Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Babylone

Jadis, "l'orgueil des Chaldéens"et qui ne fut jamais rebâtie dans la suite des générations (Isaïe, chap. 13, vers. 19-20)

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  • Les jardins suspendus une des «7 merveilles du monde»
  • Au sommet le « lit» d'Ishtar


    Au coeur de la plaine mésopotamienne, à quelque 160 kilomètres au sud-est de Bagdad, la capitale irakienne, les eaux sombres de l'Euphrate reflètent des ruines chaotiques et désolées que le sable et le vent disputent à la curiosité des touristes. Malgré la pauvreté de ces vestiges de briques qui peuvent décevoir le visiteur moderne, le site fut identifié dès le XIle siècle de notre ère : c'est bien celui de la grande Babylone qui fit l'admiration et la terreur du monde antique, au temps où le Dieu d'Israël châtiait par elle les infidélités de son peuple.

    Aujourd'hui les ruines sont largement dégagées, mais seul le visiteur averti peut se faire, à partir de ce qu'il voit, une idée de la cité prestigieuse de Nabukodonosor, le grand bâtisseur (DANIEL, chap. 4, vers. 27). La ville s'élevait alors sur les deux rives de l'Euphrate, solidement défendue par deux lignes d'enceintes doubles pourvues de tours. Le rempart intérieur, long de 8 km, était constitué de deux murs, l'un large de 6,5 mètres, l'autre de 4 environ.

    Tout autour courait un fossé de briques et de bitume empli des eaux du fleuve. Plus à l'extérieur se dressait une autre muraille, longue de 18 km : elle mettait à l'abri les paysans d'alentour, à la première alerte.

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    Les jardins suspendus une des «7 merveilles du monde»

    Deux palais fortifiés, voisins l'un de l'autre, complétaient ce solide système de défense. Celui du sud, immense, reste impressionnant : de forme trapézoïdale, long de plus de 300 mètres et mesurant près de 200 mètres de largeur, il se composait de cinq blocs juxtaposés, dotés chacun d'une cour.

    On y pénétrait par un vestibule permettant l'accès à la première de ces cours sur laquelle s'ouvraient les salles des gardes; sur une deuxième, les appartements des fonctionnaires; sur une troisième, la plus imposante, la salle du trône: là se tenait le roi, au fond d'une niche.

    Des murs épais protégeaient la résidence privée et les appartements de réception qui donnaient sur la quatrième cour. C'est enfin dans le cinquième et dernier « quartier » que l'on situe le harem.

    L'agencement de cet immense palais était ainsi entièrement conçu pour assurer la sécurité du monarque par une série de filtrages successifs.

    Il recelait aussi une des « sept merveilles » du monde antique : les jardins suspendus. Les archéologues ont en effet découvert, à l'angle nord-est du bâtiment, une curieuse structure architecturale formée d'un couloir et de sept pièces voûtées : très probablement les sub-structures des terrasses de maçonnerie où prospérait un véritable petit parc. C'est pour sa jeune épouse Amyitis, fille d'Astyage, en mai de ses montagnes natales, que Nabukodonosor aurait fait ainsi aménager - quelque 1 200 mètres carrés de verdure, dominant les toits de la ville.

    Immédiatement au nord de ce palais-forteresse, il fit construire une nouvelle citadelle où l'on devait entreposer les objets d'art ramenés des campagnes victorieuses. De fait, les archéologues y ont retrouvé toutes sortes de statues, de provenances très diverses.

    A l'est de ce dispositif se trouvait la porte d'Ishtar dont les murs étaient ornés de reliefs en briques émaillées : taureaux et dragons. Par là pénétrait la célèbre « voie processionnelle » que le roi parcourait au Nouvel-An, flanqué des effigies des dieux Mardouk et Nabou (ou Nabu).

    Dès les premiers pas, le cortège longeait un des plus célèbres parmi les innombrables sanctuaires que renfermait la ville : le temple de la déesse Ninmah; mesurant 53 m sur 35, il est construit selon un plan classique chez les Babyloniens : vestibule, cour, première salle précédant la cella, puis la cella elle-même où « habitait » l'image en métal précieux de la divinité.

