Les vieux quartiers de la ville sainte n'ont pas encore livré tous leurs secrets, et chaque prospection des archéologues, spécialement dans la « quartier juif », est une aventure passionnante qui rejoint souvent celle du récit biblique. Tout récemment, le professeur israélien Nachman Aviged vient par exemple de dégager, sur une longueur de vingt-cinq mètres et une hauteur de deux mètres environ, les fondations d'un magnifique rempart aux pierres grossièrement équarries, épais de plus de sept mètres. Or des fragments de poterie, incrustés entre les pierres des fondations ou épars alentour, permettent sans conteste de dater l'ouvrage du VIIe siècle avant notre ère : du temps de Manassé ou Josias, rois de Juda.
L'ancienne « ville haute » qui était, jusqu'en 1 948, divisée d'une manière fort classique en quatre « quartiers » au sens propre du terme : chrétien, musulman, juif et arménien, fait actuellement l'objet d'un vaste programme de restauration. Les travaux relèvent tout naturellement des urbanistes préoccupés de l'avenir, mais les archéologues, vigilants prospecteurs du passé, gardent les yeux grands ouverts sur les chantiers. C'est ainsi qu'ils ont découvert et authentifié la muraille antique qui apporte, selon le Pr Avigad, la preuve qu'avant la chute de Jérusalem sous les coups de l'armée de Nabukodonosor, et la déportation des habitants (2e ROIS, chap. 25, vers. 8-11), la ville sainte s'était déjà largement étendue vers l'ouest.
Cette muraille appartient sans doute à l'enceinte, écroulée en grande part, qu'inspecta Néhémie lors de sa première mission (NÉHÉMIE, chap. 2, vers. 13-15) et qu'il releva ou remplaça. Les fouilles actuelles n'ont cependant pas jusqu'ici révélé de traces bien convaincantes des reconstructions urbaines datant du Ve siècle av. J.-C. Les spécialistes supposent que, malgré la réparation de tous les remparts, cette partie de la ville resta inhabitée pendant deux siècles environ : il semble que les Juifs qui revenaient d'Exil se soient contentés de repeupler la ville basse de David située plus à l'est. C'est seulement trois cents ans plus lard qu'un bâtiment asmonéen, édifié donc sous le « règne » d'un des princes issus des Maccabées, s'adossa à la muraille dans ce secteur.
D'Hérode le grand à l'empereur Justinien...
L'équipe qui travaille sur le site a également mis au jour des vestiges archéologiques d'époques plus récentes :
- Un important édifice hérodien orné de colonnes. D'après ce qu'il en reste, on a pu estimer que celles-ci devaient atteindre une hauteur de 12 mètres; elles étaient surmontées d'élégants chapiteaux, stylisés, dont un exemplaire a été retrouvé.
- Une vaste demeure résidentielle du 1er siècle av. J.-C., couvrant une surface de 230 m2. Cette « villa » comprenait une cour intérieure, des installations de bains, des citernes et de nombreuses chambres. L'un des murs était creusé de trois niches où gisaient les restes de jarres ayant contenu du vin.
- Des thermes de l'époque byzantine (Ve ou Vle siècle. de notre ère), avec une baignoire de marbre intacte et trois chaufferies souterraines. - Enfin les fondations d'une église qui serait celle de Sainte-Marie-la-Neuve, édifiée en 543 par l'empereur d'Orient Justinien 1er, et qui serait restée ouverte au culte au moins jusqu'au IXe siècle.
Tout autour de ces vestiges majestueux, une nouvelle cité va bientôt s'ériger; elle fera revivre ce quartier riche de tant de souvenirs, à travers les deux « Testaments ».
M.-C. HALPERN
En ce temps-là, la Bible No 53 pages II-III.