Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

UN SOMBRE CHAPITRE DE L'HISTOIRE DE LA RUSSIE

Quelqu'un haïssant les Juifs comme saint?

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Reproduit ci-dessous un article légèrement abrégé tiré du journal The Jerusalem Post du 17 août 2000. Il y est révélé une sombre page de la vie du tsar russe Nicolas II, assassiné en 1918 par les bolchevistes. La béatification en août dernier du monarque et de sa famille, supprimée avec lui, prononcée par l'Eglise orthodoxe russe revêt le caractère d'un signe de l'antisémitisme se renforçant en Russie ces dernières années.


Iekaterinbourg, une ville industrielle de l'Oural comptant 1,4 million d'habitants, n'est vraiment pas un centre touristique; pourtant, il s'y trouve une curiosité qui exerce une force d'attraction magnétique sur les visiteurs de la Russie entière: la croix noire à l'endroit même où le dernier tsar et sa famille ont été mis à mort un certain jour d'été voici 82 ans. Sur base d'une réunion synodale épiscopale de l'Eglise orthodoxe russe prévue pour la mi-août pour prononcer la béatification de Nicolas II et de sa famille, cet endroit, qui se trouve à deux fuseaux horaires à l'est de Moscou et est aujourd'hui appelé «le Golgotha de Russie», pourrait rapidement devenir un lieu de pèlerinage célèbre. Les foules de pèlerins que l'on peut attendre honoreront alors un potentat sous le règne duquel des pogroms antijuifs ont eu lieu et qui a pris pour de l'argent comptant le fameux Protocole des Sages de Sion, jusqu'à ce qu'il réalise que la falsification était due à la plume de sa propre police secrète. Dans des lettres à sa mère, il utilisait des termes haineux quand il était question des juifs. Les visiteurs du lieu de son exécution remarqueront vite que l'antisémitisme primitif, qui était comme une flétrissure sur le gouvernement du nouveau saint, n'est pas mort.

Il y a également toutes les centaines de visiteurs qui, chaque jour, s'arrêtent là pour une simple pause-photos. Ceux qui s'intéressent davantage au sens plus profond» de l'événement survenu une nuit de juillet 1918, peuvent adresser leurs questions aux hommes qui attendent les touristes avec leurs feuilles d'informations et leurs souvenirs. La plupart d'entre eux sont des monarchistes; ils accusent les juifs du «meurtre rituel» perpétré sur la famille du tsar. Si on les écoute suffisamment longtemps, on apprend tout sur des «plans» des juifs hassidim pour ériger une synagogue dans un cimetière tout proche. Les juifs se proposeraient d'utiliser la cave de ce bâtiment pour des «rituels macabres», au cours desquels ils boivent le sang de chrétiens et mangent des enfants». Les hommes s'irritent, quand on leur demande si le dernier tsar est digne d'être appelé saint, à cause des traces de sang laissées pendant son règne de 1894 à 1917. Quelques-uns d'entre eux rejettent carrément les pogroms sanglants des années 1903 à 1906. Le groupe qui se réunit ici chaque jour n'est évidemment pas représentatif de la pensée des 80 millions de membres de l'Eglise orthodoxe russe, dont le clergé s'empresse toujours de condamner les actes de violence antisémites commis en Russie. Mais les monarchistes de Iekaterinbourg font fonction de facto de guides touristiques, et l'évêque de l'endroit tolère leurs affiches de propagande antijuive.

Selon une recommandation de la commission ecclésiastique chargée de l'examen de la béatification de la famille du tsar, les Romanov ne seraient pas déclarés saints pour leur conduite ou à cause de leur martyre, mais bien en raison de l'humilité dont ils ont fait preuve face à la mort. C'est précisément pour cela que l'on ne juge pas nécessaire de s'occuper des peu nombreux traits de caractère saints du dernier tsar. «Il haïssait les juifs» a affirmé Alexandre Lakschin, un historien juif de Moscou. «De par son éducation et sa pensée, il était de disposition antisémite.» Malgré la mise de côté de ce point, la canonisation est assombrie par la «question juive». En 1997, les instances ecclésiastiques les plus élevées ont suggéré un examen de l'assassinat du tsar par une commission officielle afin de se rendre compte si le meurtre était un élément d'un rituel juif. De semblables suppositions trottaient toujours tout à nouveau dans les têtes de la population russe. Mais, en 1998, la commission en vint à la conclusion que les meurtriers du tsar et de toute sa famille étaient non juifs dans leur majorité et que, dès lors, tout lien avec des rituels juifs était exclu. Le mythe du meurtre rituel n'est pas enterré pour autant. Un célèbre historien ecclésiastique de Moscou exprime ses doutes: «Pour la plupart des partisans de la canonisation, il y a un motif d'action juif. D'après eux, la famille du tsar est morte dans un martyre machiné par des Juifs, tout comme tant de premiers saints chrétiens.» Pinchas Goldschmidt, le grand rabbin de Moscou, est sceptique, lui aussi: «De simples membres de l'Eglise pourraient penser qu'un saint ne peut commettre aucune faute; et s'il a persécuté des juifs, son action devait nécessairement se justifier. »

Nouvelles d'Israël Septembre 2000

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