Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Une algue sur fond de mystère 1993

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- Sa prolifération en Méditerrannée inquiète les chercheurs

«Caulerpa taxifolia» est une algue des mers chaudes connue pour sa redoutable capacité de développement dans les lagons d'Australie, de Madagascar et du Brésil. Son caractère prolifique découle du double mode de reproduction (Fun végétatif, l'autre sexué) qui lui assure une densité étonnante: 240 mètres de «tiges rampantes» et 8 000 feuilles par mètre carré!

 

Cette espèce prolifique n'a pas d'«opposant» réel et ses prédateurs sont rares. Très dense, elle obscurcit le fond, privant de lumière les autres végétaux qui le tapissent. Elle finit donc par les supplanter et par occuper, seule, la place. Plus grave, les Caulerpes sécréteraient à forte dose des substances toxiques éloignant la faune. En Méditerranée, les rares poissons et mollusques qui se hasardent à les brouter deviennent impropres à la consommation et pourraient même, selon le professeur marseillais Bourdouresque, se révéler dangereux pour les humains qui les consomment.

Dès 1989, une prolifération de Caulerpa taxifolia avait été décelée sous le rocher de Monaco, à l'aplomb du célèbre Musée océanographique. Mais on imaginait que les températures hivernales de la Méditerranée, considérée comme «mer froide» avec des minima de 12' dans cette zone, ne laisserait aucune chance à l'algue de proliférer. La découverte des deux plongeurs sonna l'alarme. «L'algue tueuse» s'étend déjà entre Gênes et Toulon, couvrant 40 hectares de littoral, poussant des pointes jusqu'à 50 mètres de profondeur. L'extension paraît se faire d'Est en Ouest, selon le courant Ligure.

L'origine exacte de cette invasion, ses conséquences et les moyens d'y remédier divisent les scientifiques les plus compétents.

Les uns accusent le Musée océanographique de Monaco qui, encore récemment, était alimenté en eau de mer par circuit ouvert: certains aquariums, où étaient cultivées des Caulerpes décoratives, auraient transmis l'algue dans le domaine marin lors de rejets non filtrés. Pour le Directeur de l'établissement, le professeur Doumengue, cette hypothèse est trop simpliste: il la rejette en pensant que la plante aurait migré de façon naturelle, de la Mer rouge, via le Canal de Suez, et aurait trouvé un lieu propice à son développement dans les eaux chaudes de la station d'épuration monégasque. Le professeur Doumengue estime même bienfaisante cette prolifération de l'algue car elle est de nature à repeupler l'espace sous-marin désertifié en raison de la pollution.

D'autres pensent que la Caulerpe aurait traversé l'Atlantique, accrochée à la coque d'un bateau qui l'aurait arrachée quelque par, aux Antilles par exemple.

Autre éventualité évoquée: le réveil d'une espèce dormante par le réchauffement du climat (donc des mers) et par la pollution des eaux dans lesquelles la teneur élevée en phosphates et en nitrates constitue un facteur «activant».

Pour le professeur Meinesz, du Laboratoire d'environnement marin du littoral, à Nice, la situation est sérieuse. La prolifération des Caulerpes risque, selon lui, de modifier profondément le fragile équilibre écologique méditerranéen et, de ce fait, d'avoir des conséquences graves et imprévisibles. Pour sa part, l'IFREMER (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) reste prudent. Il fait remarquer que d'autres irruptions d'algues étrangères ont eu lieu dans nos mers et que, à chaque fois, au fil du temps, les choses étaient naturellement rentrées dans l'ordre. L'organisme n'en conclut pas moins que le cas des Caulerpes mérite d'être pris au sérieux...

C'est bien le cas! Depuis le 23 janvier 1991, un groupe de travail spécialisé étudie la question.

Il rassemble les données permettant d'évaluer, de façon incontestable, le degré éventuel de nuisance présenté par cette invasion. Deux sortes d'évolutions sont envisagées. Dans le cas favorable, un prédateur interviendrait de façon naturelle, arrêterait l'expansion des Caulerpes, la réduirait et amènerait le retour à l'équilibre. Assez récemment, un processus analogue a «nettoyé» l'Atlantique d'une algue nuisible, également envahissante (Sargassurn muticum) transplantée par l'intermédiaire d'huîtres japonaises. Dans le pire cas, l'invasion s'accélérant et touchant tout le Bassin méditerranéen, diverses interventions humaines seraient projetées: introduction risquée d'un prédateur ou d'un compétiteur, arrachage manuel, aspiration mécanique, destruction chimique ou thermique. quelle que soit la manière, chasser l'intruse serait aussi aléatoire que coûteux. Le docteur Henocque, de l'IFREMER, estime l'éradication quasiment impossible s'agissant d'une espèce aussi vivace. Tout au plus, estime-t-il, pourra-t-on chasser Caulerpa taxifolia de certains points sensibles!

La Côte d'Azur n'est, hélas, pas la seule zone littorale à subir les assauts d'algues nuisibles. La Bretagne et la Scandinavie ont les leurs. En 1978, la Scandinavie a connu, sur 30km de côtes, une «marée rouge» d'origine similaire. En février, le bassin de Marennes-Oléron, en bordure de l'Atlantique, victime d'une pollution phytoplanctonique toxique, se voyait interdire par l'IFREMER, de commercialiser ses huîtres et ses moules devenues impropres à la consommation.

Ces phénomènes sont hautement significatifs. Egoïste et pressé, l'homme saccage les ressources de la planète, oublie son Créateur, méprise les lois divines de gestion qui assuraient le bonheur ici-bas. Des ronces et des épines ont infesté la végétation après le péché originel (Genèse 3, 18). Elles aussi demeurent vivaces: les agriculteurs en savent quelque chose! Aux temps apocalyptiques, c'est le domaine marin qui se trouve profondément atteint par les conséquences du péché. A la seconde trompette, le tiers «devient du sang» (donc rouge) et toutes les créatures qui y vivent périssent (Ap. 8, 8 et 9). Plus tard, à la seconde coupe de la colère de Dieu, c'est l'ensemble des mers qui connaît le même sort tragique (Ap. 16, 3). Dans son aveuglement, l'homme d'aujourd'hui commence-t-il lui-même à verser le poison? Parce qu'il s'abandonne au mal et ignore la repentance, la bénédiction de l'Eternel se retire et les toxicités de la mer, pour l'instant limitées, en sont des signes d'avertissement.

Henri Gras

AVENEMENT Avril 1993 No 58 / P 24

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