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BYBLOS - comme Bible - La ville du Livre

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BYBLOS, nom grec de la riche cité phénicienne des Giblites, située au nord de Béryte (actuelle Beyrouth ), et appelée Goubla dans les textes cunéiformes, Gébal dans les textes bibliques, évoque à juste titre le nom que nous employons pour désigner l'ensemble des textes sacrés.

En grec, « byblos » désigne le papyrus. Comme le Maroc a donné son nom aux « maroquins », cuirs originellement importés de ce pays, Byblos a donné le sien au papyrus, dont elle était dans l'Antiquité l'exportateur le plus réputé - Avec le papyrus, vint un temps où l'on composa les premiers livres (en grec : ta biblia), et le Livre par excellence (biblion) : la Bible.

 

La ville des Giblites n'est en fait citée que deux ou trois fois dans la Bible et à travers des interprétations pas toujours certaines, mais toutes les civilisations auxquelles de près ou de loin le peuple choisi eut affaire ont laisse là des traces. Byblos est en effet une des plus anciennes villes du monde, sinon la plus ancienne, qui ait jamais été habitée sans interruption jusqu'à notre ère, et ses ruines offrent un raccourci saisissant de cette longue histoire.

C'est vers l'an 5000 av. J.-C., plus de 3000 ans avant Abraham, qu'on y situe les premiers établissements humains.

Mille ans plus tard, on trouve un grand port de commerce, ceinture de remparts, où toutes les rues convergent vers un réservoir d'eau douce qui alimente toute la ville.

On célèbre les cultes d'un dieu : Réchef, et d'une déesse : Ba'alat-Gebal (Gebal est le nom phénicien de Byblos) qui ont chacun leur temple. Ba'alat se confondra avec cette Astarté qui souvent détourna le peuple d'Israël de ses devoirs envers Yahvé : « C'est qu'il m'a délaisse, qu'il s'est prosterne devant Astarté..., et qu'il n'a pas suivi mes voies » (1 Rois, chap. 11, vers. 33). Les rapports commerciaux sont denses avec l'Egypte. Les forêts libanaises, aux conifères déjà fameux, sont mises en coupe réglée car les Egyptiens ont besoin de bois d'oeuvre et de bateaux. Byblos devient très riche.

 

Peu avant l'an 2000 av. J:C. des envahisseurs amorrhéens s'en emparent, l'incendient et s'installent sur les lieux. Les nouveaux maîtres de la Phénicie vont rapidement s'adapter à sa civilisation qui, elle-même,s'enrichira sous leur influence de maints usages pratiques et religieux d'origine mésopotamienne. Le commerce reprend donc à Byblos, par qui la Phénicie devient si puissante que les pharaons s'en inquiètent.

Les temples sur l'acropole (1) regorgent de richesses conservées dans de grandes jarres enfouies sous le sol. A la déesse, on offre des bijoux magnifiques; cependant que les poignards de bronze, les longues têtes de lance sont destinées à Réchef, dieu de la guerre, dont le temple est orné d'un curieux assortiment d'obélisques de toutes sortes et de toutes tailles. Les souverains amorrhéens défunts n'étaient pas moins somptueusement honorés. Dans des chambres souterraines, ils reposaient, le sceptre royal à la main, entourés d'un précieux mobilier.

Il y a 32 siècles :

l'écriture alphabétique Vers 1750, alors qu'Abraham nomadise en Canaan,les Hyksos envahissent à leur tour Byblos dont les habitants, les Giblites, abandonnent la ville haute. Au XVle siècle avant notre ère, l'armée de Pharaon chasse les Hyksos, et la cité va devenir protectorat égyptien pendant quatre siècles.

Au Xllle s. av. J.-C. apparaît en Phénicie l'indice sûr d'une des plus importantes découvertes de notre civilisation:l'écriture alphabétique. Byblos peut s'enorgueillir de posséder l'une des premières inscriptions alphabétiques du monde : celle qui orne le tombeau du roi Ahiram (Xlle s. av. notre ère) maudissant quiconque troublera « ce lieu de repos éternel ». C'est une écriture cursive établie pour écrire couramment sur le papyrus et qui se répandit avec lui dans tout le monde méditerranéen ainsi que dans le sud-est asiatique,d'où elle gagna le monde entier.

 

Hormis la Chine, l'écriture phénicienne passa, au lXe s. av. J.-C., chez les Grecs qui l'adaptèrent considérablement, y ajoutèrent des voyelles et l'écrivirent de gauche à droite et non plus dans le sens inverse comme le faisaient les Phéniciens ou, encore, les Hébreux. C'est toujours cette écriture qui est la nôtre, après de multiples transformations.

Des ouvriers pour le temple de Salomon Vers 1880 av. J.-C., les « peuples de la mer » ravagent à nouveau Byblos. Mais la ville renaîtra bientôt et se libérera de l'emprise de l'Egypte affaiblie. Chez ses voisins, elle n'a rien perdu de sa réputation. Salomon fait appel à ses ouvriers pour le travail du bois : « Les ouvriers de Salomon et ceux de Hiram et les Giblites taillèrent et mirent en place le bois et la pierre pour la construction du temple » (le' livre des Rois, chap. 5, vers. 32).

La cité phénicienne sera ensuite soumise aux Assyriens, puis aux Perses, mais elle conservera une remarquable prospérité.

Aux temps hellénistiques, après la conquête d'Alexandre (lVe s. av. J.-C.). un culte mystique se développa. Celui du beau dieu Adonis, qui, chaque année, renaît et puis meurt passionnément fête par les fidèles en transe, Ba'alat-Astarté sera son épouse.

Puis les armées romaines conduites par Pompée, en 63 av. J.-C. marchent sur Byblos, et ce sont les empereurs romains qui vont lui donner une dernière magnificence : ils y font construire un théâtre, un grand temple, sept thermes, une immense colonnade qui aboutit à une fontaine monumentale.

Mais, malgré ces dernières splendeurs, Byblos se meurt. Les collines alentour, jadis couvertes de forêts luxuriantes, ne sont plus que ravines désolées. La ville sainte d'Adonis sera rasée par Constantin, le premier empereur chrétien, tandis que les navires charges de marchandises délaissent le port qui aujourd'hui n'est plus qu'un gros bourg côtier du Liban : Djebail.

M. C. HALPERN

En ce temps-là, la Bible No 11 pages II-III.

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