Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Ninive la grande cité devint tout à coup un "désert"

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  • L'amour, la guerre, ... et l'écriture
       

    il y a près de vingt-six siècles, Ninive, la capitale prestigieuse de l'empire assyrien que l'auteur du livre de Jonas avait choisie pour représenter les nations à convertir au vrai Dieu, était anéantie par une coalition de terribles guerriers, Babyloniens, Mèdes et Scythes. Ceux-ci en firent, en effet, « un endroit désolé, tel un désert » (SOPHONIE, chap. 2, vers. 13).

    La vie ne reprit jamais à Ninive après le désastre de 612 av. J.-C. La glorieuse cité demeura une ruine de briques où, comme après un bombardement, quelques pans de murs se dressaient encore çà et là. Au début du siècle dernier, ses vestiges n'étaient plus que deux grands monticules, ou « tells », dont un seulement jusqu'ici, le « Quyundjik », a pu être fouillé. Long d'un kilomètre, large de six cents mètres, il est haut de près de trente mètres. Le tell « Nebi-Yunus », voisin, ne put jamais être exploré, car s'y trouvent édifiés un village et une mosquée. Au surplus, le cimetière musulman qui s'étend sur ses pentes interdit toute violation du site par les archéologues.

    Dès le milieu du XIXe siècle, ces deux tells avaient attiré l'attention des archéologues. Le premier, le consul français P. E. Boita, commença les fouilles en 1842. Trois ans plus tard, l'Anglais Layard, puis Victor Place, consul de France lui aussi, prirent successivement la relève. L'exploration continua, avec des interruptions plus ou moins longues, jusqu'en 1932.

    Les découvertes permettent d'affirmer que la fondation de la ville remonte au VI ou au IVe Millénaire avant notre ère. Mais la splendeur de Ninive date du règne de Salmanasar le, (1273-1244 av. J.-C.) et dura jusqu'à la chute brutale, à la fin du VIIe siècle.

    Ainsi, depuis le Xllle siècle, la plupart des souverains ont doté la cité de monuments somptueux, Sargon Il (722-705) excepté, qui avait décidé de fonder une nouvelle capitale, Khorsabad, à moins de vingt kilomètres de là. Après lui, Sennakérib (704-681) revint à Ninive qui, après ces quelques années d'éclipse, reprit son rang de capitale. Durant les vingt-cinq années de son règne, ce souverain fastueux se fit construire un superbe palais dont on a découvert les restes au sud de la ville; il édifia des temples, dressa des remparts, traça des rues, créa tout un réseau de canalisations d'eau, dessina des jardins publics. Cette activité de bâtisseur sera d'ailleurs imitée par ses successeurs : Asarhaddon (681-669) et Assurbanipal (668-626 av. J.-C.) qui, lui aussi, construira un palais royal, mais au nord du site.

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    L'amour, la guerre, ... et l'écriture

    Les archéologues ont aujourd'hui dégagé les deux temples principaux : l'un est consacré à Ishtar, déesse de l'amour et des batailles à laquelle la ville tout entière était vouée, ce qui ne saurait surprendre lorsqu'on connaît le goût qu'avaient les Assyriens pour la guerre. L'autre sanctuaire était celui de Nabu, « dieu de l'écriture ».

    La bibliothèque constituée par Assurbanipal confirme que la littérature florissait à Ninive. Des centaines de tablettes cunéiformes traitant des sujets les plus variés ont été exhumées : - plus de trois cents tablettes où étaient inscrits des présages divers, - environ deux cents tablettes lexicographiques, - une centaine de tablettes de prières et d'incantations (en sumérien et en akkadien), - cent tablettes de conjurations et de textes épiques ou sapientiaux.

    Ainsi, dans la deuxième moitié du VIII, siècle av. J.-C., Ninive paraît être une métropole prestigieuse, et d'une immense étendue si l'on s'en rapporte au livre de Jonas (chap. 3, vers. 2) : « Ninive était une grande ville devant Dieu, longue de trois jours de marche. »

    Sur la foi de ce texte, on a longtemps cru qu'il s'agissait en effet d'une cité démesurée, au périmètre gigantesque. En fait, l'archéologie a démontré que, bien qu'importantes pour l'époque, ses dimensions n'avaient rien d'exceptionnel. Les spécialistes ont alors pensé que le verset n'était qu'amplification poétique, le livre de Jonas relevant plus du « midrash » que de l'histoire. Mais il revenait à l'assyriologue André Parrot de fournir une explication plausible : un Jonas ou tout autre visiteur pouvait mettre trois jours, non pour traverser la ville de Ninive elle-même, mais pour parcourir l'énorme agglomération, sorte de « Grand Ninive », de « région ninivite », faite d'un chapelet de cités toutes voisines, s'étendant sur une longueur de quelque quarante kilomètres, depuis Khorsabad au nord, jusqu'à Nimrud au sud.

    C'était un colosse aux pieds d'argile.Pris dans le tragique engrenage de la guerre sans cesse recommencée, il ne se relèvera jamais du coup décisif que lui portèrent ses rivaux unis pour l'abattre. Et Ninive passera sans transition du faîte de la gloire à la nuit de l'oubli.

    M.-C. HALPERN

    En ce temps-là, la Bible No 71

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