Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Le temple de Salomon

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Ainsi que nous l'avons déjà dit, il serait très prétentieux de donner pour exacte l'une ou l'autre des reconstitutions qui ont été tentées de ce Temple fameux. Les textes qui le concernent, aussi bien dans les livres des Rois que dans ceux des Chroniques, ne sont pas très bien conservés et restent difficiles à comprendre malgré l'abondance de détails techniques sur tel ou tel point, et peut-être en raison même des termes techniques employés, dont le sens précis nous échappe souvent. Il semble toutefois utile de regrouper ce que nous croyons en savoir. Nous le ferons ici et dans le numéro suivant, sans prétendre faire beaucoup mieux dans l'approche de la vérité que les artistes de jadis qui disposaient à peu près des mêmes données, puisqu'il ne reste aucun vestige visible ni du Temple, ni du palais de Salomon.

 

C'est au nord de l'Ophel, on le sait, sur la colline orientale qui fait face au mont des Oliviers et domine l'antique Sion, que Salomon fit construire cet ensemble architectural, émerveillement des foules.

A l'est, vers le sommet du plateau, s'élevait le Temple proprement dit, avec ses dépendances, et vers le sud-est, un peu en contre-bas, le palais et les autres bâtiments royaux. On peut légitimement penser que le tout était protégé par une grande enceinte faite de trois rangées de pierres de taille et d'une rangée de poutres de cèdre (1 Rois, chap. 7, vers. 12). C'est probablement, en gros, l'emplacement de l'actuel Haram éch-Chérif le « noble sanctuaire »,

Vaste esplanade de près de 500 mètres sur 300 environ, au centre de laquelle se dresse la Qoubbet es-Sakra, le « Dôme de la Roche » appelée aussi mosquée d'Omar, que nous avons déjà maintes fois montrée à nos lecteurs (voir notamment, dans ce numéro, page 725).

Répétons que la roche incluse dans ce très beau monument est sans doute celle sur laquelle se dressait l'autel des holocaustes. Le parvis entourait cet autel, et c'est face à celui-ci que s'élevait le Temple lui-même : édifice en enfilade de 100 coudées de long sur 50 de large, c'est-à-dire de 50 mètres sur 25 environ.

Deux colonnes de proportions considérables et richement ouvragées flanquaient l'entrée du vestibule ou portique (Elam). Celle du nord, à droite de l'entrée, était appelée Yakim et celle du sud, à gauche, Boaz (ler Rois, chap. 7. vers. 15-22).

Des diverses interprétations qu'on a pu faire de ces noms mystérieux (notion de pérennité assurée pour le premier, de force pour le second), il n'est pas exclu qu'on puisse « lire », de droite à gauche : « Il (Yahvé) assure (le Temple) dans sa force. » Ce qui serait, pour Israël, une façon d'affirmer sa foi au Dieu tout-puissant et en sa présence constante au milieu de son peuple, dans cette Demeure. Le vestibule lui-même, ou portique, d'une dizaine de mètres de largeur et d'environ 5 mètres de profondeur, donnait accès au Saint (hêkal) qui précédait le Saint des Saints (débit) où était déposée l'Arche d'alliance. Ces deux salles étaient entourées d'un déambulatoire de trois étages, plus large au sommet qu'à la base : en encorbellement, semble-t-il, compte tenu de la construction en gradins des murs. Il ménageait 33 chambres de service par étage. On y accédait par le côté droit du mur du sanctuaire, dans lequel s'ouvrait un escalier tournant (ler Rois, chap. 6, vers. 5-8). Le hêkal ou « maison grande » était une vaste salle de 20 mètres de long sur 1 0 de large et peut-être 16 de haut (on ne saurait retenir les 1 20 coudées que suggère le texte des Chroniques dont nous disposons). Elle dominait quoi qu'il en soit les trois étages du déambulatoire, de sorte qu'une claire-voie avait pu être aménagée à la partie supérieure nord et sud pour assurer ventilation et éclairage. Cette salle était lambrissée de planches de cèdre et parquetée de cyprès (1er Rois, chap. 6, vers. 15). Des motifs floraux sculptés ornaient les boiseries des murs. On entrait dans le hékâl par une porte à deux vantaux de cyprès dont l'huisserie était en bois d'olivier, décorée aussi de chérubins et de palmes (1 e, Rois, chap. 6, vers. 33-35).

La porte du fond donnait accès au Saint des Saints (débîr); toujours béante, elle était voilée d'une tenture brodée, le pârôketh (2e Chroniques, chap. 3, vers. 14), de sorte que même les prêtres qui entraient pour le service quotidien dans le hékâl ne pouvaient voir l'intérieur. De part et d'autre de cette porte sacrée entre toutes étaient placés dix menôroth, ou chandeliers d'or, dont les lampes brûlaient en l'honneur de Yahvé (1er Rois, chap. 7, vers. 49; 21, Chroniques, chap. 4, vers. 7). A droite, probablement, se trouvait la table d'offrande sur laquelle on plaçait les douze « pains de proposition ». L'autel des parfums semble avoir été, lui, devant la porte même du débîr, dans l'axe du Temple. Rectangulaire, il était en bois de cèdre revêtu d'or, et ses angles étaient munis d'acrotères, c'est-à-dire de petits socles sur lesquels on pouvait placer divers ornements et ustensiles comme bassins, couteaux, bols à aspersion, coupes et encensoirs (ler Rois, chap. 7, vers. 50).

 

Dans le Saint des Saints ou débîr, dont les trois dimensions (largeur, longueur, hauteur) étaient de 1 0 mètres environ, la décoration se faisait plus riche encore puisque toutes les boiseries sculptées étaient recouvertes de feuilles d'or. Au milieu de cette pièce, dans laquelle le grand-prêtre seul pénétrait une fois l'an pour la grande Expiation, était conservée l'Arche des Tables de la Loi. Deux chérubins à face humaine veillaient sur elle, les ailes déployées. L'envergure de ces ailes étaient de 5 mètres, autant que la hauteur des chérubins eux-mêmes. En bois d'olivier sauvage recouvert d'or. Avec l'Arche, ils attestent, dans la ténèbre de cette salle sans fenêtre, la présence divine, mais ne sont ni les signes efficaces ou nécessaires, ni les intermédiaires, puisque Yahvé lui-même est avec son peuple, en vertu de sa seule promesse.

 

Certes, pour original qu'il ait été, le Temple de Salomon s'apparentait aux monuments religieux du monde cananéen, mais ses constructeurs furent évidemment fidèles à la tradition monothéiste, celle qui respectait la transcendance et la spiritualité du Dieu d'Israël.

M.-C. HALPERN et G. FANUCCHI

En ce temps-là, la Bible No 3 1 pages II- III. No 32 pages II-III.

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