Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

FRERES ORIENTAUX OU LES GALATES Nos ancêtres les Gaulois

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  • Du petit royaume gaulois à la grande province romaine


    Les envahisseurs celtes venus de l'ouest qui, au Ille siècle avant notre ère, déferlèrent sur l'Asie Mineure, étaient des Gaulois : ceux que les Grecs appelaient « les Galates ». Par deux fois, Paul rendit visite à ces « barbares » : au cours de ses seconds et troisième voyages missionnaires (ACTES, chap. 16, vers. 6; chap. 18, vers. 23 ). C'est à lui surtout, beaucoup plus qu'aux rares historiens de l'Antiquité médiocrement intéressés par leurs versatiles alliances, qu'ils doivent de n'être pas tombés dans l'oubli : selon la plus ancienne tradition, une épître leur est effectivement adressée.

    Les origines et l'histoire des Gaulois d'Asie demeurent encore pour une bonne part mystérieuses. On sait qu'au IVe siècle avant J.-C. des tribus venues d'Europe occidentale déferlèrent d'abord sur l'Illyrie (aujourd'hui l'Albanie) et la Macédoine. Elles parvinrent ensuite jusqu'en Asie Mineure et ravagèrent toutes les régions de l'ouest et du centre.

    Le premier monarque à leur résister fut Antiochus 1er, roi de Syrie (261-261 avant J.-C.) ; il y gagna son surnom de Sôter : « le Sauveur ». Les Galates s'attaquèrent ensuite au royaume d'Attale 1er, roi de Pergame (241-197 avant J.-C.) qui, lui aussi, les repoussa brillamment et réussit à les confiner dans une région écartée (en Phrygie et en Cappadoce) où ils se fixèrent définitivement, et à laquelle on donna le nom de Galatie, tiré de celui de ses nouveaux habitants.

    La Galatie s'étendait sur cent cinquante kilomètres environ du nord au sud, et trois cents d'est en ouest, dans une région qui, à quelques arpents près, est sans doute la plus monotone d'Asie mineure. Les arbres y sont rares, les hivers longs, les étés brûlants. Seuls d'immenses troupeaux de moutons et de chèvres angoras peuplent ces paysages désolés. A leur arrivée, les Galates trouvèrent là une pacifique population phrygienne dont ils se rendirent rapidement maîtres malgré leur petit nombre, et constituèrent une aristocratie guerrière qui s'installa dans de gros bourgs fortifiés et y vivait entourée d'un luxe rude et barbare.

    De fait, Tite-Live et Polybe décrivent ces remuants guerriers comme totalement étrangers aux raffinements de la civilisation grecque : ils combattaient tout nus, sans ordre ni tactique, armés de longues épées et de larges boucliers de bois. Leur mode de vie fruste, loin des grandes villes, préserva longtemps leurs coutumes indigènes. Ainsi saint Jérôme raconte-t-il qu'au IVe siècle de notre ère ils parlaient encore entre eux leur dialecte gaulois, même si la plupart connaissaient le grec.

    Un siècle après leur installation en Asie Mineure, ces « barbares » furent défaits par les armées romaines. Ils entrèrent' alors dans l'orbite des rois du Pont. Mais lorsque Mithridate VI, dit « le Grand », le plus célèbre de ceux-ci, déclara la guerre à Rome, les Galates se rangèrent aux côtés des Romains. Mithridate, furieux, organisa un raid de représailles en Galatie et massacra beaucoup de ses anciens alliés infidèles (en 86 avant notre ère). Vingt ans plus tard, Mithridate fut à son tour définitivement battu par Pompée, et Rome étendit son empire à toute l'Asie Mineure. Le peuple des Galates étant composé de trois tribus, le Romain nomma à leur tête trois tétrarques (en 64 avant J.-C.). L'un d'eux, Deiotarus, le plus puissant et le plus ambitieux, réussira bientôt par l'intrigue et le meurtre à se faire reconnaître roi par Rome.

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    Du petit royaume gaulois à la grande province romaine

    Après sa mort, en 39, son secrétaire Amyntas lui succéda sur le trône. Bien qu'il fût allié d'Antoine à Actium, Octave-Auguste le confirma dans ses fonctions royales. Mais lorsqu'il mourut (en 25 avant notre ère), son petit royaume devint « province romaine », ainsi qu'il l'avait lui-même souhaité. Or, pour donner à ce territoire exigu une consistance administrative suffisante, Auguste va lui rattacher plusieurs régions avoisinantes : au nord, la Paphlagonie et une partie du Pont; la Phrygie à l'ouest; et au sud, la Pisidie, une partie de la Pamphylie, de la Lycaonie, de l'Isaurie et de la Cilicie. C'est cette « Galatie méridionale », où sont tracées quelques routes, et parsemée de villes d'inégale importance, telles Antioche de Pisidie, Iconium, Lystres, Derbé, où les Juifs se sont installés nombreux; Paul la parcourut dès son premier voyage (ACTES, chap. 13 à 14, vers. 19).

    On verra que tous les exégètes ne sont pas d'accord sur les destinataires de la sévère épître de Paul : depuis quelques décennies, certains auteurs pensent aux « Néo-Galates » du sud, de préférence aux véritables Galates : les Celtes de la vraie « Galatie », celle du nord.

    Mais si ce problème humain intéresse les historiens, la solution qu'on lui donne ne change rien à l'enseignement de l'Apôtre, « car je vous le déclare, dit-il, l'Évangile qui vous a été prêché par moi n'est pas de l'homme » (AUX GALATES, chap. 1, vers. 11 ) : il est bien le même pour les Juifs, les « Grecs »... et les Gaulois.

    M.-C. HALPERN

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    En ce temps-là, la Bible No 89

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