    Toute l'avenue, longue de près d'un kilomètre et large de 10 à 20 mètres, était pavée de dalles de calcaire scellées au bitume.

    Sur la tranche de chaque bloc, on lisait : « Nabukodonosor, roi de Babylone, fils de Nabopolassar, roi de Babylone, c'est moi. La rue de Babylone, je l'ai pavée avec des blocs de pierre amenés de la montagne pour la procession du grand seigneur Mardouk. Que Mardouk, mon seigneur, m'accorde une vie éternelle! »

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    Au sommet le « lit» d'Ishtar

    On parvenait bientôt au quartier sacré. Deux grands édifices rectangulaires s'y côtoyaient : l'un de 85 mètres sur 79; l'autre de 116 mètres sur 89. « Palais du Ciel et de la Terre», il comportait plusieurs chapelles. Celle de Mardouk était la plus richement décorée : Nabukodonosor en avait recouvert les murs d'or, les plinthes étaient d'albâtre et de lapis-lazuli, et les poutres de cèdre soutenaient un plafond décoré de feuilles d'or lui aussi. Au centre de la salle était placé le trône du dieu, haut de plus d'un mètre cinquante.

    Tout près se dressait la célèbre tour, ziggourat à 7 étages, de 90 mètres de haut, supportant en son sommet un autre sanctuaire : « le lit » de la divinité. De cet édifice gigantesque, les archéologues n'ont rien retrouvé qu'un trou béant où s'infiltrent les eaux de l'Euphrate. Alexandre le Grand en effet avait conçu le téméraire projet de reconstruire entièrement la « Tour de Babel », mais il mourut tandis que s'achevaient à peine les travaux de déblaiement.

    A l'est de la voie processionnelle s'étendait le quartier résidentiel dont les rues, sans être absolument rectilignes, ont un tracé qui marque une nette volonté de régularité et d'harmonie. Il bordait le temple d'Ishtar, la déesse de l'Amour, à laquelle on avait également dédié une porte et plus de 1 80 petits sanctuaires en plein air. C'est pour elle que se prostituaient les Babyloniennes, selon l'étrange coutume que rapporte Hérodote

    « La plus honteuse des lois de Babylone est celle qui oblige toutes les femmes du pays à se rendre une fois dans leur vie au temple d'Aphrodite (« l'Ishtar » des Grecs), pour s'y livrer à un inconnu... Des allées délimitées en tous sens par des cordes tendues permettent aux visiteurs de circuler au milieu d'elles et de faire leur choix... Quelle que soit la somme offerte, la femme ne refuse jamais... Elle suit le premier qui lui jette de l'argent et ne peut repousser personne. Mais, ceci fait, libérée de son devoir envers la déesse, elle retourne chez elle...

    Celles qui sont belles et bien faites sont vite de retour, les laides attendent longtemps sans pouvoir satisfaire à la loi; certaines restent dans le temple pendant trois ou quatre ans. »

    De telles moeurs ont largement contribué à établir la triste réputation de la grande « cité de la débauche ». Ce n'était heureusement pas son seul visage. Ses ruines ont livré aux archéologues des milliers de textes cunéiformes où apparaît un peuple actif, cultivé, solidement organisé. Il s'agit de cylindres de fondation, de documents administratifs, législatifs ou commerciaux, d'oracles ou de présages, de lettres, de nombreuses oeuvres littéraires ou religieuses. Une de ces inscriptions porte témoignage de l'exil des Juifs à Babylone : elle mentionne une distribution de blé et d'huile à « Jehoiakin, fils du roi de Juda ».

    Les majestueux monuments qui faisaient la fierté de Nabukodonosor ne lui survécurent guère, intacts, qu'une centaine d'années. Sans doute Cyrus et ses successeurs achéménides se parèrent-ils encore du titre de « roi de Babylone » après avoir ravagé et conquis la cité jadis « glorieuse entre les royaumes ». Mais jamais plus celle-ci ne redevint « la couronne de l'orgueil chaldéen » (ISAIE, chap. 13, vers. 19). Et depuis vingt siècles ses restes tragiques, à l'abandon, semblent attester les malédictions portées dans les oracles des prophètes.

  • M.-C. HALPERN

    En ce temps-là, la Bible No 6 1 pages II- III.