Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES ESSÉNIENS

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Quelle influence les Esséniens eurent-ils sur le reste du Judaïsme, sur Jean-Baptiste et sur le début du christianisme?

 

L'influence des Esséniens sur le judaïsme au temps de jésus est difficile à établir, d'autant plus que ce groupe n'est pas mentionné dans l'Ancien Testament. C'est en Luc 16, 1-13 seulement, la parabole de l'économe infidèle, que Jésus aurait pu penser à ces gens qui se qualifiaient eux-mêmes de fils ou enfants de la lumière. Il est écrit au verset 8: «Le maître loua l'économe infidèle de ce qu'il avait agi prudemment. Car les enfants de ce siècle sont plus prudents à l'égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière.» On sait que les Esséniens évitaient de trafiquer avec de l'argent, le «Mammon injuste», dans toute la mesure du possible. Ce mouvement, en tant que groupe fermé, avait, à l'époque du Seigneur, manifestement passé son point culminant; cependant, son influence spirituelle sur le peuple restait bien visible. Ils ne s'appuyaient pas sur le temple et les commandements, mais sur une vie de piété. Cette «troisième voie» semblait interpeller fortement les gens de ce temps-là. Ainsi s'explique le pouvoir d'attraction de Jean le baptiseur, quand, à son appel, les foules se rendaient au bord du Jourdain: «Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain, se rendaient auprès de lui, et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain» (Matth. 3, 5-6). Il pourrait y avoir une autre allusion aux Esséniens dans cette proposition: « ... qui attendaient le royaume de Dieu». Nous lisons dans l'Évangile selon Marc: « ... arriva Joseph d'Arimathée, conseiller de distinction, qui lui-même attendait aussi le royaume de Dieu. Il osa se rendre vers Pilate pour demander le corps de Jésus » (Marc 15, 43). Nous trouvons des expressions semblables en Luc 2, 25 au sujet de Siméon et en Luc 2, 38 concernant Anne. Marc 15, 43 indique également que de nombreuses personnes attendaient alors le royaume de Dieu.

Les Esséniens appartenaient manifestement à un groupe du judaïsme qui aspirait très fortement au Messie et, conséquemment, à l'installation de Son royaume. Dans cette attitude d'espoir, ils exerçaient une puissante influence sur le reste du peuple. Ils peuvent donc être considérés comme pionniers (cf. Es. 62, 10). Il n'est pas nettement établi que Jean-Baptiste était issu de ce milieu, mais il n'est pas possible de nier certains parallèles. Chez les exégètes bibliques, le mystérieux verset de Luc 1, 80 est, par contre, de plus en plus souvent interprété dans le sens que jean le baptiseur avait été élevé dans le désert par une communauté essénienne. Nous lisons: «Or, l'enfant croissait, et se fortifiait en esprit. Et il demeura dans les déserts jusqu'au jour où il se présenta devant Israël. » Par les rouleaux de Qumran, nous savons que les Esséniens accueillaient des enfants pour les former à une vie religieuse stricte. Cependant, le devenir de Jean-Baptiste n'est pas celui d'un Essénien, mais de quelqu'un appelé par Dieu, comme le prouvent sa merveilleuse naissance (Luc 1, 5-25; 57-80) et son ministère de baptême (Jean 1, 33).

Ces choses valent aussi pour jésus. Il ne se laissait pas enfermer dans des prescriptions et des idées humaines comme les Esséniens en présentaient, mais Il agissait en pleine obéissance à Sa mission divine et ne se sentait obligé que vis-à-vis de Son Père céleste et de Sa Parole.

Il en allait autrement, semble-t-il, avec la première église chrétienne à Jérusalem, où l'influence des Esséniens se constatait manifestement. Le fait que le lieu de rassemblement des apôtres se situait sur l'actuel mont Sion à proximité du quartier des Esséniens laisse apparaître une relation entre les deux groupes. Contrairement à la période d'avant la crucifixion, les apôtres se tenaient la nuit dans la ville après cet événement. Il n'est jamais fait mention d'un tel comportement auparavant. Qui étaient les gens qui les accueillaient favorablement? Là aussi, le quartier des Esséniens sur le mont Sion joua un rôle; en effet, le centre des événements concernant les apôtres se situa plus tard là. Il y eut également des liens familiaux. C'est ainsi que Marie, la mère de Jean-Marc et la soeur de Barnabas, possédait une grande maison sur le mont Sion (cf. Actes 12, 12 et Col. 4, 10).

En même temps que le transfert des apôtres de la Galilée à Jérusalem et leur établissement sur le mont Sion, il y eut un changement frappant dans la structure de la communauté. Après la descente de l'Esprit Saint sur eux le jour de la Pentecôte, quelque 3000 personnes crurent et s'ajoutèrent aux 120 qui étaient venus à la foi suite à la puissante prédication de Pierre. Il n'avait jamais été question auparavant de cette forme spéciale de vie en commun, et le Nouveau Testament n'en fait mention qu'en rapport avec l'assemblée à Jérusalem. Les croyants se réunissaient chaque jour pour la prière et la fraction du pain; ils partageaient aussi leurs biens (voir Actes 2, 41-47). Il est manifeste que ces gens apportaient leurs habitudes typiquement esséniennes. C'est ainsi que les réunions de prières régulières et les repas, qu'il ne faut pas confondre avec la cène, sont parmi les marques les plus importantes des Esséniens. Et le principe de la communauté de biens surtout constituait le fondement de leur vie. Il y a une explication logique au changement marquant de la structure du groupe des apôtres: les 3000 nouveaux croyants venaient essentiellement du quartier essénien où se déroula l'événement de la Pentecôte. Un aussi important afflux d'Esséniens qui, pour la majorité d'entre eux, avaient une formation théologique, eut une certaine influence sur la doctrine chrétienne naissante.

FREDI WINKLER

Dans la Prochaine édition du journal, vous pourrez lire l'article: « Quelle influence les Esséniens eurent-ils sur la doctrine et la théologie chrétiennes?»

©Nouvelles d'Israël Avril 2001