LA REVELATION-HISTOIRE
L'apologète Francis A. Schaeffer a publié en 1972 une explication des origines intitulée « Genesis in Space and Time » ; le programme de cette lecture du livre de la Genèse allait à contre-courant : lire les débuts dans les catégories de l'espace et du temps, c'était se refuser au doute sur les commencements de l'histoire, écarter la séparation entre l'éternité et le temps, croire que l'oeuvre du Dieu infini peut se manifester dans l'histoire du monde, être prononcée dans notre langage ; expliquer la Genèse dans l'espace et dans le temps, voulait dire : réhabiliter l'histoire, rattacher la vérité révélée par Dieu à des faits. Jean Daniélou exprimait une préoccupation voisine dans son traité sur « Le mystère de l'histoire » : la foi chrétienne est un compte-rendu fidèle des oeuvres du salut réalisées dans l'histoire ; si le christianisme n'est pas une religion de l'évolution ou du devenir, s'il n'enseigne aucune forme de salut par l'histoire et les oeuvres humaines, si le but des textes de la Révélation transmis demeure un royaume éternel, une cité impérissable (1 Pi 1:25 ; Hé 12 : 27,28), ce qui échappe à l'usure du temps, le christianisme reste solidaire d'une histoire documentaire, il enseigne une histoire du salut qui se présente dans les faits de l'histoire et du temps, accessibles à la conscience de l'historien (Lc 1:1-4). La foi du coeur recommandée par l'apôtre des Gentils croise très exactement des faits objectifs : réduire la portée des faits, c'est enlever la foi (1 Co 15 : 1 - 19). On a beaucoup insisté en certains milieux, sur le « pro me », le « pour moi » de Luther. Joseph Ratzinger, dans son « Introduction » à la foi catholique, souligne cet aspect : mais Luther et Calvin sont des théologiens de l'histoire car leur foi personnelle ne peut être séparée de l'adhésion à l'Ecriture comme texte et celui-ci est un compte-rendu de faits historiques objectifs. Il existe donc une correspondance entre la foi, l'Ecriture et l'histoire. Ce que je crois doit être signifié dans la révélation propositionnelle historique, et celle-ci renvoie à l'ordre des faits.1*
La révélation proposée dans une histoire, devait heurter profondément la mentalité antique qui ne voyait nulle certitude (Lc 1 : 4 ; 1 Ti 1 : 15) dans l'historia. Les mythes des anciens annulent toute l'histoire précise.
L'idéalisme considère le monde supérieur comme un intelligible immobile ; les lois de l'univers, celles des cités et des peuples, ne sont que des reflets lointains ou des corruptions. L'historiographie des grecs dissout l'histoire dans le multiple, elle refuse tout sens à notre devenir. Aristote opposait la science à l'histoire : les récits de l'historien ne procurent aucune connaissance. Il est remarquable que l'Evangéliste Luc introduit le mot certitude dans le prologue de son récit historique (Lc 1:4), là même où les philosophes grecs auraient souligné l'incertitude !
Les conceptions modernes du devenir qui surgissent au XVIIIe siècle - histoire du progrès, salut par les lettres, les sciences et les arts (voir la célèbre lettre de Voltaire à Jean-Jacques Rousseau du 30 août 1755), les projets de paix universelle du genre humain, supposent un sens de l'histoire que les anciens ne connaissaient
pas. Ces conceptions du temps sont des histoires chrétiennes déviées et sécularisées, des «hérésies chrétiennes», qui ont remplacé le Christ et l'`éternel royaume par un médiateur temporel : classe, parti, nation, peuple éclairé, etc. L`apologétique chrétienne peut aisément démontrer aux théoriciens des sociétés industrielles modernes, que la pensée biblique leur a donné le sens de l'histoire. Karl Marx n'a jamais cessé de voir dans le christianisme la religion absolue, elle seule conjoint le fini à l'infini en Christ, et ce thème ne peut être dépassé dans le cadre de la religion.
