Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Les Juifs russes sans âme russe

***

Dès les derniers siècles avant notre ère, des Juifs atteignirent, en même que les colonisateurs grecs, les fleuves russes Dniestr, Dniepr, Bug et Don, où ils fondèrent des établissements commerciaux. On trouve, sur des tombes remontant à 2000 ans, des noms écrits en hébreu ainsi que des images de chandeliers à sept branches et de chofars. Leur influence dans le secteur commercial, mais aussi dans le domaine culturel et religieux, semble avoir été relativement importante car, en 730, l'ensemble du peuple khazar, ainsi que ses chefs, se convertirent au judaïsme, qui se développa ensuite dans le royaume homonyme, qui devint riche et puissant.

Malgré 2000 ans en tant que partenaires actifs de l'histoire de la Russie, les Juifs n'y ont jamais renoncé à leur identité, et demeurèrent toujours un corps étranger au sein du corps ethnique russe, sous les tsars comme sous les révolutionnaires. Les religions et les formes de société allèrent et vinrent, mais les Juifs sont demeurés Juifs: ni les persécutions ni les succès ne réussirent à leur faire changer leur âme juive contre une âme russe. Souvent les Juifs russes furent les précurseurs des changements politiques et sociaux en Russie: ils changèrent la Russie, mais eux-mêmes restèrent Juifs dans l'âme et le coeur.

Cette fidélité des Juifs envers eux-mêmes leur valut, entre autres, des pogroms régulièrement répétés, car les Russes eux aussi n'ont jamais accepté ce corps étranger juif; aussi la Russie fit-elle office, jusqu'à nos jours, de simple «dépôt» pour les Juifs, jusqu'à ce que les premiers Juifs vinssent de Russie en Eretz Israël, en tant qu'élite sioniste, en vue de créer dans la Terre promise l'Etat juif. Et maintenant, C'est la masse des Juifs russes qui affluent en Israël.

Après 70 années d'expérimentation, le communisme, suscité entre autres par les Juifs Marx et Trotsky, n'a pas réussi à se créer un nid dans l'âme russe. Ainsi, malgré la carotte et le bâton, le bolchevisme n'est-il pas arrivé à chasser l'orthodoxie de l'âme du peuple russe, tout comme l'orthodoxie russe n'a pas réussi à éteindre le judaïsme chez les Juifs du pays.

Dostoïevsky, le connaisseur de l'essence russe, écrivait: «Le peuple russe vit entièrement dans l'orthodoxie et dans l'idée. Hors de l'orthodoxie, il n'existe rien en lui, il n'a rien et il n'a non plus besoin de rien, car l'orthodoxie est tout. Celui qui ne comprend pas l'orthodoxie ne comprendra jamais non plus l'âme russe. Oui, et pas seulement cela: il ne pourra jamais non plus aimer le peuple russe. Et, d'autre part, le peuple russe ne reconnaîtra jamais un tel homme comme lui appartenant: si tu n'aimes pas ce que j'aime, si tu ne crois pas en ce en quoi je crois, et si tu n'honores pas mon sanctuaire, alors, tu n'es pas mon frère. Celui qui veut voir les choses autrement, le peuple l'écoutera tranquillement, et le remerciera même pour sa science et ses conseils. Mais il ne le reconnaîtrait pas en tant que son semblable, il ne lui tendra pas les mains et il lui donnera encore moins son coeur».

Cette attitude typiquement russe a fait que les Juifs vivant depuis 2000 ans au milieu d'eux sont toujours demeurés des étrangers. Même Lénine, après 70 ans, a désormais échoué dans cela! Bien que le bolchevisme ait remplacé Dieu par l'homme et créé un «homme-Dieu», en vue de s'acquérir de cette manière l'âme russe, le «culte léniniste» n'est demeuré, pour la population, qu'un simple remplaçant provisoire de Dieu. A beaucoup de points de vue, le bolchevisme est donc à considérer comme l'incarnation politique de l'ancienne espérance russe en l'arrivée du Royaume de Mille Ans. Tous les enseignements, si laborieusement élaborés, du matérialisme scientifique, de la dialectique et de l'idéologie pseudo-marxiste ne servent en définitive qu'à la tentative de voiler les fondements sectaires religieux de la doctrine bolchevique du salut. L'ensemble de l'appareil doctrinal bolchevique servait le rêve de fonder un «Paradis sur Terre», qui aurait dû être atteint, une fois abattue la hiérarchie ecclésiastique, au moyen du remplacement de Dieu par l'homme. Ici aussi le bolchevisme s'est servi de la dogmatique chrétienne selon laquelle Dieu se fait homme en vue de racheter l'homme. A ceci, les Juifs n'ont plus pu s'associer, et ils sont de nouveau restés à l'écart.

L'homme Lénine est le substitut bolchevique de la divinité son sarcophage, sur la Place Rouge, est le lieu de pèlerinage. Dans l'organisation et la technique, associées au développement collectiviste, le peuple a discerné des idées et des dogmes religieux. Les éléments du marxisme ont ainsi été implantés à des fins bien déterminées dans un compartiment bien précis de la conscience russe: Le «coin aux icônes» de son coeur-cerveau de croyant. Ainsi les objets les plus simples de la technique sont-ils devenus les ustensiles sacrés du culte et les fétiches du progrès du bolchevique orthodoxe. L'«Imitation de Jésus-Christ» a été offerte au peuple sous sa forme transformée d'«Imitation de la technique».

C'est seulement compte tenu de cette toile de fond qu'on peut également comprendre la faculté de supporter la terreur stalinienne. La «katorga» russe en tant qu'institution pénale remplaçait ainsi les mortifications que s'infligeaient les sains, transformant de douloureuses prisons en autant de saints cloîtres, les mouchards de l'Okhrana tsariste devenant la Tchéka communiste. L'histoire russe apparaît évoluer selon la terrifiante loi du «retour éternel». L'homme russe atteint une libération toujours renouvelée, pour s'aménager immédiatement sa nouvelle prison dans le cadre de la nouvelle forme de société. Libération et oppression, en Russie, sont indissolublement liées. Ainsi la doctrine léniniste du salut telle que la conçut Lénine était-elle vouée dès le départ à l'échec: Lénine, en tant que Dieu, est mort! 70 ans d'erreur appartiennent désormais au passé! Tondis que les chrétiens russes entrent désormais dans une nouvelle ère russe, les Juifs retournent en Israël, où, enfin, leur âme ne sera plus étrangère.

Nouvelles d'Israël Mai 1990

© Nouvelles d'Israël