Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Crise d'ados

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Que d'incompréhensions devant cette période de maturation. Les parents et l'adolescent restent parfois frustrés, n'évoluant pas dans les mêmes schémas de réflexion. Pourtant, quelques bases simples peuvent aider à éclairer, ou débloquer des situations délicates.

 

Les premiers éducateurs resteront le père et la mère. Bien souvent, ce rôle est dévolu aux enseignants et aux autres. Cette injustice provoque parfois des conséquences insoupçonnées.

La Bible parle des enfants et du rôle que nous avons à leur égard. Eph. 6, 1-4, nous brosse là un tableau intéressant. Cette parole biblique ne peut se réaliser qu'avec le puissant soutien de Dieu. Son aide quotidienne sera le moteur de notre attitude devant la problématique de l'adolescence.

La puberté marque le début de l'adolescence. C'est la recherche du statut stable d'adulte. De nombreux spécialistes estiment que cette période se poursuit parfois au-delà de la majorité. L'ado cherche à s'autonomiser par rapport à ses parents, il doit s'affirmer, les mettre à distance. Sa quête d'identification aboutira en principe à un point de stabilisation. C'est l'émergence d'un «Je» par rapport à un «Nous». Il veut trouver son «Je» qui représente son identité, en se détachant progressivement de la personnalité «Nous» familiale, sociale, qui l'a géré jusqu'ici.

Le corps de l'adolescent peut présenter aussi pour lui un problème. Il est parfois en conflit avec ce corps qui ne correspond pas à son fantasme et qui est malgré tout, tributaire de cette génétique familiale. Il cherche à individualiser son aspect. Dans ce temps où il subit sa puberté, il ne peut ni la maîtriser, ni la repousser, ce qui engendre souffrance et repli sur soi. Il devient mystérieux, s'isole. Le processus «d'adultisation» s'opère dans une grande complexité où les parents ne comprennent plus l'attitude de l'enfant. Une des difficultés que rencontre l'adolescent consiste à se situer dans sa famille et la société en général. Il retire progressivement les «était» que représentent les parents : Là, la crise se passe parfois du côté de ceux-ci, qui empêchent, par amour possessif, égoïsme ou autre autoritarisme, l'envol de l'oisillon du nid. Elle risque alors de s'accentuer, car ce refus des parents de laisser L'ado mûrir, a pour conséquence de prolonger cette adolescence au delà de la normalité. Durant cette période, les parents sauront se retirer en qualité «d'était», afin de favoriser leur marche individuelle vers une autonomie mature.

L'adolescent souhaite s'éloigner de ses parents, et pourtant il a encore besoin d'eux. Ce passage de fragilisation demande aux parents un profond discernement, où l'amour gratuit constitue l'essence même des démarches. Aimer son enfant, c'est lui donner ce dont il a besoin et non ce qu'il demande, au risque d'être rejeté. La vie s'agite fréquemment autour de nos enfants en recherche d'équilibre, de balises. Le mal semble souvent triompher sur le bien, les repères s'estompent, les valeurs morales s'écroulent, il est interdit d'interdire! Pas facile d'être adolescent aujourd'hui, pas facile d'éviter les fossés, les précipices. Que de sollicitations pour un plaisir immédiat, que de leurres tournoient devant leurs grands yeux écarquillés, parfois éblouis au point de ne plus discerner le bien du mal, le vrai du faux. La qualité de notre foyer doit pouvoir représenter une valeur tangible où il saura toujours revenir, même après les crises les plus profondes, pour y trouver sécurité, amour et compassion.

Christian Verdier

AVENEMENT Mai 1994 No 71 / P 13

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