L'ETERNITE ET LE TEMPS
L'Occident, en sa représentation des choses, oppose l'éternité et le temps ; or, le système biblique pose le temps comme un aspect de la création et fait donc de notre devenir, une oeuvre de l'Eternel. La Bible adhère donc, au présent, à l'instant ! Chaque moment de l'histoire est une occasion donnée à l'homme de rencontrer Dieu, l'instant favorable au salut (Hé 3 : 7, 13, 15 ). La Parole biblique peut se prononcer sur la valeur de notre aujourd'hui, présence actuelle du sujet au monde et à l'histoire, car cet aujourd'hui de notre existence est « l'aujourd'hui de Dieu » (voir la forte analyse de Hé 4 :7). Une telle conception du temps adhère à la réalité du fait donné (eph'hapax), une fois pour toutes (Hé 10 : 10 ; Ju 3 : Ro 5), mais le déroulement des événements de l'histoire s'opère « dans le projet éternel de Dieu » (Hé 9 : 14). Le fait historique donné eph'hapax signifie une unique appropriation du temps par l'Eternel, et le phénomène de la prophétie qui prédit un événement avant qu'il apparaisse (Voir Michée 5) renforce encore ce sentiment de dépendance (Hé 4 : 12, 13).
Le temps biblique empêche la dissolution de l'histoire dans le multiple insignifiant, de même que la répétition et le retour du passé ; « c'est en vertu de cette volonté (de Dieu) que nous sommes sanctifiés par l'offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes » (Hé 10 : 10).
VALEUR DU RECIT HISTORIQUE
Un fait historique appartient au passé. Vécu à des degrés divers par les contemporains, l'événement nous parvient par le moyen de témoignages. Il ne peut être transmis aux successeurs que par l'intermédiaire d'un bon récit historiographique. Ainsi notre conscience du monde passé est liée au récit (Lc 1:1-4). Eric Weil a écrit une importante étude sur « Valeur et dignité du récit historiographique », et on peut saisir l'enjeu du sujet traité.
Pendant son ministère, Jésus s'est appuyé constamment sur les textes de l'ancienne alliance ; il a toujours cru que ces textes étaient historiquement vrais ; il les a interprétés comme des récits historiographiques (y compris pour les débuts de l'histoire mondiale, voir Mt 19 :4-6 et pour l'aventure de Jonas, voir Lc 11:29-31). Il est impossible de traiter la question de la valeur de 1`histoire et de son sens, hors de la possibilité du compte-rendu historique correct. La révélation-histoire suppose un tel compte-rendu.
L'ASPECT HISTORIQUE
Le temps historique est un prolongement de l'ordre créé. C'est ainsi que notre histoire manifeste les oeuvres de Dieu. La nature visible montre les perfections de la divinité (Ro 1 :19) ; l'administration des temps atteste également l'action de la Providence de Dieu creator et rector mundi - en dépit des fautes, du péché originel et des péchés historiques ; c'est que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein» (Ro 8 :28) - y compris les erreurs, les fautes et les péchés, commentait Saint Augustin.
Cet aspect de l'histoire qui continue l'ordre créé, ne correspond nullement à ce que les modernes appellent« notre histoire » en partant du motif nature-liberté du XVIIIe siècle, ou du marxisme. Les philosophes dressent la liberté historique du sujet contre le monde (voir Sartre) ou l'enlisent dans les contenus matériels (Merleau-Ponty, Lefort, Lévi-Strauss) ; ils conservent souvent les principes de la philosophie allemande de la fin du XlXe siècle : « l'homme est dans l'histoire », « l'homme est historique », « l'homme est histoire» (voir A. Toynbee, Raymond Aron, Anna Harendt).
Les théologiens qui sont séduits par l'histoire décrivent l'aspiration des humains à une plénitude et parlent en même temps de « l'historicité essentielle de l'homme » (H. De Lubac, Karl Rahner). Ces idées, actuellement très répandues, ne parviennent pas à maintenir le sens biblique du temps, cette relation à vrai dire mystérieuse entre l'Eternel qui veut et l'histoire humaine qui réalise cette volonté au détail près (voir le Christ dans Mt 6 :26-34 ; Paul en Ac 17).
