Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Mauvais courant d'Est 1993

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Staline avait beau jeu de proclamer «l'homme, capital le plus précieux»... C'est au mépris total des populations que le Kremlin rouge s'est forgé son arsenal de la terreur. Ainsi, en septembre 1954, 40 000 soldats soviétiques furent soumis volontairement à l'explosion expérimentale d'une Bombe A. Aujourd'hui, 1000 d'entr'eux, seulement, survivent. Plus de 100 expériences nucléaires de surface ont rendu inhabitables, au moins pour plusieurs siècles, de vastes régions, notamment en Sibérie. Des dizaines de milliers de prisonniers ont travaillé sans protection dans les mines d'uranium.

 

Les déchets radioactifs ont été immergés de façon anarchique dans des fleuves et des lacs, à l'insu des pêcheurs, des baigneurs, et même des consommateurs d'eau «potable»! Sous-marins nucléaires, réacteurs et nombreux containers de résidus à haut rayonnement gisent au fond des mers arctiques. De tels déversements mortels, étaient encore signalés en août 1991, au large de Mourmansk, dans la mer de Kara. Repérée en avril 1989, l'épave du sous-marin Komsomolets, coulé en mer de Norvège avec 42 hommes à bord, présentait d'importantes fuites de Césium 137. On craint aussi que, bientôt, du plutonium ne s'en échappe. A terme, les courants marins pourraient aller contaminer les côtes orientales de l'Angleterre et du Canada! Par précaution, les bateaux de croisière évitent, désormais, de s'aventurer dans l'océan Arctique.

Aujourd'hui des populations entières subissent de graves troubles de santé: leucémies, cancers, déficiences nerveuses, etc. Le cas des «enfants jaunes» de l'Altaï (sud de la Sibérie occidentale) en est l'un des affreux exemples: premiers «mutants nucléaires», ils présentent, dès la naissance, la «jaunisse des nourrissons». Même si les soins médicaux rendent à leur épiderme leur coloration normale, le système nerveux et divers organes trahissent de profondes anomalies congénitales. La croissance n'arrache pas ces enfants à un étrange mutisme et à un comportement puéril. Selon le professeur Shoiklet, de l'institut médical de l'Altaï, les expériences nucléaires de Semipalatinsk, à 450 km de Moscou, sont probablement responsables de ces affections; et il conclut: «il est prouvé que l'exposition à des radiations se traduit par des modifications chromosomiques; Dieu seul sait ce que nous réserve la quatrième génération! ».

A ce lourd passé, s'ajoute un présent non moins redoutable. L'explosion du groupe 4 de Tchernobyl, en 1986, aurait déjà exposé 20 millions de Soviétiques à une radioactivité dangereuse. On observe d'ailleurs, dans les régions contaminées, de monstrueuses mutations animales et végétales sur lesquelles on reste peu prolixe en Ukraine. Or, le sarcophage de béton qui «enferme le diable» (!) se fissure, laissant échapper des bouffées de gaz mortel... Le 6 avril dernier, un autre accident gravissime s'est produit dans l'usine atomique de Tomsk 7: l'explosion d'une cuve de stockage de solution d'uranium, de plutonium et d'autres produits de fission. Enquêtant sur place, l'Agence internationale de l'énergie atomique a constaté que l'on fabriquait, là, encore, des matières premières pour armes atomiques, fournitures prohibées mais précieuses pour l'exportation illégale vers des pays avides de posséder le feu nucléaire.

Nul n'ignore, par ailleurs le risque majeur que font peser sur le monde les centrales nucléaires obsolètes, vétustes et surtout déficientes tant pour les systèmes de contrôle que pour la qualité du personnel. Vaille que vaille, ces centrales fournissent l'essentiel de l'énergie en Europe de l'Est. Une quinzaine, au moins, de ces réacteurs peuvent s'emballer d'un jour à l'autre. Ils constituent autant de «bombes» potentielles. Le plus dangereux de Bulgarie, Kosloduy, a fait récemment l'objet de mesures appropriées, coûteuses mais efficaces, grâce au soutien de spécialistes occidentaux. Mais ce n'est qu'une heureuse exception. Les centrales de Russie, d'Ukraine, de Lettonie, de Hongrie et de la République tchèque exigeraient des investissements semblables pour assurer leur conformité mais la crise économique freine le zèle de l'Occident pour faire face à de telles dépenses. D'autant qu'aux hésitations administratives de la Communauté européenne, s'ajoute la pression des écologistes, puissants en Allemagne et aux Pays-Bas, demandant l'arrêt pur et simple de ces centrales et leur reconversion au gaz. Retenons aussi que la Russie détiendrait 1 200 tonnes d'uranium enrichi et de plutonium et que des zones urbaines comme celles de Moscou et de St-Petersbourg abritent des décharges nucléaires clandestines. Et puis... il y a tout ce que l'on ignore!

Tout cela porte à la réflexion. L'étendue des dégâts que nous venons d'évoquer à une dimension planétaire et la durée de leurs conséquences dépasse l'imagination. Le domaine réservé du Créateur n'a-t-il pas été violé? Ne vivons-nous pas les prémices des temps apocalyptiques au cours desquels le tiers de la terre, des mers, des fleuves et des sources d'eau sont atteints? Ces eaux changées en absinthe, version prophétique de Tchernobyl . . . (Apocalypse 8). L'impact de l'action destructrice de l'homme ne doit toutefois pas nous voiler l'espérance de l'action réparatrice de Dieu: «La création a été soumise à la vanité, non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise - avec l'espérance qu'elle aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour avoir part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Or nous savons que, jusqu'à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l'enfantement» écrit l'apôtre Paul aux Romains (8, 20-23).

Henri Gras

AVENEMENT Juillet 1993 No 61 / P 14

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