Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Les sectes juives au 1er siècle

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L'Évangile fait constamment allusion aux pharisiens, quelquefois aux sadducéens, rarement aux hérodiens, et jamais en clair aux esséniens. Il s'agit là de « sectes » au sein d'une orthodoxie juive plus large qu'on ne l'imagine couramment. Le mot résonne mal à nos oreilles. Il a souvent une nuance péjorative alors que le nom d'Église dégage une réelle chaleur. Voilà un a priori dont il convient de se défaire.

On considère volontiers le judaïsme comme un bloc sans fissure, une sorte de religion monolithique. Même pour le présent, une telle vue est très approximative et schématique. Dans le Proche-Orient il existe encore des Samaritains et des Karaïtes, et dans le judaïsme occidental on peut distinguer trois grandes tendances : le judaïsme orthodoxe, le judaïsme conservateur et le judaïsme libéral. Si ces trois tendances entretiennent entre elles des relations cordiales, elles sont néanmoins organisées en groupements autonomes qui ne sont ni plus ni moins solidaires, qu'entre elles les diverses Églises ou familles du christianisme : catholique, orthodoxes et réformées.

Pour comprendre le judaïsme palestinien du temps de Jésus, il faut tout d'abord savoir qu'il n'existe pas à cette époque de magistère universellement reconnu et qualifié pour formuler les règles de foi. Le sacerdoce est occupé par la liturgie du Temple; le sanhédrin est un tribunal qui interprète et applique la Loi de Moïse, non un concile qui formule des propositions doctrinales. Mais les rabbins, qui font progressivement figures de chefs spirituels du peuple, se transmettent de génération en génération des interprétations de la Loi et de l'Écriture, qui reflètent des oppositions d'écoles bien marquées.

Les données dogmatiques sont d'ailleurs fort simples et limitées. Le Credo juif se résume dans la proclamation de l'unicité de Dieu (DEUTÉRONOME, c. 6, v. 4), et il doit être immédiatement suivi de l'exhortation à pratiquer scrupuleusement la Loi du Sinaï. Sur les modalités de cette pratique, les opinions pouvaient différer, mais les principales sectes juives n'étaient pas des groupes radicalement aberrants par rapport à la Synagogue. La meilleure preuve en est qu'au sein même du sanhédrin de Jérusalem, coexistent des représentants des deux sectes largement antagonistes : pharisiens et sadducéens. Si les uns et les autres adorent un même Dieu et pensent observer une même loi, leurs divergences sont nombreuses et profondes, nous y reviendrons en détail.

Les seuls qui fassent vraiment exception à cette sorte de tolérance mutuelle sont les Samaritains, vraiment regardés comme hérétiques, et exclus du peuple d'Israël ; les esséniens, eux, ne paraissent pas publiquement dénoncés comme tels, mais ils considèrent comme dévoyé le judaïsme officiel de Jérusalem. Esséniens et Samaritains sont donc les cas limites dans ce domaine.

Quant à ces hérodiens qui se joignent aux pharisiens pour poser au Christ la fameuse question sur « le tribut à rendre à César » (MATTHIEU, c. 33, v. 16), ce sont des partisans d'Hérode, opposés à la domination romaine qui leur paraissait usurper celle de leur maître.

Mais quelquefois la ligne de démarcation n'est pas difficile à établir entre la secte religieuse et le parti politique, voire les mouvements de résistance, tel celui des zélotes que certains reconnaissent dans les communautés du Qumrân.

P. CRISOLIT

En ce temps-là, la Bible No 75

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