma belle-mère

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Ma femme et moi sommes jeunes mariés et heureux sur le plan spirituel. Mais j'ai une belle-mère «envahissante». Ma femme est fille unique; elle aussi essaie de résister, mais c'est difficile car nous vivons dans des villes proches. Jusqu'où doit aller notre indulgence chrétienne?

 

Il est difficile pour des jeunes mariés de quitter père et mère sans ressentir, au début, un sentiment de culpabilité à leur égard, comme s'ils les abandonnaient. Il est encore plus difficile pour les parents de laisser leurs enfants, à plus forte raison s'il est unique, se «débrouiller» seuls et faire leurs propres expériences conjugales.' Les belles-mères les plus envahissantes sont souvent celles qui attendaient trop de leur propre vie de couple et en ont été déçues. Ce sont aussi celles qui, au détriment du mari, ont tout axé sur leurs enfants, oubliant qu'un jour ceux-ci doivent quitter la maison: ces femmes se retrouvent alors en face d'un conjoint devenu étranger. Grande est alors la tentation d'investir le couple des enfants pour revivre, par procuration, quelque chose qui n'a pas été vécu ou mal vécu, ou encore pour faire éviter des erreurs passées.

Peu à peu la belle-mère s'introduit entre les conjoints, influence, conseille, rend service, se rend indispensable en faisant tout «pour le bien de ces jeunes». Insidieusement, les époux redeviennent des enfants qui attendent les directives de leurs parents. Ils se retrouvent souvent en situation de frère et soeur et non plus en vis-à-vis, comme des conjoints, ce qui risque de détériorer leurs relations intimes et de générer un climat de rivalité. Face à ce problème, un couple amoureux ne se laisse pas diviser mais fait face, à deux: uni, il veut préserver son intimité et son espace de vie en exprimant de façon claire à la belle-mère qu'elle ne peut gérer leur vie personnelle. L'indulgence dont vous parlez, c'est manifester de la compréhension et pardonner, et ce n'est pas une faiblesse qui vous oblige à subir les directives. Etre indulgent est au contraire une force pour encourager ceux qui en sont l'objet à progresser. Il serait ainsi souhaitable, pour mettre en valeur son désir de rendre service et d'être utile, d'orienter votre belle-mère vers des activités caritatives: nombres d'associations ont besoin de bénévoles! Dans Proverbes 25, 17, il est écrit: «mets rarement le pied dans la maison de ton prochain de peur qu'il ne soit rassasié de toi et qu'il ne te haïsse». Entre le «trop» et le «rarement», il y a une moyenne à trouver de manière à ce que l'amour du prochain, impliquant le respect de sa personne, soit pratiqué.

C'est à vous, d'un commun accord, à décider du rythme des visites ou des coups de téléphone ou des conseils à demander, etc. Sous une apparence altruiste, le comportement de votre belle-mère me semble un peu égoïste: la motivation de son comportement n'est pas seulement l'amour maternel qui donne et se donne; on peut aussi y voir la tentative de créer une dépendance et une dette active à son égard, même si c'est inconscient, afin de s'assurer une raison de vivre pour elle-même. Essayez de lui faire comprendre qu'elle a été mariée, qu'elle a eu des enfants et que maintenant, c'est à votre tour de faire ces expériences et de construire ensemble une vie de couple harmonieuse. «Que l'homme (ou la belle-mère!) ne sépare pas ce que Dieu a uni» (Matt. 19,6). Une belle-mère peut aussi se redresser, avec douceur, surtout si les deux époux agissent d'un commun accord. Votre seule responsabilité envers elle, c'est de l'assurer de votre aide et de votre soutien en cas de besoin, et, bien sûr, de votre amour, parce qu'elle est la mère de celle que vous aimez: elle lui a donné la vie, l'a élevée en faisant d'elle la personne que vous avez choisie pour partager votre vie.

Dominique Dirrenberger

AVENEMENT Septembre 1993 No 63 / P 28

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