Il y a eu, en tout temps, des Juifs en Hongrie. Mais ce n'est qu'au 18ème siècle qu'ils ont afflué dans ce pays, et cela parce que l'acquisition de la Galicie par l'impératrice Marie-Thérèse (1717-1780) leur ouvrait alors l'accès à la Hongrie. Selon les statistiques hongroises, il y avait en 1785 en Hongrie 75.000 juifs; en 1805, leur nombre s'élevait à 128.000 et en 1840, à plus de 240.000. D'après les statistiques mondiales du judaïsme, la Hongrie, après les événements du recensement de 1830, avec ses 840.000 Juifs - 5,1% de l'ensemble de la population -, occupait le 4ème rang.
Au cours des cent dernières années, les juifs sont entrés en masse dans les villes en raison du fait que leurs portes s'ouvraient grâce aux pensées libérales des années 30 et 40 du siècle précédent. Voilà pourquoi ils occupent aujourd'hui une forte position dans le commerce citadin. Dans les villes (à l'exception de Budapest), le nombre total des commerçants est de 54.000, dont 20.000 sont juifs. D'une importance capitale pour le judaïsme est assurément Budapest, la capitale, où vivent les trois quarts des juifs de Hongrie.
Extrait des archives officielles de Nuremberg Tiré du discours prononcé au Reichstag par Hitler en 1939: «Une nouvelle guerre mondiale signifierait la destruction de la race juive en Europe.» (Document 2663 PS/Beweisstück US-268).
Dans le journal «Völkischen Beobachter», édition de Munich, du 1er février 1939, page 6, le discours d'Hitler du 30 janvier 1939 au Reichstag est cité comme suit: «Je veux être de nouveau aujourd'hui un prophète: Si le monde de la finance juive devait réussir, à l'intérieur et en dehors de l'Europe, à précipiter les peuples une fois encore dans une guerre universelle, le résultat n'en serait pas la bolchevisation de la terre et la victoire du judaïsme, mais bien la destruction de la race juive en Europe. »
Ainsi, par ce discours, Hitler annonçait, une fois de plus, devant le monde entier, la complète destruction de tous les juifs d'Europe. Entre-temps, l'oeuvre d'anéantissement battait son plein dans les pays occupés par l'Allemagne nazie et dans ceux de ses alliés: des centaines de milliers de juifs étaient soit abattus, soit gazés ou encore utilisés dans du «travail obligatoire».
Un héros suédois à Budapest
Cet homme svelte d'une trentaine d'années, qui, le 9 juillet 1944, descendait à Budapest du train de Berlin, fut salué par la délégation suédoise comme d'attaché Raoul Wallenberg». Ce jeune diplomate était issu d'une riche famille de banquiers.
Les soucis que se faisait la Hongrie au sujet des juifs vivant dans le pays et menacés de déportation ne faisaient que croître au fur et à mesure que les mois de guerre passaient. Hitler s'était attelé en mars 1944 à la persécution des juifs en Hongrie, et Adolf Eichmann, le «maître des chambres à gaz», ordonna pour des dizaines de milliers de juifs une marche de 240 kilomètres sur le chemin vers la mort.
Raoul Wallenberg suivait en voiture ces gens destinés à mourir; il put libérer 4.000 de ses protégés. Quant aux autres malheureux, il organisa, avec la Croix-Rouge, des convois de camions afin de distribuer des denrées alimentaires, des vêtements chauds et des médicaments à ceux qui devaient continuer leur marche.
Les Allemands décidèrent de se débarrasser de cet encombrant Suédois. Mais il disparut soudainement sans laisser de trace, et il poursuivit son activité clandestinement. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Wallenberg put sauver des dizaines de milliers de juifs. Mais après 1945, pour des raisons non encore expliquées, il se retira en Union soviétique.
Les synagogues et les assemblées
Comme déjà écrit, trois quarts des juifs de Hongrie vivent à Budapest. En outre, des communautés juives existent dans des grandes villes comme Pécs, Szeged, Cyör, Miskolc et Debrecen. On compte plus de 25 synagogues avec un nombre correspondant de rabbins en fonction, une assemblée rabbinique ainsi qu'un tribunal orthodoxe et un autre du rabbinat (Beth-Din). Le journal «Uj Elet» (Vie nouvelle) donne des informations concernant la vie des juifs hongrois; et depuis peu, ils ont leur propre édition.
La Grande Synagogue de Budapest - qui peut contenir 3.000 personnes - a été construite en 1854-1859 par le Viennois Ludwig Förster en style roman. A l'époque, elle servait à une communauté juive fort vivante. Ses murs sont en briques rouges et blanches; ses ornements sont en céramique; des vitraux colorés renforcent à l'intérieur l'impression de grand espace. A côté du bâtiment principal se trouve un mausolée entouré d'arcades, bâti en 1929-1931. C'est le monument érigé en mémoire des dix mille Juifs hongrois tombés durant la Première Guerre mondiale. Il faut aussi y ajouter les morts du ghetto installé après l'occupation allemande de 1944. On a, depuis 1932, aménagé dans un autre bâtiment le Musée du pays pour la foi judaïque et l'histoire juive. Il sert, d'une part, à réintroduire dans la tradition judaïque les juifs de Hongrie devenus étrangers à la foi des pères; et d'autre part, à assurer aux juifs de l'ancien bloc de l'Est un centre de formation pour les futurs rabbins. Mais les décennies de l'après-guerre ont détruit les synagogues hongroises. Les maisons de prières encore en fonction ou déjà délaissées proclament, par leur désolation, l'extinction d'une culture.
Antisémitisme et holocauste
L'antisémitisme n'a pas épargné la communauté juive de Hongrie; il s'est fait nettement sentir à l'école des rabbins. Dès les années 20, et pour la première fois en Europe - sous le régime Horthy - un numerus clausus a été introduit à l'université pour les étudiants juifs. Quand les Allemands occupèrent la Hongrie en 1944, le séminaire fut confisqué, et des milliers de juifs furent déportés dans des camps de la mort.
Avec l'occupation de la Hongrie commença l'«Opération Margaret» en vue de la liquidation physique des juifs, laquelle se fit à un rythme rapide. jusqu'en 1945, 560.000 d'entre eux périrent dans les camps de concentration allemands, dans des travaux forcés ou comme victimes des commandos de la terreur. La responsabilité de la persécution des juifs ne se limite pas aux seuls criminels de guerre; non, c'est toute la société qui est coupable.
En novembre 1956, il y eut 20.000 juifs parmi les quelque 250.000 citoyens hongrois qui quittèrent le pays. Beaucoup d'entre eux craignaient une nouvelle vague antisémite. 100.000 Juifs environ vivent actuellement en Hongrie.
LE PROFESSEUR MARK ZONIS
Nouvelles d'Israël 08 / 1999