Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

MASSADA: dernier bastion de la dernière révolte juive

***

Commencée par la révolte des Maccabées, la lutte de l'antique peuple juif pour son Indépendance religieuse, qui exigeait alors une certaine indépendance politique, finira avec la chute de la forteresse de Massada, tombée aux mains des Romains en l'an 73 de notre ère. Cet épisode n'est pas raconté par le texte sacré, mais Il est connu par l'historien juif Flavius Josèphe, l'héroïsme qu'on y découvre, au service d'une fanatique volonté de résistance, évoque bien sûr la lutte des frères Maccabées. Les lecteurs des livres bibliques qui racontent les exploits des « premiers résistants » d'Israël prendront donc un vif intérêt à l'exposition qui fait revivre l'ultime résistance de Massada. Actuellement à Paris, au musée des Arts décoratifs, elle deviendra, fin juillet, itinérante à travers la France.

Depuis près d'un siècle. la Judée est sous la domination de Rome; en 66, une révolte juive contre l'occupant a embrasé tout le territoire. Mais en 70, Jérusalem était prise par Titus, le Temple mis à sac, les Juifs déportés en masse, Pourtant, sur un piton rocheux dominant la mer Morte, dans le désert de Judée, une poignée d'insurgés juifs - des zélotes - tiennent encore un bastion : c'est la citadelle de Massada, dont le nom signifie forteresse.

Mise au jour au cours des fouilles conduites en 1963-1964 par l'archéologue Yigaël Yadin, professeur à l'université hébraïque de Jérusalem, assisté de plus de trois mille volontaires venus de vingt-huit pays du monde, la citadelle qu'avait construite le roi Hérode en 70 av. J.-C. montre le «bouclier» des 960 héros. « Un mur bâti de pierres blanches, dit Flavius Josèphe, de douze coudées de haut et dix de large; le périmètre de ce mur était de sept stades, et on le fortifia de trente sept tours hautes de cinquante coudées chacune. »

En 72, Flavius Silva, légat de Judée, met le siège autour de Massada. Un rempart, huit camps romains, une rampe d'assaut occupée par dix à quinze mille hommes entourent la forteresse où les assiégés tiennent depuis des mois.

En 73 il réussit à pratiquer une brèche dans la muraille. Le sort de Massada est fixé.

Alors Eléazar, chef des Zélotes, exhorta les siens : « Une mort dans la gloire vaut mieux qu'une mort dans l'infamie. Mourons avec ceux qui nous sont les plus chers ! » Lorsque les Romains pénétrèrent dans les ruines fumantes, ils ne trouvèrent plus que des cadavres : hommes, femmes et enfants s'étaient entr'égorgés avant de mettre le feu au palais d'Hérode. Deux femmes, cependant, échappèrent au massacre avec leurs cinq enfants. C'est à ces témoins qu'on doit le récit de la stupeur des Romains, qui, loin de savourer leur victoire, nous dit encore l'historien juif, « ne pouvaient se lasser d'admirer que, par un si grand mépris de la mort, tant de gens eussent pris et exécuté une si étrange résolution ».

Les fouilles confirmèrent le récit de Flavius Josèphe : on exhuma les cendres des deux splendides palais d'Hérode, avec leurs mosaïques et leurs pavés de marbre et celles des modestes installations zélotes, où l'on retrouva des ustensiles, des vêtements, des lampes à huile, des pièces de monnaie, des lettres. On découvrit aussi des jarres et des réserves de blé : preuve que ce n'était pas la faim qui avait eu raison des résistants.

Au musée des Arts décoratifs, l'Association française des amis de l'université de Jérusalem a placé ces objets dans un décor reconstitué, à l'aide de panneaux photographiques et de projections. Dans une salle voisine sont exposés quatre rouleaux de manuscrits datant de 1 900 ans, qui apportent des éclaircissements sur la résistance aux Romains de la secte essénienne.

Les Israéliens viennent aujourd'hui à Massada en pèlerinage et les jeunes officiers y prêtent serment de fidélité auprès de l'auberge de jeunesse qui porte un nom symbolique : « Massada ne tombera plus. »

Andrée NORDON

En ce temps-là, la Bible No 40 pages II-III.

© En ce temps-là, la Bible