Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Comment préserver sa vie conjugale et familiale, lorsque le stress de la vie actuelle et les différentes activités sont si importants ?

***

Qu'il est difficile de trouver un équilibre entre le temps réservé au travail de chacun et celui à consacrer à sa famille. Lorsque les heures actives grignotent et consomment les heures de «re-création» familiale, des conflits peuvent apparaître.

 

Ce constat est valable aussi bien pour la femme dont le mari rentre à des heures « impossibles » que pour le mari dont la femme continue ses activités lorsqu'il rentre à la maison. Que le travail soit rémunéré ou non, plus on est « occupé », « débordé », « pressé » et plus on entre dans le schéma de notre société actuelle, schéma de valorisation sociale par l'activité (même si elle est stérile), par un emploi du temps chargé. Le temps consacré au travail devient alors un rival dangereux, qui nous prend quelque chose, qui nous prive... d'une vie privée.

Pour légitimer ce manque de temps à réserver à sa famille, à sa femme ou à son mari, l'intérêt de chacun est mis en avant, alors que justement chacun en pâti. On se trompe soi-même quand on ne veut pas reconnaître que le but de notre investissement professionnel est la satisfaction personnelle mais souvent aussi l'occasion de fuir les désagréments familiaux, certaines contraintes qui dérangent notre confort égoïste.

La question est de s'organiser pour que ce point de rencontre qu'est la famille reste un espace privilégié et prioritaire et que chacun s'efforce d'être présent en même temps au moment des temps forts : essentiellement pour les repas. Ces temps forts servent à rétablir l'unité de la famille.

Le travail représente un cadre de vie et un lieu séparés, un « ailleurs » qui entame l'unité du couple. Il implique une autonomie par rapport au conjoint, une relation avec d'autres personnes nécessitant de gérer différemment ses affections à leur égard (sympathie, antipathie, complicité, etc.). Tout ceci peut créer un malaise si les conjoints n'en parlent pas entre eux.

Or, lorsqu'une personne est trop sollicitée par son travail, elle n'est plus disponible pour les siens. Il y a d'abord l'absence physique : on ne peut plus compter sur elle en cas de besoin, elle ne respecte plus les horaires familiaux... Ensuite, l'absence de dialogue : préoccupée par les soucis du travail, elle devient sourde aux tentatives de communication de son conjoint (moments importants ou graves de la journée). Enfin l'absence de communion: fatigue, problèmes sans cesse répétés et retour des mêmes soucis rendent les relations intimes difficiles ou même inexistantes. Il y a alors perte d'une bonne image de soi. On se sent insuffisant, dévalorisé, inutile, prisonnier, hors course, exclu. Il est alors temps de se recréer, d'organiser des moments de détente comme de loisirs qui ne soient pas des temps morts mais des moments où l'on fait autre chose, autrement et à un autre rythme, avec ceux que l'on aime.

 

Il est donc nécessaire de partager les moments d'activité professionnelle ou autre, de les réincorporer au sein du couple par la parole. C'est-à-dire raconter ce qui s'est passé, comment on a vécu les événements de la journée afin qu'ils soient perçus comme des expériences valorisantes et bénéfiques pour le couple.

Le dialogue permet en effet une gratification mutuelle par la reconnaissance de la valeur du travail de chacun, l'acceptation d'une certaine autonomie de chaque conjoint et aussi une simple tolérance devant un état de fait: la nécessité de travailler, à laquelle on ne peut échapper.

Ce n'est pas la quantité de temps accordé à la famille qui compte, mais la qualité de ces instants, ce qu'on y met et la manière dont on les gère. « Il y a un temps pour toutes choses » nous dit l'Ecclésiaste.

Dominique Dirrenberger Auteur du livre « Vivre en paix»

AVENEMENT Mars 1995 No 81 / P 28

© L'Avènement - Tous droits réservés pour tous pays