LA GRACE COMMUNE
En raison de la catastrophe originelle (Ge 3 ; Ro 5), les auteurs chrétiens ont interprété notre devenir dans des notions spéciales. Les Pères, comme Justin et Irénée, voient avant tout en Christ la réalisation des prophéties. Augustin insiste sur le combat des deux cités qui correspondent aux deux esprits qui luttent au cours du temps « jusqu'à la fin ». En poursuivant la réflexion de Calvin, le grand hollandais Abraham Kuyper a insisté sur l'existence d'une grâce universelle de Dieu qui parcourt toute l'administration des temps et limite les effets de la chute originelle, en permettant - malgré les drames historiques et les conflits - un développement de l'humanité civilisée. L'action historique est le produit de la chute, elle ne peut que correspondre au programme de Satan en Ge 3 :4,5. La réalisation totale du programme entraînerait une « dé création » de l'homme, une chute qui situerait celui-ci au-dessous de l'animal ; la grâce commune universelle de Dieu est une grâce des temps historiques, qui limite l'intensité du péché ; elle permet une vie normale et l'expansion des oeuvres de la culture (Ge 4 : 15 ; 9 : 1 ,8-17 ; 11 :9 etc).
L'état politique armé, chargé de la protection d`une collectivité contre ceux qui lui veulent du mal (Ro 13 :3,4) représente une institution typique de la grâce commune, et il existe quantité d`autres institutions nationales et internationales qui sont des fruits utiles de cette grâce. Qu'on n'imagine surtout pas que l'oeuvre de civilisation provient d'une prétendue lumière de notre nature (voir Calvin). L'homme historique, corrompu par le péché, est spirituellement mort, incapable du bien (Ge 4:8 : 6 :3,11 ; Ro 3 :9-20 ; Ep 2 :1). La vision biblique de l'histoire inclut donc la grâce commune comme un principe très important. Cornélius Van Til a intégré logiquement sa théorie de l'histoire dans un ensemble portant sur cette grâce commune (En France. des idées très voisines ont été développées par A. Lecerf).
LES LOIS HISTORIQUES
L'Ecriture place notre histoire en dépendance d'une volonté personnelle
- celle de Dieu. Il y a donc une énigme des temps, un mystère de l'histoire (Da 8 :26,27). Mais la Parole contient des formules, des décrets-programmes, qui donnent au devenir mondial des caractères définis. Le sens de l'histoire n'est autre que le développement de l'histoire vers son but conformément à ces décrets.
Il existe, aujourd'hui dans les Eglises, une immense illusion : croire que l'homme peut faire l'histoire, « libérer les captifs », etc... accéder par ses forces « au grand signe divin resplendissant dans les nuées » (Ge 3 : 1 5, 1 6).
La Bible enseigne que Dieu ne discute jamais avec l'homme pécheur. Le christianisme est une religion de l'autorité. Les décrets divins déterminent l'histoire fixant son sens, et même l'Antichrist final ne parviendra pas à lever ces décrets, lui dont les jours sont déjà comptés (Da 8 :25 ;11 :19,40,45).
Le devenir humain est placé sous le signe de l'inimitié : autonomie revendiquée dans la révolte initiale (Ge 3 :4,5), irréductible séparation des consciences historiques. Tous les projets utopiques avancés dans l'histoire. les « solutions finales » dignes et indignes imaginées par les hommes s'y heurtent (Lc 2 : 34,35). La terrible loi des alternances des époques contraires (Ec 3 : 1 - 11 ), l'incertitude de l'ici-bas (Ec 2 : 12), balaient les aspirations de l'homme de la volonté historique - « ce qui est tordu ne peut être redressé, et ce qui manque ne peut être compté » (Ec 1 :15). L'histoire n'est pas droite. et seuls peuvent s'étonner ceux qui oublient « que ce sont des insectes morts qui font fermenter l'huile du parfumeur » ( Ec 1 0 : 1 ).
Les vents du désert qui vont et viennent, tournent et retournent, et reviennent enfin vers leurs circuits (Ec 1:4-7), montrent au voyageur des temps historiques, qu`il n'est pour lui nulle espérance dans les entreprises humaines (Ps 2 :1-5). Mais ce qui manque sera comblé au coeur même de l'histoire (Ec 1: 15), car du violent sortira le doux, et du monstre qui tue et déchire viendra le miel du salut (Jg 14 : 14).
