Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

32 siècles après, la stèle de Ménephtah nous apprend pourquoi Israël n'attaqua pas le pays de Canaan par le Sud.

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Le livre des Nombres. que nos lecteurs connaissent, rapporte comment après une exploration du pays de Canaan par des éléments de reconnaissance, très impressionnés certes par la richesse mais aussi par la puissance des adversaires qu'il fallait affronter pour entrer dans la « Terre promise ». Le peuple d'Israël parvenu à Cadès, frontière sud de Canaan. dut renoncer au plan initial et faire un large détour pour revenir prendre ses positions par delà le Jourdain, sur la frontière de l'est. en vue de l'invasion.


La Bible donne certes à cette manoeuvre des motifs qu'aucun historien ne saurait discuter : Yahvé punit de cette manière ceux qui ont manqué de foi en Lui, en sa promesse, et en sa toute-puissance. Mais rien n'empêche de constater, lorsque l'occasion s'en présente, comment l'accomplissement des desseins de Dieu paraissent s'harmoniser parfois de façon évidente avec les faits connus autrement qu'à travers le texte biblique. Rationaliste, on verra là une adaptation a posteriori faite par l'auteur sacré qui écrit après l'événement dont il a connaissance, et dont il pouvait tirer parti. Raisonnant et raisonnable, on peut aussi considérer tout bonnement que Dieu est maître de tout... et aussi de l'histoire profane des hommes. Rien ne s'oppose à ce qu'elle recoupe çà et là l' « Histoire sainte » ; la première n'engageant d'ailleurs jamais la seconde, pour ce que celle-ci apporte d'enseignements inspirés.

Il se trouve qu'outre les motivations issues de la juste colère de Yahvé à la suite de la révolte de son peuple près de Cadés (Nombres, chap. 14), il existe des raisons militaires, dignes d'être prises en considération par les hommes avisés que devaient être Moïse et les chefs des Hébreux, pour que les tribus d'Israël « changent de direction » et fassent un crochet « dans la direction de la mer Rouge » avant de revenir, bien plus tard, sur leur objectif.

Nous sommes, d'un avis quasi unanime, dans les décennies qui précédent immédiatement l'an 1200 av. J.-C. C'est l'époque où commence la décadence de l'empire égyptien devant les incursions de plus en plus puissantes des« peuples de la mer » dans les territoires théoriquement soumis à Pharaon. Le delta du Nil n'en est pas lui-même exempt. Le danger à l'ouest est en Libye, et l'armée égyptienne devra livrer sur son propre territoire une grande bataille contre l'envahisseur venu de ce pays. Il est aussi à l'est avec, par exemple, le débarquement sur la côte de Canaan des Philistins, qui semble bien se situer à cette date :

les espions des Hébreux partis de Cadés n'en font pas encore mention, mais Josué les rencontrera lors de la conquête de la Terre promise (Josué, chap. 13, vers. 2 et suivants). Cette menace est aggravée par la présence des Hittites, contre qui Ramsés Il a déjà dû guerroyer sur l'Oronte, près de la Cadés du nord, vers 1285 av. J.-C.

Or voici que la stèle découverte dans le temple des morts de Ménephtah (1235-1224 env. av.

J.-C.; un des successeurs de Ramsés II), à Thèbes, relate une campagne victorieuse des forces égyptiennes sur ce qui sera désormais appelée « la Palestine ».

Ebranlée, affaiblie, l'Egypte était encore singulièrement redoutable au regard de ce que pouvait être l'armée constituée par les guerriers des douze tribus errantes du désert. Humainement, mieux valait laisser le champ libre à Pharaon qui ne pouvait, lui, que pénétrer par le sud en Canaan, et qu'affaiblir, par la guerre qu'il y allait mener, les redoutables places fortes et les peuples qu'on affronterait un jour.

Le nom d'Israël sur un monument égyptien Le texte gravé sur cette stèle est éloquent : « La joie règne en Egypte,... le pays des Hittites est pacifié, Canaan est conquis avec tous ses peuples, Ascalon est soumise, Gézer emportée, Yéonam ruinée. » Et pour la première et unique fois, le nom même d'Israël figure ici sur un monument égyptien. On peut y lire : « Israël est ravagé. » Comment l'expliquer?

Peut-être certaines fractions du peuple hébreu, suivant une autre voie que celle de Moïse, eurent-elles affaire aux troupes de Ménephtah. Peut-être aussi le pays' d'où était venu Jacob-lsraël, et que les Hébreux revendiquaient notoirement, est-il seul visé ?

Quoi qu'il en soit, cette pièce rare; jette peut-être un jour nouveau sur les hésitations d'Israël au seuil, méridional de la Terre promise, et permet-elle de fixer une date approximative aux événements rapportés par les Nombres, de Cadès-Barné aux plaines de Moab : autour de 1230 av. J.-C.

En ce temps-là, la Bible No 14 pages II- III.

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