Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Les Scythes, « malheur venu du nord »

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Peuple barbare de la grande steppe d'Europe orientale et de Sibérie, les Scythes vivaient dans des campements nomades. Qui eut pu croire que ces éleveurs de chevaux de lointaines tribus nordiques entreraient jamais en rapport avec les habitants de la méridionale Palestine? Cependant poussés par leurs appétits de conquête, ils déferlèrent sur l'Asie antérieure, saccageant tout et terrorisant les populations. Sans doute agirent-ils parfois comme «. alliés » des souverains d'Assur et de Babylone, mais aussi pour leur propre compte, justifiant en bonne part le conseil de fuir que donnait Jérémie à ses frères « car on a vu la malheur et la catastrophe venir du nord.. »

L'histoire des conquêtes scythes en Asie Mineure commence vers 670 avant notre ère, lorsque, poursuivant les Cimmériens qui fuyaient leurs terres de la Russie du sud, les farouches cavaliers dévalèrent sur l'Assyrie. Très vite ils s'allièrent au puissant empire des Assyriens.

Avec ces derniers, ils parcourent alors l'Asie Mineure, s'appropriant bon gré mal gré la domination des provinces occidentales. Ils se heurtent ensuite aux Mèdes; mais la fidélité en alliance n'étant pas leur fort, ils concluent un traité avec eux et les Babyloniens en 612 av. J.-C...

Et ce sont ces trois nouveaux alliés qui abattront ensemble le glorieux empire d'Assur.

« Les Scythes marchèrent alors sur l'Égypte, écrit Hérodote. A leur entrée en Syrie-Palestine, le roi d'Égypte Psammétique vint à leur rencontre et, par des présents et des prières, les persuada de ne pas aller plus loin. Ils acceptèrent de se retirer et, parvenus à la ville d'Askalon en Syrie, passèrent outre sans la piller; mais quelques soldats restés en arrière mirent cependant à sac le temple d'Aphrodite Céleste... » Hérodote raconte encore que, pour châtiment de ce crime, les Scythes furent à jamais « frappés d'un mal qui fait d'eux des femmes ». Sans doute la déficience sexuelle dont souffraient effectivement nombre de guerriers appartenant à ce peuple était-elle due à une pratique excessive de l'équitation.

On a pu, non sans raison, estimer que c'est l'avance de ces archers montés, envahissant d'abord Dan et Éphraïm, qu'annonçait Jérémie (chap. 4, vers. 15-16) en recommandant aux siens l'abri des remparts ou la fuite (chap. 6, vers. 1 ). L'avertissement était assurément valable aussi devant la ruée des Néo-Chaldéens. Quoi qu'il en soit, les Scythes seraient parvenus eux-mêmes aux portes de Jérusalem, à Bet-Hak-Kérem, mais ne réussirent pas à pénétrer dans la capitale.

S'ils ne demeurèrent que peu de temps en Palestine, quelques mois seulement en 609 av. J.-C., ils n'y laissèrent pas moins un fort inquiétant souvenir dans la population, qui les considérait comme des brutes sauvages et stupides (2@ MACCABÉES, chap. 4, vers. 47). A vrai dire, on donnait le nom de Scythes à des peuplades de provenances très variées, mais qui avaient en commun une origine nordique. A ceux qui venaient de la Russie du sud et de la Sibérie, on associa bientôt les Scythes Amyrgiens issus de la Bactriane, ainsi que les habitants du pays de Man. Selon les sources assyriennes, les Scythes étaient appelés Achkouza ou Isguzay, ce qui correspond à l'hébreu Ashkenaz (GENESE, chap. 10, vers. 3: JÉRÉMIE,chap. 51, vers. 27; 1er CHRONIQUES, chap. 1, vers. 6) ; le mot est encore employé aujourd'hui pour désigner les Juifs qui résident ou résidèrent parmi le peuple « ashkanaz » : en Europe septentrionale.

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Moeurs barbares, goûts d'opulence

Les hordes des envahisseurs du Vlle s. av. J.-C. comportaient naturellement les troupeaux et les familles qui, elles, voyageaient dans des chariots couverts, contenant les tentes qu'on dépliait à la halte. Tous les « barbares » en mal de conquête conserveront ces moeurs jusqu'aux premiers siècles de notre ère.

Après leur incursion dans la zone d'influence que se disputaient Égyptiens et Mésopotamiens, le s Scythes furent finalement rejetés vers le nord d'où ils venaient, et jusqu'à leurs steppes de Russie. Là, leurs chefs, suivant l'exemple des tyrans asiatiques qu'ils avaient rencontrés, se voulurent souverains absolus. Vivant dans la splendeur et l'opulence, ils tenaient à se faire enterrer avec un extraordinaire cérémonial, dans d'énormes tumuli ou « kourganes » dont l'édification exigeait un travail considérable. Ces tombeaux contiennent généralement plusieurs chambres funéraires où étaient déposés non seulement le roi défunt, mais les membres de sa famille, ainsi que ses serviteurs, tous sacrifiés lors de son décès.

Les monarques étaient ensevelis dans leurs plus riches atours, ornés de leurs bijoux les plus somptueux, entourés de vaisselles d'or ou d'argent, de leur char d'apparat,.. et de chevaux qui se comptaient parfois par centaines !

Les bijoux et les pièces d'orfèvrerie dont se paraient volontiers ces guerriers si farouches ont été retrouvés en grand nombre. Ils sont ornés des gravures les plus fines, des ciselures les plus délicates, qui figurent des scènes animalières ou des scènes de l'existence quotidienne des nomades; toutes sont d'une vie saisissante, Cet art somptuaire atteignit son apogée au IVe siècle avant J.-C.., trois cents ans après que les Scythes aient razzié les cités de Palestine.

M.-C. HALPERN

En ce temps-là, la Bible No 62 pages II-III.

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