LA PROPHETIE DE SAMSON
Une controverse a opposé en France, il y a quelques années, les partisans d'une histoire contradictoire, dialectique (Eric Weil). à ceux du mécanisme historique. Les livres de l'Ecclésiaste et de Daniel témoignent tout à la foi en faveur des deux thèses :
l'histoire n'est pas droite (Ec 3 : 10 ; 5 : IX : 7 :29), mais elle a un sens (Ec 12 :14 ; fin de Da 12). Cependant (précision de poids, c'est le grand a-priori des auteurs bibliques !), « le Dieu droit a fait (créé) les hommes droits à l'origine » (Ec 7 :29). Une autre histoire était donc possible. une histoire faite en lieu. une oeuvre des temps réalisée hors de la séparation, de l'inimitié décrétée et de la contradiction.
L'énigme de Samson (Jg 14 : 14) énonce une prophétie sur le développement de l'histoire : « De celui qui mange est sorti le manger, et du fort est sorti la douceur ». En des circonstances précises (Jg 21 :24), une prophétie annonce la défaite finale du malin. La Bible place l'histoire dans le mouvement d'une dialectique, à vrai dire bien différente de celle des modernes. Ceux-ci sont résignés à la violence, ils croient à l'histoire, et considèrent la violence comme accoucheuse de la société juste. La dialectique divine exige le cadavre du lion (Jg 14 :5,6), et c'est le corps déchiqueté de l'animal séchant au soleil qui recèle le miel de l'abondance (Jg 14 : 7-9). Le lion symbolise l'oeuvre de l'homme de la volonté historique ; il tue et déchire à l'image même de la tragique histoire du péché et de la mort. La croix de Jésus-Christ est la victoire sur le mal, c'est elle qui écrase la tête du serpent (Ge 3 : 15), qui laisse au sommet de la colline le corps du lion mort (Jg 14 :6).
Dieu n'accepte pas l'oeuvre dans l'histoire du péché. Nous qui sommes habitués à la violence des temps historiques, croyons trop souvent à la résignation de Dieu, et nous ne frémissons pas d'indignation devant le spectacle de la douleur et de la mort (Jn Il :38). Les théologiens qui pensent libérer les hommes de l'oppression par les luttes, ont oublié que la dialectique divine dirigeant notre histoire, ne s'appuie jamais sur l'oeuvre du lion, elle exige son cadavre.
LES RESSEMBLANCES DU MONDE HISTORIQUE
L'histoire humaine dévoyée par le péché, demeure une oeuvre de Dieu (Ec 3 : 11) ! Il est donc normal avec les lumières de la foi (Ps 36) de la considérer dans sa dimension Une et plurielle en analogie avec la trinité divine.
Une, histoire délivre des enseignements. Daniel, le prophète du destin des nations, illustre cet aspect du temps. L'auteur, déporté à Babylone en 604 av. J.C., a connu la domination chaldéenne sur l'Orient ancien (2 :37), puis la période médo-perse. Il a rédigé ses mémoires d'homme d'état probablement entre 540 et 520, sous les règnes de Cyrus (559-530) et Cambyse (530-522). Le livre de Daniel rassemble des matériaux historiques divers et notamment des observations, des conjectures, des prophéties concernant l'avenir du monde. Il est possible que l'ultime mise en forme du livre ait été l'oeuvre d'un des trois compagnons de Daniel. Daniel a connu les prestiges de Babylone, les contradictions de l'Empire des Perses ; il a discerné la montée en puissance des cités maritimes et des grecs, prévu l'inévitable antagonisme du grand Empire continental avec les nations de la mer (avant Mac Kinder !) ; enfin, Daniel trace les grandes lignes prophétiques de la fin des temps. Cette façon d`explorer le temps ne nous paraît pas très scientifique - car nous avons perdu (hélas !) sous l'influence de la philosophie des lumières ce sens de l'évolution du temps, ces vérités prophétiques qui éclairent notre situation dans le présent. Franchissant les siècles qui le séparent des temps de la fin (Da 7 :22,28 ; 8 :19,26 ; 9 :27 ; 10 : 1), l'auteur aperçoit, au delà des conflits qui opposent le peuple de lieu aux païens, la figure du dernier empire de l'histoire humaine. L'auteur croit donc aux ressemblances de l'histoire, et il n'hésite pas à utiliser ses observations pour décrire des événements très lointains qui ferment l'histoire mondiale. On ne peut pas réduire les visions de Daniel à des manipulations d'historien (Da 10 : 1), mais on relève son sens remarquable des ressemblances ou des analogies.
