Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Biologie et lois 1994

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Il y a 3 logiques que nous mettons souvent en application et qui s'opposent à une logique fondamentale.

 

La première des logiques est celle qui s'appuie sur la volonté: «puisque je veux, j'ai le droit; puisque je veux avoir un enfant à tout prix, bien que j'ai des difficultés à en avoir, je dois en avoir un, quelles que soient les techniques utilisées». Et en corollaire: «puisque je ne veux pas avoir d'enfant, j'ai le droit d'avorter».

La deuxième logique est plus pernicieuse, plus difficile à exprimer. Elle s'appuie sur la générosité: «puisque je fais plaisir, mon acte est bon; puisque je fais plaisir, je vais donner mon sperme à un couple qui ne peut pas avoir d'enfant sans assumer la responsabilité de la paternité et puisque je fais plaisir, je me donne le droit de supprimer la souffrance à la fin de la vie de ce mourant qui souffre».

La troisième logique est une logique qui, dans notre fin de siècle, est difficile à combattre: c'est celle de la science qui, par nature, serait toujours bonne, ce qui induit son pouvoir (puisqu'on peut le faire).

 

Ces trois logiques s'opposent à une logique fondamentale que les législateurs ont l'obligation impérieuse de ne jamais oublier. Mais cela est vrai aussi pour les médecins et pour tous les citoyens. C'est la responsabilité dans le temps pour les actes qu'autorise l'une de ces trois autres logiques. Or, aujourd'hui, que savons-nous des conséquences d'être né d'un père ou d'une mère anonyme? Que sait-on, dans le temps, de la création d'un enfant dans une éprouvette? Que fait-on, dans le temps, de ces trous dans la généalogie qui font que, petit à petit, l'humanité oubliera ses repères? Le «trou généalogique», c'est envisager ce qui se passera lorsqu'au bout d'une ou deux générations, une majorité d'êtres humains sera issue de techniques qui les auront créés artificiellement, qui ne sauront pas d'où ils viennent puisque le grand principe fondamental établi en 1992 pour le don de sperme ou d'ovules est l'anonymat. Celui-ci donnera des enfants qui n'auront plus de repères et, au bout d'une ou deux générations, nous aurons une société qui deviendra folle. Cela peut paraître excessif, mais tous les psychiatres qui travaillent sur ces problèmes, disent clairement que, contrairement à ce que nous pensons, ces techniques artificielles toucheront moins notre façon de nous reproduire que notre façon de penser. Nous savons tous, dans notre coeur, que nous avons besoin de nos origines et que nous les recherchons. Si la loi sociale institutionnalise la possibilité de retrouver ses origines, il est certain que nous construirons une société qui deviendra folle parce qu'avec ces trous de généalogie, il deviendra impossible de retrouver ses origines.

Le risque est tellement important qu'il n'est pas nécessaire d'être un scientifique pour en mesurer l'ampleur. Ce risque nous impose la vertu de prudence.

Nous pouvons être pris de vertige par rapport à ces développements de la science quant aux conséquences qu'ils peuvent entraîner. «L'eugénisme» y est forcément sous-jacent. L'eugénisme consiste à savoir si nous nous donnons le droit (ou si la Loi donne le pouvoir à certains hommes) de pouvoir intervenir sur d'autres. L'eugénisme consiste à savoir, en fait, si l'homme peut oublier la transcendance, l'effacer. Consiste à savoir si l'homme peut effacer Dieu.

Christine Boutin

AVENEMENT Mars 1994 No 69

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