Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Il y a cinquante ans immigration illégale en Eretz-lsraël

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De notre correspondant à Jérusalem

Dans les montagnes de la Galilée, c'est l'hiver, la nuit, la tempête. Le vent du nord fouette la pluie glaciale contre les visages des voyageurs épuisés qui avancent, trébuchants, sur le sentier rocailleux à travers les éboulis et les blocs de pierres. Le groupe est composé de cinq jeunes Juifs, dont une fille. Ce sont des immigrants sans visa.

Il n'y avait plus de permission d'immigration à l'administration palestinienne de Lemberg. Pendant trois ans, ces jeunes gens en route pour Sion avaient suivi une formation agricole à la «Haschara», après quoi ils se rendirent à Beyrouth où des contrebandiers leur promettaient, contre une forte somme d'argent, de les conduire au-delà de la frontière. Jusqu'à la frontière tout alla bien. A partir de là, un Arabe d'un village frontalier prit la responsabilité. Maintenant, ensemble, ils se battaient contre la pluie, la tempête, le froid et les ténèbres. Tout à coup le guide les arrêta, mit son doigt sur ses lèvres, serra sa fortune acquise contre lui et chuchota: «Voici la Palestine! Voici la frontière!» D'arrache-pied on se fraya un passage ... encore deux cents pas... une lumière apparut au loin. Quel agréable signe d'une présence humaine! Mieux encore: Ils étaient sur sol sioniste, oui, ces jeunes gens le savaient, cette lumière venait d'une implantation juive. ils le savaient depuis longtemps que, tout près de la frontière nord, à proximité de la Syrie (actuellement le Liban, la réd.), se trouvait la vieille colonie d'Ica, Metulla. Le guide leur fit comprendre que, dès à présent, ils pouvaient trouver le chemin tout seuls en observant cette lumière. Puis il disparut dans la nuit noire. Sans s'inquiéter, nos cinq voyageurs continuèrent leur chemin qui s'améliorait sensiblement. Bientôt ils arrivèrent au village et trouvèrent la maison, la seule illuminée à cette heure tardive. Les jeunes gens, à bout de force, fatigués, trempés jusqu'aux os et grelottants mais heureux, entrèrent dans la maison et... se trouvèrent au poste de police de Metulla. Ils ont donc été trompés par le contrebandier arabe qui les a livrés aux ennemis pour beaucoup d'argent. Le lendemain, ils furent transportés, eux, les transgresseurs de la loi d'immigration, à la citadelle d'Akko où ils devaient attendre leur jugement et la déportation immédiatement après.

Mais aucune condamnation n'effraie les immigrants. Il arrive souvent que l'un ou l'autre essaie plusieurs fois de traverser la frontière sans visa. Les Arabes le savent et en profitent. Deux jeunes filles sans les papiers précieux sont conduites d'Akko au tribunal de Haïfa, sous la surveillance d'une escorte de police britannique. Dans le train, des jeunes gens s'approchent d'elles, passent rapidement une bague aux,doigts des jeunes filles et récitent brièvement la formule nuptiale juive. Maintenant, elles sont mariées selon la loi juive, elles ont la nationalité palestinienne et... peuvent rester au pays. - Un policier arrête un immigrant illégal et le conduit au poste. En route, un groupe de travailleurs juifs le bouscule, l'immigré profite de l'occasion et s'enfuit. Les assaillants suivent comme des agneaux le policier furieux et acceptent la petite punition qui leur est infligée... ils ont préservé l'un des leurs de la déportation, «Les Britanniques découvrent nos combines d'immigration illégale - nous en trouvons d'autres. C'est comme dans l'industrie du réarmement où de puissants chars blindés en appellent de plus puissants encore à cause des canons à force de perforation toujours plus grande. Ainsi, nous employons assez de ruse et de force de persuasion pour être en avance sur les Britanniques» explique Moshe, arrivé il y a deux ans en Eretz Israël. Il n'y a rien de plus aventureux que ces récits authentiques sur l'immigration illégale.

Plus il est difficile à l'homme d'obtenir quelque chose, plus il y tient. Ces immigrants se cramponnent obstinément à leur vieille patrie qui, bien que pauvre et désertique, est devenue une nouvelle patrie pour eux, pour ceux qui n'en avaient pas eu pendant 2000 ans. Dans un même rythme, le pays se transforme sous la main de ce peuple rentré à la maison. Aujourd'hui, 1900 et 1800 ans après les deux grandes batailles par lesquelles les Romains Tite et Hadrien avaient touché le peuple juif à mort, le pays est presque aussi désertique et pauvre que du temps de Josué. Depuis Dan jusqu'à Beersheba et bien au-delà dans le désert du Negev, vous trouvez à chaque pas des traces de vieux bâtiments et de culture, des ruines de villes, de maisons, de conduites d'eau, de routes, de terrasses, de sources d'eau taries et de fontaines sans eau. Avant que ce peuple unique s'en empare, ce coin de terre était aride, inculte et sans trace de vie ... aride, inculte, sans trace de vie aussi après l'expulsion de ce peuple unique ... Cependant, ainsi que le voyaient les prophètes, ce pays est de nouveau fertile, colonisé et riche. Il l'est devenu sous la main de ce peuple. Il en est de ce pays et de ce peuple comme du corps et de l'âme. Si le corps est privé de l'âme, il devient cadavre et se décompose. L'âme arrachée du corps erre ça et là dans l'univers, un fantôme Pour elle-même et une horreur pour les autres. Le peuple juif est ce fantôme depuis qu'il a été chassé de son pays. Il est une abomination pour lui-même et une horreur pour les autres, une exception tragique et grotesque tout à la fois au milieu des lois naturelles d'existence d'un peuple. En lui habite une nostalgie perpétuelle d'un retour de ce qui a été et du droit de construire son avenir sur le sol de la promesse. Le jour où le corps et l'âme se réuniront à nouveau, où ce peuple retournera dans son pays, sera un jour heureux portant la marque du divin - non seulement pour le peuple juif, mais aussi pour toutes les nations qui cherchent d'abord à repousser cette figure étrange mais qui reconnaîtront finalement que le salut et la bénédiction viennent de Sion.

Nouvelles d'Israël 11 / 1983

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