L'OBEISSANCE DU CHRETIEN DANS L'HISTOIRE
Notre Dieu, en ses décrets supérieurs, dirige toute l'histoire jusqu'à la moisson (Mt 13:30). Ceci suffit à écarter toute peur devant l'histoire, à empêcher une sorte de retrait du monde qui ne tiendrait pas compte de la souveraineté absolue de Dieu sur l'évolution des temps historiques et de déterminisme qui conduit nécessairement l'histoire vers une fin conformément au projet divin (Da 2 : 44,45).
Qu'on y prête attention : la prophétie des quatre empires de Daniel (chap. 2) fixe définitivement le cours de toute l'histoire avec des périodes bien marquées, des jours comptés. Du point de vue de la conscience divine, l'histoire est déjà faite, entièrement déployée sous le regard de Dieu (Da 9 : 25-27, voir toute l'admirable prière du prophète). La présence de l'homme de
Dieu au monde et à l'histoire se trouve donc, par là même, justifiée. A propos de cette présence, il est indispensable de poser quelques principes. Bien évidemment, le croyant doit respecter les commandements de Dieu, agir dans le monde en fonction des vérités historiques révélées (Jn 17 :15,16). De plus, la question du discernement des temps vécus doit entrer dans les comptes: la grâce ouverte par le Christ en Lc 4 :14-20, représente une dispensation, une administration des temps, qui contraste ,avec l'époque des patriarches. celle de la promesse faite à Abraham, du ministère d'Israël. La présence du croyant au monde moderne ne saurait être identifiée à celle des anciens qui vivaient une autre dispensation du temps. L'histoire des alliances qui précédèrent le règne de la grâce, doit « servir d'exemple » : l'auteur de la lettre aux Hébreux fait de nombreuses comparaisons entre la situation des Israélites pendant la période de la foi et la situation des croyants vivant la nouvelle administration de la grâce (Hé 3 et 4). On retrouve une fois encore, sous la lettre de l'auteur inconnu, ce sens des ressemblances qui était déjà très développé dans le livre de Daniel.
L'aventure humaine n'est pas absurde, l'homme n'est pas une « passion inutile» (Sartre), l'histoire ne représente en aucune façon un chaos inintelligible (contre les thèses de « Regard sur le monde actuel » et du « Discours sur l'histoire »).
A chaque époque du monde, Dieu n`est jamais sans témoignage, et la Parole de Dieu est claire, suffisante, perspicace, universelle et parfaite. Un aspect important doit encore être souligné: les nations évangélisées sont tenues de rester fidèles aux traces, aux marques certaines, de l'intervention de Dieu dans le temps. L'une de ces marques s'appelle Israël. Dieu n'a pas rejeté le peuple élu (Ro 11:1) ; la chute des Juifs méconnaissant en Christ la réalité du Messie promis a été richesse pour les Gentils (Ro 11 :12).
Avant cette plénitude annoncée par l'apôtre (v. 12), c'est-à-dire la conversion d'Israël, les nations doivent faire droit au peuple élu, respecter le dessein de miséricorde qui a donné aux Juifs l'excellence de la révélation des alliances et de la loi (Ps 119 ; Ro 3: 1,2).
S'imaginer que le Magnificat de la vierge (Lc 1 :46-55) contient un poison mortel pour l'Occident, croire qu'il faut atténuer les enseignements des « turbulentes Ecritures orientales », n'est-ce pas s'opposer ouvertement au plan de Dieu, et tomber dans l'apostasie (Hé 6 :4-8 ; 10 :26-31).
Alain PROBST
Ichthus 1986-3