Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Les traces du déluge

***

  • Une tentation bien séduisante
  • Les « vestiges » ont disparu
  • Chacun peut du moins en rêver
       

    Nos lecteurs savent (1 ) que de nombreuses traditions, particulièrement denses et précises en Mésopotamie, sur les rives du Tigre et de l'Euphrate, retracent parfois en termes proches de ceux de la GENESE l'aventure exceptionnelle d'un homme qui sauve l'espèce humaine et même souvent les espèces animales, en les recueillant sur un gigantesque bateau, tandis que le monde habité est implacablement recouvert par les eaux.

    Depuis longtemps historiens et géologues avaient multiplié les hypothèses pour expliquer ce cataclysme dont quelques survivants auraient pu transmettre le témoignage aux générations suivantes. Mais aucun homme de science vraiment sérieux ne prétendait apporter de preuves matérielles de telles inondations supposées dues, notamment, à la fonte brutale de la croûte glaciaire qui pouvait recouvrir alors des continents entiers.

    Or, en 1928, un télégramme signé de Woolley, savant de réputation mondiale qui dirigeait les fouilles d'Ur, patrie de la famille d'Abraham en Chaldée, faisait sensation : « Nous avons découvert les traces du déluge... »

    Werner Keller, reporter passionné et passionnant des pays bibliques, auteur de« La Bible arrachée aux sables » (2), raconte en détail cette extraordinaire affaire :

    « Les puits devenaient de plus en plus profonds et, au fur et à mesure de l'avancement des forages, de nouvelles couches de dépôts contenant des débris de vases divers étaient découvertes. Chose curieuse, les archéologues constatèrent que les objets en céramique restaient toujours identiques à ceux qui avaient été trouvés dans les « sépultures royales ». On pouvait en déduire que, durant des siècles, la civilisation sumérienne n'avait pas subi de changements notables :elle semblait avoir connu très tôt un degré tort élevé de développement.

    Lorsque, après des jours et des jours d'efforts, des ouvriers vinrent annoncer à Woolley qu'ils avaient atteint une couche de terrain vierge, il alla se rendre compte de la chose par lui-même et constata que ses hommes avaient raison: subitement, il n'y avait plus aucune trace du passage de l'homme dans la terre : quelques objets encore, des traces d'incendie, puis plus rien. « Enfin », pensa d'abord Woolley, puis il examina soigneusement la nouvelle couche de terrain et s'aperçut qu'il s'agissait d'argile, identique à celle de certaines alluvions.

    A la suite de mesures et de calculs très précis, Woolley fut amené à tirer de cette découverte des conclusions tout à fait différentes de celles qui s'étaient d'abord imposées à son esprit. « Je constatai que nous étions à un niveau beaucoup trop élevé par rapport à celui de l'eau du fleuve pour qu'il ait pu s'agir de l'île sur laquelle la première agglomération fut établie », raisonna le savant.

    Par conséquent, il ne pouvait plus être question d'alluvions laissées par l'Euphrate. Mais alors, de quoi s'agissait-il? Aucun des collaborateurs de Woolley ne sut trouver une explication plausible. On décida donc de continuer à creuser,

    Impatient, l'archéologue assista aux travaux. La terre ramenée à la surface était soigneusement visitée : on n'y trouva rien. Le puits s'enfonça de plus en plus, un mètre, deux mètres... toujours rien.

    Après trois mètres environ, la couche argileuse s'interrompit aussi subitement qu'elle avait commencé. Les savants se demandèrent alors ce que la suite allait leur réserver.

    Les premiers échantillons de terre remontée fournirent la réponse à leur question. Ils n'en croyaient pas leurs yeux. Là où ils s'attendaient à trouver de la terre vierge, ils déterrèrent de nouveau des débris parmi lesquels se trouvaient des fragments d'objets en céramique.

    Donc, au-dessous d'une couche alluviale de près de trois mètres, on retombait sur de nouveaux vestiges d'établissement humain. Toutefois, la céramique avait totalement changé d'aspect. Les vases découverts au-dessus de la couche argileuse avaient manifestement été produits sur des tours à potier, alors que ceux qui se trouvaient au-dessous avaient été façonnés à la main. D'autre part, malgré les recherches les plus méticuleuses,

    aucun objet métallique ne put être découvert. Les outils qui se trouvaient dans la nouvelle couche étaient faits de silex taillés. Il s'agissait donc de vestiges datant de l'âge de pierre.

    C'est alors que le monde reçut le télégramme sensationnel. Les journaux anglais et américains consacrèrent à l'événement des titres impressionnants. »

    .

    Une tentation bien séduisante

    La couche argileuse et vierge de tout débris que venait de découvrir Woolley séparait nettement en effet les vestiges de deux époques différentes de la civilisation. Quelle tentation de reconnaître là une preuve bien concrète de ce déluge attesté par tant de littératures anciennes !

