Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Récit de la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989

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Un moment passionnant
James Backer s'affole
Y aller ou pas ?
"Le volcan tonne aux cent cratères"
D'immenses colonnes humaines
La victoire de la Liberté

 


Par le général Vernon Walters, Ambassadeur des Etats-Unis en République Fédérale d'Allemagne de 1989 à 1991

Après avoir été directeur adjoint de la CIA, le général V. Walters a joué un rôle clé dans l'analyse américaine de la chute du Mur de Berlin. Alors Ambassadeur des Etats-Unis en RFA, il a incité le Président G. Bush à soutenir la réunification de l'Allemagne. Pendant ce temps, F. Mitterrand tentait de freiner le mouvement. Ce qui pèse encore en 2002 sur les relations franco-allemandes.

Pendant presque 50 ans, les Etats-Unis ont conservé 400 000 soldats en République Fédérale d'Allemagne. C'est pourquoi presque tous les officiers américains ont, à un moment ou un autre, séjourné une ou deux fois dans ce pays européen. Je suis parmi les rares officiers de carrière américain à n'avoir jamais servi en Allemagne, mais je parle assez couramment l'allemand.

Après avoir été Ambassadeur des Etats-Unis aux Nations unies (1985-1989) , le Président Georges Bush dont j'avais été l'adjoint chargé de l'informer de tous les secrets quand il était devenu précédemment directeur de la CIA, m'a demandé de servir d'Ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne Fédérale.

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Un moment passionnant

Voyant ce que le Secrétaire général d'Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, faisait en URSS et en Europe orientale, où Lech Walesa était déjà Premier ministre de Pologne et où la Tchécoslovaquie commençait déjà à glisser, j'étais convaincu que le retrait d'Afghanistan sans victoire annoncé par les Russes allait susciter une contagion de la liberté qui gagnerait les Allemands. La séparation entre l'Allemagne de l'Ouest et l'Allemagne de l'Est était anormale. Il m'a semblé que les Russes n'utiliseraient pas la force pour empêcher la réunification, bien qu'ils aient dix neuf divisions en RDA, soit bien plus que tous les Alliés réunis. J'ai accepté cette mission parce que cela me semblait un moment passionnant pour être en Allemagne.

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James Backer s'affole

Je suis devenu Ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne le 28 avril 1989. Lors de ma première conférence de presse, en avril 1989, un journaliste m'a demandé :"Que pensez-vous de la réunification allemande ?". "La réunification aura lieu durant mon service comme Ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne Fédérale", ai-je répondu. Le ministre des Affaires étrangères des Etats-Unis, James Backer, s'est affolé. Il a convoqué une conférence de presse durant laquelle il a déclaré : "Normalement, l'Ambassadeur Walters est bien informé, mais dans le cas présent, il parle pour lui-même et pas pour le département d'Etat." J'ai alors pris ma plume pour écrire ma lettre de démission au Président G. Bush mais avant que je puisse la finir j'ai reçu un télégramme du Président, dont j'avais été l'adjoint comme directeur adjoint de la CIA alors qu'il en était Président. Il m'écrivait : "Ne fais pas de folie. Tu as ma pleine confiance." Alors, j'ai décidé de rester, pour voir.

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Y aller ou pas ?

J'avais calculé que la Pologne partie, la Tchécoslovaquie était sur le point de se libérer et les manifestations allaient se multiplier en Allemagne orientale. J. Backer a fait, alors, la même erreur d'analyse que le Président français, François Mitterrand. Le Secrétaire d'Etat Américain me demande :"Les Allemands de l'Est m'ont invité. Que dois-je faire ? Y aller ou pas ?". "Monsieur le Ministre, dans quinze jours Monsieur Krenz ne sera plus rien, il n'y aura plus de gouvernement Est Allemand". "Tu as raison. Je n'y vais pas." A onze heures du soir, il me dit qu'il y va quand même. F. Mitterrand a fait la même erreur. Quinze jours plus tard, Monsieur E. Krenz était un ex-Secrétaire général du Parti.

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"Le volcan tonne aux cent cratères"

Une semaine avant l'effondrement du Mur de Berlin, j'ai déjeuné avec l'Ambassadeur soviétique, le 2 novembre 1989, à l'Ambassade soviétique de Berlin. "Vous voulez gagner ces gens, mais vous avez construit ce Mur qui sépare mari et femme, père et enfant ou frère et sours", lui ai-je dit. Il a répondu : "Ce Mur sert une fin utile et il sera encore là dans cent ans." "Monsieur l'Ambassadeur, si vraiment vous croyez cela, vous avez perdu le contact avec la réalité. Comme le dit le chant du Parti communiste, l'Internationale : "Le volcan tonne aux cent cratères, c'est l'éruption de la fin". Mais ce n'est pas la fin que vous attendez. Sept jours plus tard, le 9 novembre 1989, le Mur est tombé.

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D'immenses colonnes humaines

Ce jour là, j'étais à Bonn. J'ai reçu un coup de téléphone pour m'annoncer que les contrôles s'effondraient et que la foule passait d'Est en Ouest en de nombreux endroits. "Je vais à Berlin", ai-je dit. Mes collaborateurs m'ont dit : "Vous ne pouvez pas. Nous ne savons pas encore quelle sera la réaction des soviétiques mais s'il y en a une vous devez être auprès du gouvernement allemand qui est ici, à Bonn". "Bon, je reste, jusqu'à demain matin. Si à mon réveil il n'y a pas de mouvements de troupes soviétiques, j'irais à Berlin". Je suis allé à Berlin le 10 novembre 1989. J'ai pris un hélicoptère pour faire le tour de la ville et voir ces immenses colonnes de gens et de voitures qui se dirigeaient vers Berlin Ouest.

Deux jours plus tard, les autorités de l'Est ont ouvert le pont de Glinike, sur la route de Postdam. C'était un endroit émouvant pour moi, parce que nous y avons eu précédemment avec les Soviétiques plusieurs échanges d'espions qui avaient été pris par l'autre partie et j'ai revu à ce pont des gens que je n'espérais plus jamais revoir vivants. En 1989, il y avait là une foule énorme qui venait de Berlin Est pour voir Berlin Ouest. Le premier soir, ils avaient acheté ou on leur avait donné toutes les bananes et les ananas qu'il y avait à Berlin Ouest, parce qu'ils en avaient vu au cinéma mais n'en avait jamais goûté.

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La victoire de la Liberté

J'ai combattu l'armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale et j'ai été blessé dans les derniers dix jours, mais je vous avouerais que j'avais les larmes aux yeux ce soir là. Parce que la longue guerre qui a duré toute ma vie d'adulte s'est terminée par la victoire de la Liberté. J'étais sûr de la victoire, mais je ne pensais pas que cela viendrait de mon vivant.

Les manifestations à l'Est se sont multipliées. Effectivement, le volcan tonnait aux cent cratères, c'était l'éruption de la fin, mais ce n'était pas celle qu'attendait mon collègue soviétique.

J'ai toujours le principe de partir en beauté, c'est à dire pendant qu'on désire encore que reste. J'ai attendu encore une année la réunification officielle des deux Allemagne et puis j'ai démissionné.

Général Vernon Walters

NB: Le général V. Walters est décédé le 10 février 2002

Témoignage recueilli par Pierre Verluise en décembre 2000.

Copyright 20 août 2002-Verluise/www.diploweb.com

(Diploweb.com) ajouté le 23/8/2002

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