Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Blocage sexuel

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Mariés depuis plusieurs années, chrétiens engagés tous les deux, nous nous aimons beaucoup, ma femme et moi. Cependant, sans doute à cause de notions héritées de parents à la piété austère, mon épouse voit le mal dans tout ce qui touche au sexe, aussi n'avons-nous quasiment jamais de relations intimes. J'en souffre; je le lui dis mais elle ne comprend pas mes luttes. Pouvez-vous nous aider sur ce point délicat de la vie conjugale?

 

Vous faites bien de me parler librement de votre problème, imitant en cela les chrétiens de Corinthe qui s'étaient adressés à l'apôtre pour être éclairés sur cette question trop longtemps jugée tabou.

Je suis heureux de constater que votre épreuve - car c'en est une pour un conjoint - n'a pas altéré votre affection pour votre épouse. Puisque vous êtes chrétiens tous les deux, relisez ensemble le chapitre 7 des Corinthiens; Paul vous donnera la réponse que vous attendez.

Si les époux devaient vivre comme frère et soeur, seulement unis par un amour platonique, le mariage deviendrait une rude épreuve et l'instinct sexuel une douloureuse écharde placée dans l'homme par un Dieu tracassier qui Se plairait à voir Ses créatures brûler d'un désir qu'ils n'ont pas le droit d'assouvir. Il n'en est rien. Les relations intimes - Dieu le sait - apaisent les époux et vivifient l'union conjugale. Aussi, quiconque renoncerait à ces relations, même pour les motifs les plus spirituels, ne penserait qu'à lui-même et serait en tout cas en contradiction avec l'Ecriture (1 Cor. 7, 5). Il pratiquerait l'ascétisme aux dépens de son conjoint qui resterait malheureux, insatisfait aux côtés d'un être qui plane.

D'ailleurs, l'apôtre ne dit même pas que ces relations doivent être exceptionnelles puisqu'il précise dans le même chapitre: «ne vous privez pas l'un de l'autre» (v. 5). C'est «d'un commun accord» et «pour un temps» seulement que les époux prennent la décision de s'abstenir (ils en parlent donc entre eux), soit «pour vaquer à la prière» (v. 5), soit pour répondre aux désirs d'un conjoint éprouvé ou peu disposé (1 Pi. 3, 7). La maîtrise de soi doit jouer entre époux.

Le mariage est (ou devrait être) une école d'altruisme où chacun s'emploie à faire le bonheur de l'autre. La satisfaction sexuelle est un cadeau que chaque époux, attentif au bonheur de l'autre, se plaît à offrir à son conjoint; c'est un témoignage d'amour et cet amour est un «dû» (v. 3). ne pas «se donner» sans motif valable est une faute, un manque d'affection à l'égard de l'autre.

Que vous dire? Vous conviendrez avec moi que l'amour sans amour est un échec, c'est pourquoi il faut refuser que les relations intimes se déroulent dans un climat de tension, d'irritation ou d'amers reproches. Vous qui êtes éprouvé, prêtez une oreille attentive aux réticences de votre épouse. Ne les rejetez pas en l'accablant de «Tu ne me comprends pas, mets-toi à ma place ... ». Non! Demandez à Dieu patience et égard. Acceptez votre épouse telle qu'elle est et priez pour elle. Ne provoquez pas des relations bâclées qu'elle devrait subir et qui la décevraient certainement. Dans le couple, le tempérament le plus ardent devrait toujours se régler sur le conjoint le moins disposé, les deux voulant arriver ensemble à l'acte d'amour.

Comblez votre épouse et elle ne manquera pas de vous combler en retour. Le chrétien fait de cet acte un geste d'heureuse communion; et il est d'autant plus beau et béni qu'il est vécu devant le Seigneur, chaque époux bénissant l'autre dans son coeur. Paul disait vrai lorsqu'il écrivait: «celui qui aime sa femme, s'aime lui-même» (Eph.. 5, 28). Parlez de ces choses à votre compagne, avec affection et surtout sans moraliser; ou, mieux encore, penchez-vous ensemble sur ces lignes.

En tout cas, sachez que Dieu souhaite votre bonheur et l'épanouissement de votre vie conjugale. Soyez donc assuré qu'Il répondra à votre attente

André Adoul

AVENEMENT Septembre 1991 No 30 / P 24

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