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AVENIR DU PASSE

Après les Extra-Terrestres, les dinosaures se vendent bien

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En octobre sortira, en Suisse et en France, le film de Steven Spielberg, Jurassic Park», dont le lancement aurait coûté 90 millions de dollars aux Etats-Unis et qui est à l'origine d'une «dinomania» effrénée. L'exploitation de ce thème mythique n'a pourtant pas attendu cette réalisation: le dragon à gueule fumante de la légende allemande Siegfried (1876) et le fameux monstre du Loch Ness en témoignent. Le marketing, bien sûr, en amplifie l'impact: livres illustrés, jouets, maquettes, friandises, T-shirts, timbres, pin's, etc. jusqu'au très sérieux Bureau de Recherches géologiques et minières français (BRGM) qui n'hésite pas à mettre en scène, dans ses albums BD de vulgarisation scientifique, deux adorables «bakouzs», espèces de gentils dinosaures miniatures.

Mais que connaît-on de certain sur les dinosaures et quel est le sens profond de l'engouement qu'ils suscitent?

Le mot dinosaure associe deux termes grecs: «deinos», c'est-à-dire terrible, et «sauros», lézard. En clair: terrible reptile. Les dinosaures devaient en être, en effet. Les premiers vestiges fossiles, d'impressionnantes dimensions, en furent découverts et décrits voilà plus d'un siècle et demi. On en recense à présent quelque 800 espèces marines, terrestres et aériennes, toutes depuis fort longtemps disparues, dont l'aire d'expansion fut mondiale. Leur fossilisation livre des squelettes, des oeufs et des empreintes (révélant l'amplitude de leurs pas) observables dans les grands musées d'histoire naturelle. La plupart de ces animaux étaient végétariens, les autres carnivores comme leur dentition permet de l'établir. Leur taille apparaît extrêmement diversifiée, du plus petit reptile de 2 à 3 kilos aux fameux Brontosaure et Diplodocus pouvant atteindre 35 m de long, 14 m de haut et un poids supérieur à 50 tonnes (record inégalé dans le monde animal). La tête de ces mastodontes était pourtant proportionnellement minuscule puisque leur crâne possède une capacité cervicale inférieure à celle d'un mouton! C'est au cours des 20 dernières années que la plus grande quantité de dinosaures fossilisés, souvent entiers, a été découverte, notamment en Chine.

A la fin des années 70, on a trouvé, aux Etats-Unis, un gisement fossile d'oeufs, d'embryons et de jeunes dinosaures à divers stades de développement. D'intéressantes conclusions en ont été tirées. On ignore toutefois beaucoup de choses sur ces animaux énormes, par exemple la couleur et la texture de leur peau ou même leur comportement. Certains spécialistes prétendent voir dans les crocodiles, les iguanes ou les rhinocéros leurs derniers représentants. Quand on sait que plusieurs millions d'espèces animales terrestres n'ont pas été recensées et que des milliers s'éteignent chaque année, à combien peut-on estimer le nombre de celles qui disparaissent sans que nous ayons même connu leur existence? Ce n'est pas le cas des dinosaures, assez nombreux, assez gros, assez mondialement répartis pour avoir marqué leur présence de manière indélébile.

On pourrait épiloguer sur la chronologie de celle-ci ainsi que sur la disparition massive de ces différentes espèces. Un fait est certain: aucun vestige humain fossilisé n'a été découvert dans les couches sédimentaires correspondantes. Ceci confirmerait bien qu'il s'agit là d'animaux «préhistoriques». Alors, pourquoi chercher à faire revivre un si lointain passé? Pourquoi commettre l'erreur de mêler l'homme à une faune terrifiante dont on ignore tant de choses?

Certains de nos contemporains aiment «se faire peur». C'est le mobile des amateurs de films d'épouvante. Ceux-ci leur permettent de cristalliser en un cauchemar éveillé, comme pour mieux s'en débarrasser, les craintes et les peurs réelles plus ou moins précises que crée en eux le monde actuel. Par ailleurs, devant la destruction progressive de la nature par les activités humaines, la «dinomania» exprime aussi, vraisemblablement, une certaine culpabilité écologique, un remords quant aux espèces actuelles en voie de disparition, comme le rhinocéros. On peut ajouter aussi le désir intérieur d'éternité et d'immortalité qui pousse à faire renaître des êtres d'un autre âge, comme si la mort n'existait plus. Enfin, et c'est probablement le plus grave, on retrouve la séduction inconsciente de la force aveugle, malfaisante et destructrice, d'origine occulte, désignée dans la Bible comme le Léviathan (Ps. 104, 26), ou crocodile, symbole de la puissance ennemie, voire de Satan lui-même.

Nous savons que Dieu est le Créateur. Mais devant les mystères qui demeurent, sans entrer dans le débat entre évolutionnistes et créationnistes, le mieux n'est-il pas de nous borner à reconnaître la Toute-puissance et la Toute science de Dieu? Evitons de céder aux sirènes à la mode. Plutôt que de nous attarder sur un passé relevant, sur bien des points, de l'hypothétique, préférons porter nos regards en avant, dans la perspective du rétablissement de «toutes choses» où «loups et agneaux paîtront ensemble, où le lion mangera du fourrage et où le serpent, mordant la poussière, ne fera plus ni mal, ni destruction» (Es. 65, 25, version «Bible du Semeur).

Henri Gras

AVENEMENT Octobre 1993 No 64

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