Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Il y a près de 3000 ans les navigateurs d'Hiram roi de Tyr, allié de Salomon, auraient découvert l'Amérique

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Hiram (ou Ahiram) de Tyr est peut-être le mieux connu parmi les rois phéniciens, à cause de ses relations avec son voisin d'Israël, Salomon. On sait moins de ce roi pacifique (980-936 av. J.-C. environ) qu'il agrandit la cité phénicienne, restaura les temples anciens, en bâtit de nouveaux, et aménagea, selon la méthode stratégique des Phéniciens, deux grands ports pour ses navires, l'un au nord, l'autre au sud, reliés par un canal intérieur il développa aussi la commerce maritime avec Chypre, l'Espagne, l'Afrique qu'on appelait facilement la Libye, mais pourrait avoir lancé des expéditions beaucoup plus lointaines dont l'une aurait laissé un témoignage : ce qu'on en connaît est toujours discuté, mais bien étonnant.

Au terme des vingt années peut-être que dura la construction du Temple de Yahvé et du palais royal (1er ROIS, chap. 9, vers. 10), mais sans doute déjà au cours de cette période, Salomon avait demandé à son allié Hiram l'assistance de ses techniciens et de ses marins pour construire sa flotte d'Ézion-Gaber et la lancer sur les mors. La Bible mentionne les expéditions que les deux souverains envoyèrent ainsi à Ophir, qu'on cherche depuis les côtes d'Afrique jusqu'à celles de l'Inde, en passant par l'Arabie. Faut-il les suivre par delà le grand océan, sur la rive américaine de l'Atlantique sud ?

L'incroyable exploit aurait été réalisé en l'an 19 du règne du roi de Tyr, si l'on accepte l'interprétation faite par A. Van Don Brandon d'une inscription trouvée en 1872 à Pouso Alto dans l'État de Paraïba, au Brésil.

Depuis cette date, le texte gravé sur une pierre, peut-être trop jalousement gardée, mais que des témoins fort sérieux ont considéré comme un document digne d'intérêt, est connu dans plusieurs versions. Les principales sont les suivantes :

- En 1872-1874, celle de Ladislao Netto, directeur du Musée national de Rio de Janeiro. Il en fit une traduction en portugais et en français; Ernest Renan, qui reçut de lui cette dernière avec une copie de l'original, se rallia à l'opinion de son correspondant.

- En 1968, celle de l'Américain Or Gorden, et du Belge Dr A. Van Den Branden(1).

- En 1969 enfin, celle de l'Allemand Lienhard von Delekat(2).

Ces quatre spécialistes sont d'accord sur l'authenticité et l'origine phénicienne de l'inscription ainsi

que sur son contenu historique, encore que les traductions qu'ils proposent diffèrent entre elles de quelques mots; de trop peu à vrai dire pour que ces variantes modifient le sens général.

Voici donc, ligne par ligne, ce qu'il faut entendre, selon M. A. Van Den Branden :

1 - Nous (sommes) des fils de Canaan, de Sidon, la ville du roi. Et commerce nous a jetés

2 - sur ce rivage lointain, une région des montagnes. Et nous avons offert un sacrifice d'encens aux dieux

3 - et aux déesses, en l'an dix-neuf d'Hiram, notre roi puissant.

4 - Et nous sommes venus d'Ézion-Gaber, dans la mer Sereine. Nous étions partis avec dix bateaux,

5 - et nous étions en mer ensemble (durant) deux ans autour de la terre de Ham, et nous fûmes séparés

6 - par la main de Ba'al, et nous n'étions plus avec nos camarades. Et nous sommes venus ici douze

7 - hommes et trois femmes, sur (ce) rivage lointain, dont moi Mat' astart, le chef,

8 - ai pris possession. Que les dieux et les déesses nous soient propices.

Le savant tire cette conclusion

« La mention du grand roi Hiram, la départ d'Ézion-Gaber, la présence de Phéniciens qui parlent un dialecte si proche de l'hébreu, tout cela semble bien indiquer qu'il faut songer à ce grand roi Hiram, maître de Tyr et de Sidon, et à son ami Salomon, qui, tous les deux ensemble, équipèrent, d'après (1er ROIS, chap. 9, vers. 26-28), des flottes à équipages mixtes phénico-juifs et qui partirent d'Ézion-Gaber, port juif. »

Le mystère qui entoure la stèle de Pouso Alto ne permet sans doute pas de faire entrer de plain-pied dans l'histoire le fabuleux périple d'un Christophe Colomb d'un autre âge; mais il incite à méditer l'audace des navigateurs des temps bibliques, portés par un « bois fragile » sur les « flots cruels », et confiés par l'auteur de la Sagesse à la gouverne de la providence.

P. Émile EDDE

 

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1.« L'inscription phénicienne de Paraïba » (Brésil); dans la revue « Melto », No 2: cf. « Les Phéniciens et la découverte de l'Amérique » d'Émile Eddé.

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2.« Phönizier in Amerika » (in Bonner Biblische, Beiträge 32) Bonn.

En ce temps-là, la Bible No 55 pages II-III.

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