Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

La femme et la maternité

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Ménopause et grossesse: ce sont deux mots par définition opposés et inconciliables puisque la ménopause se définit précisément par la cessation de l'activité ovarienne et par l'impossibilité d'une ovulation, donc d'une fécondation et d'une grossesse.

 

Comment est-il devenu possible aujourd'hui, grâce aux «miracles» de la science, de réaliser une fécondation et de mener une grossesse jusqu'à son terme chez une femme ménopausée?

Une petite fille naît avec un capital d'ovocytes bien déterminé et non renouvelable dans ses ovaires, et ses cellules vont commencer à mûrir une à une à partir de la puberté pour devenir des ovules fécondables au milieu de chaque cycle menstruel. Juste avant chaque ovulation, l'un des ovocytes devient un ovule entouré d'une petite poche de liquide appelée follicule et que l'on peut repérer en échographie. Tout au long de la vie génitale d'une femme, entre ses premières règles et la ménopause, se produisent environ 500 ovulations qui se terminent après la disparition des derniers ovocytes. Après quoi arrive la fin des règles accompagnée des différents troubles bien connus de la ménopause.

Une grossesse chez une femme ménopausée suppose un don d'ovocyte par une femme plus jeune. Cet ovocyte est prélevé au cours d'une ponction de l'ovaire puis l'ovule est mis dans une éprouvette au contact du sperme du mari (car un homme peut encore avoir des spermatozoïdes jusqu'à un âge avancé) ou du sperme du donneur.

L'oeuf fécondé est ensuite injecté dans la cavité utérine de la femme qui devient ainsi une mère «porteuse», mais avec l'intention de garder l'enfant pour elle. L'utérus de cette femme a été préparé avec un traitement hormonal pour qu'il puisse garder la grossesse car la ménopause entraîne une atrophie des organes féminins. Un traitement et une surveillance étroite accompagnent cette grossesse fragile et dangereuse jusqu'à son terme.

La première grossesse obtenue par don d'ovocyte a été réalisée en 1984 par l'équipe Lutjen chez une jeune femme de 25 ans atteinte de ménopause très précoce. En 1993, Sauer a publié les résultats chez 14 femmes de plus de 50 ans ayant reçu des ovocytes de femmes jeunes (28 ans en moyenne, rémunérées 2000 dollars par ponction) et ayant obtenu 8 grossesses. Ces premiers travaux n'ont pas soulevé le même tapage médiatique que ceux de Severino Antinori à Rome: il a permis de rendre enceintes des femmes de plus de 60 ans dont Rosanna Della Corte, 63 ans, qui attend des jumeaux!

La polémique est lancée: Elisabeth Badinter et le Professeur Schwartzenberg sont plutôt pour la liberté des femmes ménopausées à bénéficier de la procréation médicalement assistée, alors que le ministre français de la Santé, Philippe DousteBlazy, le Pr Mattei et de nombreux spécialistes y sont opposés soit à cause des risques que ces grossesses tardives font peser sur la santé de la mère, soit à cause des problèmes que rencontreront les enfants issus de ces grossesses en raison du grand âge de leurs parents.

Dr Jean-Igor Wolga

AVENEMENT Mars 1994 No 69 / P 14

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