Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Le Juif a-t-il toujours été commerçant?

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En réalité, Eretz-Israël n'a jamais été un paradis. Si prospérité il y a, si le sol produit du blé, de l'orge, du raisin, des olives, des dattes et d'autres fruits pour assurer la nourriture, c'est grâce au dur labeur de la population. La culture du lin était très répandue dans ce pays. Les femmes de Galilée savaient faire le tissage et la confection d'habits en lin, alors que la spécialité des femmes de Judée était les tissus de laine. En 174 ap. J.-C., Pausanias louait encore la qualité et la pureté du Byssus judaïque. La particularité du sable de Galilée permettait la fabrication du verre. Hébron et ses environs formaient un célèbre centre de poterie. La Mer Morte fournissait de l'asphalte et du sel. Cependant le blé, le vin et l'huile constituaient les vraies richesses du pays - telles qu'elles figuraient comme symbole sur certaines pièces de monnaie. L'huile d'olives remplaçait le beurre et la graisse.

Quand l'année était bonne, de grandes quantités de blé et d'orge se trouvaient sur les marches de Sepphoris, Tiberias et Ashkalon. En ce qui concerne l'exportation, elle était mal vue puisque les récoltes déficitaires exigeaient certaines réserves. En outre, la taxe à l'exportation pesait sur les prix. En effet, si l'impôt à l'exportation se limitait à 1/8e, les taux de taxe furent souvent fixés de façon arbitraire. En ce qui concerne l'importation, elle comprenait tous les métaux qui manquaient au pays: or, argent, fer, plomb et zinc.

Malgré ce trafic de marchandises, la position du commerçant ne jouait pas un grand rôle aux temps bibliques. Cependant, en dépit de cela, on qualifie le Juif d'éternel commerçant. Dans la littérature biblique, le mot «Kenaani» (Cananéen) signifie aussi commerçant. Or la Bible ne parle pratiquement jamais du commerçant juif. Malgré leur proximité, les villes portuaires des Philistins et des Phéniciens n'exerçaient pas d'attrait sur les Juifs. Plus tard seulement, lors de la Diaspora, principalement en Egypte et en Grèce, la structure professionnelle des Juifs se modifia. On entendit alors parler de banquiers effectuant des opérations financières avec des souverains. Lorsque les gens d'Hérode habitant en Israël voulaient emprunter de l'argent, ils devaient se rendre à Alexandrie, car il n'y avait ni changes ni courtiers à Jérusalem.

 

Les chefs du peuple refusèrent le négoce jusqu'aux derniers moments du peuplement juif en Eretz Israël. Ainsi, se référant à la Bible, Rabbi Eleasar (2e siècle) attribua à l'agriculture la première importance parmi les activités du peuple. Alors qu'il se promenait à travers les champs d'orge mûrs pour la moisson, il s'exclama: «C'est vrai, la fertilité des champs pourrait rapporter davantage à l'économie en faisant du trafic. Cependant semez sans faire du commerce! Même si apparemment vous ne ferez jamais fortune, la bénédiction reposera finalement quand même sur l'agriculture». Dans son petit livre «Contre Apion», Josèphe Flavius Mer siècle) écrit: «Nous, Juifs, ne trouvons aucun plaisir à faire du commerce, ni à favoriser par lui les relations avec les étrangers - notre occupation principale consiste à travailler notre terre merveilleusement labourable». Le peuple qui, plus tard, fut si intensément impliqué dans le capitalisme n'avait, à l'origine, rien d'un organisme commercial ayant le but de développer le système monétaire, L'intervention de Jésus dans le trafic des vendeurs sur la Place du Temple (Mat. 21), indique une influence inhabituelle des Juifs de la Diaspora en Israël. Par cet épisode nous voyons combien, au temps de la Bible, le commerce était peu considéré en Israël. Ce n'est qu'après la dispersion des Juifs que leur image changea, puisque les pays dans lesquels ils vivaient leur interdisaient l'acquisition de terres ou l'exercice de leur profession. Au Moyen Age, la création de corporations aggrava leur situation. En effet toutes les portes professionnelles étaient fermées aux Juifs et tout accès aux corporations interdit; il ne leur restait que le commerce. C'est ainsi que, tout au long des siècles, le monde les força au trafic monétaire. A cela s'ajoutaient les continuelles persécutions et expulsions des Juifs qui, finalement, préféraient placer leurs économies dans des valeurs comme l'or ou le diamant, plutôt que dans des propriétés de terrains.

Des noms juifs tels que Rothschild, Wertheim, Tietz ou Fürstenberg étaient tellement liés au monde des finances que bientôt, dans l'opinion publique, tous les Juifs étaient considérés comme de «riches Rothschild». Or dans tout cela le courtier juif se trouvait souvent dans des situations douloureuses. En effet, alors que d'habitude tout débiteur doit répondre de sa dette, on mettait la dette sur le dos du créancier. Pratiquement, on chassait tout simplement le Juif afin d'être dégagé de tout engagement par contrat. C'est paradoxal mais vrai: ces mêmes non-Juifs qui avaient contraint leurs concitoyens juifs au trafic commercial en leur interdisant les métiers d'artisans, insultaient plus tard les Juifs, les traitant de «commerçants éternels» ou d'«âmes mercantiles».

Mais ensuite, après avoir échappé à la pression de la Diaspora et après être revenus au pays de leurs pères, ils redécouvrirent bien vite leur véritable vocation: l'agriculture et l'artisanat. Aussi, en très peu de temps, le désert fut transformé en jardin florissant et les montagnes dénudées en forêts verdoyantes. A présent, on entend un slogan en Israël dont le vrai sens rappelle les normes du temps de la Bible: «Dans la Diaspora, les Juifs étaient bons commerçants et mauvais paysans; de retour à la maison, en Israël, ils sont mauvais commerçants et bons paysans!»

 

Nouvelles d'Israël Novembre 1988

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