Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Comment la communauté des Esséniens de Qumran est-elle née et quels en étaient les membres?

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Parce que le fondateur de la communauté de Qumran - ou comme ils se nommaient eux-mêmes, «Jachad» (c'est-à-dire «en commun») - n'est mentionné nulle part dans les écrits des Esséniens, toute une forêt de spéculations sauvages s'est formée autour de cette «figure mystérieuse», spéculations qui se sont manifestées dans différents livres de science-fiction. Dans les écrits de Qumran, ce personnage n'est connu que sous le titre de «Maître de justice». Des chercheurs sérieux sont cependant d'accord sur la question de savoir si derrière ce titre se cache un grand sacrificateur chassé de sa fonction par les Macchabées, et dont le nom n'est pas connu non plus d'autres sources.

Les Macchabées ou Asmonéens, célébrés jusqu'à présent comme libérateurs nationaux, ainsi qu'ils sont appelés, s'engagèrent effectivement d'une façon remarquable dans le combat contre les potentats étrangers, quand ceux-ci se mirent à réprimer par la violence le culte judaïque et le service du temple. Leurs actes héroïques leur valurent la reconnaissance générale et la vénération du peuple. Mais quand ils s'approprièrent la dignité royale et la fonction de souverain sacrificateur, bon nombre de pieux en Israël ne purent donner leur accord, même si les Macchabées étaient issus d'une famille de prêtres, mais non d'une race de souverains sacrificateurs.

Le souverain sacrificateur, expulsé violemment parle Macchabée Jonathan à l'automne de l'an 152 avant Jésus-Christ, vit sa fuite l'amener à Damas. Il y trouva refuge chez des gens de même disposition, qui avaient déjà fui lors de persécutions antérieures. Ses prédécesseurs Onias III et son fils Onias IV connurent également le bannissement. Onias III fut assassiné dans son exil syrien; et par crainte d'une fin violente, son fils prit le chemin de l'Egypte. Là, il érigea à Leontopolis un temple juif qui subsista juqu'en l'an 73 après Jésus-Christ, mais qui fat ensuite fermé par les Romains. Le «Maître de justice» ne bâtit aucun temple à l'étranger plus sûr, mais il fonda la communauté des Esséniens, dont les membres à part entière, qui vivaient selon des préceptes de l'ordre très stricts, devaient dorénavant former un temple spirituel.

La communauté religieuse nouvellement créée se composait presque exclusivement des descendants de ces familles de prêtres, qui n'étaient plus d'accord avec les façons de faire dans le Temple à Jérusalem. Cependant, comme l'homme qui avait été chassé de son poste essaya vainement de convaincre de mauvais comportement le Macchabée Jonathan, qui s'était nommé lui-même souverain sacrificateur, et qu'il tenta de rétablir l'ordre légitime dans le Temple, cela déboucha sur une séparation définitive. Etant donné la grande sympathie dont jouissaient les Macchabées au sein du peuple, un rétablissement de l'ancien ordre des choses par la violence ne fat pas possible. Il ne resta au souverain sacrificateur expulsé rien d'autre qu'à attendre, avec ses adeptes, l'intervention de Dieu. En termes bibliques: ils espéraient la venue d'un grand sacrificateur oint par Dieu, de la maison de Tsadok, et d'un roi oint par l'Eternel, de la maison de David, donc un Messie-sacrificateur et un Messie-roi, comme l'Ecriture Sainte l'ordonnait.

Bien que la communauté fondée par le souverain sacrificateur expulsé rencontrât beaucoup de sympathie dans le peuple, la revendication de l'autorité par le «Maître de justice» ne fut pas acceptée par tous les pieux. Beaucoup pensaient que, malgré la division, les sacrifices imposés par la Thora devaient continuer à être offerts dans le Temple à Jérusalem. C'est pourquoi ils s'arrangèrent avec le nouveau règlement des Macchabées. Ainsi naquit, du plus grand mouvement de piété du judaïsme, une secte exclusive, et cela particulièrement après la mort du «Maître de justice» en l'an 110 avant Jésus-Christ. Qumran évolua de plus en plus vers un centre spirituel de ce rassemblement.

Alors que le retour à l'ancien ordre des choses dans le Temple à Jérusalem était devenu de plus en plus invraisemblable et que les Macchabées continuaient à exercer la fonction de souverain sacrificateur, on s'accrocha toujours plus à Qumran à l'espérance messianique pour le temps de la fin. C'est ainsi que naquit la littérature particulière qui s'inspire des prophéties relatives à ce temps de la fin. Les Esséniens se considéraient comme ceux qui préparaient le chemin du Messie, comme Esaïe l'avait annoncé et dans la ligne de ce que Jean-Baptiste a déclaré: «Une voix crie. Préparez au désert le chemin de l'Eternel, aplanissez dans les lieux arides une route pour notre Dieu. Que toute vallée soit exhaussée, que toute montagne et toute colline soient abaissées! Que les coteaux se changent en plaines, et les défilés étroits en vallons!» (Esaïe 40, 3-4).

Dans le prochain journal, nous nous pencherons sur cette question: Quelles étaient les différences les plus significatives entre les Esséniens et le reste du judaïsme?

FREDI WINKLER

Nouvelles d'Israël Décembre 2000

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