Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Les Juifs dans l'empire ottoman et en Turquie

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  • Les souffrances des marranes
  • 500 ans d'asile et de cohabitation
  • Les Juifs d'Istanbul ...


  • Aucun peuple n'est plus difficile à cerner que celui des juifs. Ils se sont répandus sur la terre entière après avoir jadis perdu leur patrie. Ils ont transféré des langues et des cultures d'un pays à l'autre. Des anciens peuples, ils sont le seul à errer depuis si longtemps. Il aurait pu disparaître sans laisser de traces; pourtant, il est là bien présent aujourd'hui encore. Il ne disposait ni d'un pays ni d'une langue voici quelques décennies seulement.
    C'est dans l'Espagne musulmane que la théologie, la poésie et les sciences juives ont connu leur plein essor. Les Arabes avaient envahi ce pays en 711 après Jésus-Christ. C'est particulièrement à Cordoba et à Grenade que les juifs jouirent de la faveur des potentats musulmans. Ils avaient des médecins très demandés, des astronomes fort considérés; et la rencontre de l'esprit arabe et de l'esprit juif amena un temps de prospérité et d'épanouissement qui élargit tous les horizons spirituels et ne manqua pas d'influencer le christianisme.
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    Les souffrances des marranes
    C'est en Espagne seulement qu'il y eut, au 15, siècle, des baptêmes en masse. La chose était peut-être due au fait que les Juifs avaient longtemps vécu en paix avec les chrétiens de ce pays. La plupart des juifs avaient accepté la foi chrétienne non par conviction, mais plutôt par crainte.
    L'Eglise catholique romaine ne tarda pas à observer le comportement des nouveaux «chrétiens». L'inquisition, créée pour combattre l'hérésie, se tourna vite contre les marranes. En un premier temps, ils furent exhortés à se repentir et à se réconcilier volontairement avec l'Eglise. En l'an 1492, le couple royal espagnol Isabelle I et Ferdinand II ordonna l'expulsion des juifs du pays - une mesure qui frappa des centaines de milliers de personnes pourtant enracinées là depuis longtemps et dont les ancêtres étaient enterrés depuis des générations dans le sol espagnol. Le chagrin fut indescriptible.
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    500 ans d'asile et de cohabitation
    Face à l'expulsion des juifs de l'Espagne, le sultan Bâyeîid Il recommanda à ses fonctionnaires «de ne pas repousser les juifs ni de leur créer des difficultés, mais de les accueillir convenablement». C'est ainsi que de nombreux juifs d'Espagne se virent alors protégés dans le royaume ottoman, à l'abri des persécutions religieuses.
    En mars 1556, après que le pape Paul IV eut fait périr sur le bûcher 25 marranes (des juifs baptisés de force), le sultan Soliman adressa au pape un message par lequel il exprimait son désir de voir la libération immédiate des prisonniers juifs, que le sultan considérait comme des citoyens ottomans. Le souverain pontife dut céder devant l'insistance du sultan.
    Des dizaines de milliers de fugitifs juifs, qui voulaient échapper aux pogroms russes de 1881, 1891, 1897 et 1903 ainsi qu'aux troubles de la révolution bolchevique de 1917, furent accueillis par la Turquie.
    Des professeurs juifs, comme le célèbre Paul Hindermith, qui durent fuir l'Allemagne hitlérienne en 1933, furent invités par le chef d'Etat turc Kemal Atatürk à passer en Turquie, où ils contribuèrent énormément à l'édification des universités turques. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la Turquie, qui fit office de pays de transit pour les fugitifs antifascistes, sauva d'une mort certaine plus de 25.000 réfugiés juifs. Dès 1949, ce pays reconnut Israël et noua avec lui des relations diplomatiques en 1950.
    Plusieurs nations européennes, qui se posaient hypocritement en «maîtres du monde» dans le domaine des droits de l'homme, devraient s'inspirer de cette attitude remarquable de la Turquie. Aujourd'hui encore, ce pays offre une existence sûre aux juifs persécutés de Syrie, d'Iran et d'Irak.
    Dans les musées d'Ankara et d'Istanbul, on trouve des collections de documents historiques sur les colonies juives de l'époque en Turquie, collections accessibles à tous.
    Disons-le une fois de plus: les Juifs ont droit à leur religion, car elle est la première religion monothéiste et l'éthique que l'histoire connaît: la religion des prophètes d'Israël.
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    Les Juifs d'Istanbul ...
    ... ont toujours vécu en bons termes avec les musulmans et les chrétiens, même si certains d'entre eux étaient fortement religieux. Dans leur majorité, les personnes vivant là appartenaient à toutes les confessions.
    Au temps jadis du royaume ottoman, les relations de voisinage à Istanbul étaient organisées de manière fort diversifiée. Des quartiers bien précis comme Balat, Haskoy et Kurgunck passaient pour juifs du 15e au 17, siècle. Le centre de la vie juive se déplaça au 19e siècle dans la contrée de Galata. En général, les juifs vivaient dans tous les importants quartiers des villes. Seuls les districts à forte majorité musulmane étaient évités par les Juifs. Cependant, les quartiers à dense population juive n'étaient nullement des ghettos du style européen. Ainsi, par exemple, le gouvernement n'exerçait jamais de pression politique sur eux. Lorsque des juifs devaient aller s'établir dans une autre partie de la ville, la chose était due la plupart du temps à des phénomènes naturels comme des incendies, des épidémies et des tremblements de terre.
    La première colonie juive d'Istanbul fut fondée dans le port d'Eminonu-Sirkeci, dans la vieille ville. Les quartiers de Balat et d'Haskoy, situés de chaque côté de la Corne d'or, se développèrent comme centres de la vie juive, ce qui se constate aujourd'hui encore à certains bâtiments anciens. Le 19 ème siècle fut une période de grands changements pour de nombreux juifs. .

     

     

    LE PROF. MARK ZONIS

    Nouvelles d'Israël 07 / 1999
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