    Un autre savant y succomba, ce fut Langdon qui dirigeait les fouilles de Kish, au nord d'Ur. Il découvrit également - mais hélas, à un autre niveau que Woolley - une couche d'alluvions vierges de

    0.30 m d'épaisseur, correspondant à une sérieuse inondation (trois autres semblaient d'ailleurs l'avoir précédée). Mais Langdon se heurta à une énorme difficulté: il avait découvert, sous la couche vierge, des cylindres gravés représentant Gilgamesh, héros légendaire postérieur au « déluge » des traditions assyro-babyloniennes.

    Ainsi les « traces du déluge » fournissent-elles parfois des données contradictoires.

    On peut cependant affirmer que, vers 4000 avant J.-C.. se sont produites des crues exceptionnelles et que ces inondations successives laissèrent aux habitants horrifiés l'impression du déluge.

    C'est sur ce fond que se greffent les traditions rapportant le sauvetage qui devait permettre la survie de l'humanité et de la faune, grâce à la construction d'un bateau gigantesque : une arche monumentale aux dimensions si imposantes qu'elles laissent rêveur.

    Selon les mesures que mentionne l'épopée de Gilgamesh (3), Iongueur et largeur sont égales, ce qui fait de l'arche une sorte de gros baquet flottant. L'intérieur est divisé par six planchers latéraux et chacun de ces étages est fractionné en neuf sections, ce qui donne soixante-trois cellules.

    La Genèse, elle, nous indique des mesures qui se rapprochent davantage de la nautique moderne : 150 mètres dé longueur, 25 de largeur et 15 de hauteur, le tout couvert d'un toit, et asphalté.

    Un seul document, un manuscrit arabe de la bibliothèque du couvent du Sinaï, précise l'affectation des locaux à l'intérieur de l'arche : le bétail dans la cale, les oiseaux dans le deuxième pont, les humains à l'étage supérieur, femmes d'un côté, hommes de l'autre. Entre eux, le cadavre d'Adam, exhumé pour la circonstance.

    « Or le vingt-septième jour du septième mois, l'arche vint reposer sur les monts d'Ararat», dit la Bible...

    .

    Les « vestiges » ont disparu

    Très tôt, les curieux furent attirés par le plus haut sommet de ce massif : ce mont Ararat qui, en Arménie, à l'est de la Turquie, près de la frontière soviétique, culmine à plus de 5 000 mètres. Mais volcan fantasque, glacier sauvage, il terrifia longtemps les hommes, car on le disait mystérieusement inaccessible.

    Cependant, en 1829, il fut vaincu par le Russe Frédéric Parrot.

    Puis en 1876, lord Byrce ramassa sur ses roches, à une altitude de 4500 mètres, un morceau de bois où il s'amusa à retrouver un débris de la charpente de l'arche. En 1916, l'aviateur russe Rosvitsky, survolant le mont, affirma avoir aperçu sur une des pentes les débris d'un esquif antique. Aussitôt, le tsar envoya une expédition qui, nous dit-on. « retrouva des vestiges et conclut à l'identification »... Malheureusement, vestiges et rapport disparurent pendant la révolution de 1917 !

    .

    Chacun peut du moins en rêver

    En 1955, le Français Fernand Navarra. après une tentative infructueuse, gravit le terrible glacier au prix de difficultés extraordinaires avec son fils âgé de onze ans: il réussit à ramener un« morceau d'épave » trouvé au sommet et qui semble être vieux de 5 000 ans. Fièrement, il intitule le récit de son exploit : « J'ai trouvé l'arche de Noé ».

    Faut-il dire que les savants sont sceptiques?... Si d'autres expéditions sont parties, depuis, pour le mont Ararat, c'est dans un but sportif plutôt qu'archéologique.

    En admettant qu'on puisse prendre à la lettre sur ce point le récit de la Bible qui n'a rien d'un rapport à société savante. remarquons que l'auteur de la Genèse parle « des monts d'Ararat ».

    Or, au cours des siècles, on a vu l'Ararat localisé dans le Caucase par l'historien Josèphe, et même à Ceylan par les Samaritains: il semble en fait raisonnable d'identifier « les monts d'Ararat » avec l'Arménie entière. l'Urartu des Anciens.

    Comment expliquer alors ces multiples témoignages de visiteurs du mont Ararat qui affirment la présence d'un vieux bateau là-haut, ou qui même en rapportent des vestiges?... Selon M. Dupont Sommer, les explorateurs auraient peut-être signalé, et les aviateurs survolé, les restes d'un monument ou d'une chapelle élevés « vers la fin du Moyen Age par exemple » par « un groupe d'anachorètes ou de religieux » pour rappeler « l'aventure miraculeuse de Noé, aux lieux mêmes où la tradition biblique avait fait aborder le patriarche et sa famille ». L'hypothèse en vaut une autre. Elle n'empêchera personne de rêver à l'arche de Noé... que les éruptions volcaniques et l'érosion glaciaire auraient respectée, à travers les millénaires !

    M.C. HALPERN

    En ce temps-là, la Bible No 2 pages II- III.

    © En ce temps-là, la Bible