Les Eglises protestantes publient un texte favorable à l'admission de pasteurs homosexuels

 

Les églises réformées et luthériennes de France doivent rendre public, vendredi 25 octobre, un document intitulé "Eglise et homosexualité", qui est le prélude à une décision sur l'admission au ministère pastoral de candidats revendiquant leur homosexualité et la célébration éventuelle de bénédictions de couples homosexuels. Ce texte de réflexion va être envoyé à toutes les Eglises locales, qui débattront du sujet et rendront leurs conclusions en juin 2003. Les instances nationales adopteront ensuite une position à partir de ces réactions.

Rédigé sous la direction du Conseil permanent luthéro-réformé (CPLR), qui rassemble les quatre Eglises réformées et luthériennes de France et d'Alsace-Lorraine, le document ne s'oppose pas à l'admission de pasteurs homosexuels : "L'orientation sexuelle en soi n'est pas un argument de refus : les critères d'embauche ne doivent pas être basés sur une orientation sexuelle, mais bien sur des capacités humaines et des compétences professionnelles indépendantes de la sexualité." Cependant, le texte mentionne "la limite de l'acceptable" : "Un pasteur qui ne saurait garder à son homosexualité son caractère privé, ou qui en ferait une militance publique, aura dépassé cette limite."

Le CPLR exprime ensuite des réserves sur la célébration d'un culte public de bénédiction de couples homosexuels : "Il ne nous semble pas adéquat que l'Eglise institue publiquement des situations qui ne sont que particulières, même si elles sont aujourd'hui davantage acceptées. Car, par l'impact de sa parole publique et la force symbolique de ses rites, l'Eglise risque de contribuer, bien malgré elle, à la confusion actuelle qui voudrait faire croire que tout se vaut et s'équivaut. (...) En refusant de bénir une union homosexuelle, l'Eglise signifierait officiellement qu'elle considère que la relation du couple homosexuel relève d'abord du particulier et qu'elle ne peut prétendre à s'ériger en modèle d'identification au même titre que la relation du couple hétérosexuel."

LE RÉSULTAT D'UN COMPROMIS

Les rédacteurs du document tiennent néanmoins à souligner que la question "n'est pas de savoir si un couple homosexuel est capable de s'aimer vraiment et de s'engager dans la durée : il en est sûrement tout aussi capable qu'un couple mixte". Ils invitent les Eglises locales à "introduire de la souplesse dans leur fonctionnement au lieu de se paralyser elles-mêmes en s'enfermant dans le piège d'une règle générale et uniformisante, ou au contraire, en se perdant dans l'absence de règles et de repères". Le document évoque la recherche, par certaines Eglises protestantes occidentales, d'une "troisième voie (...) entre le refus et l'acceptation inconditionnelle" des bénédictions de couples homosexuels.

Les conclusions du CPLR se situent en retrait par rapport à un document interne de l'Eglise réformée de France (ERF), dont l'existence a été révélée en mai par l'hebdomadaire Témoignage chrétien. A partir d'une analyse des textes bibliques, ce texte parvenait à la conclusion suivante : "Comment refuser une parole de bénédiction et des signes sur l'union de deux personnes qui s'engagent dans la durée, la fidélité et l'amour ? La demande de bénédiction d'un couple homosexuel doit être reçue, écoutée, travaillée avec autant de sérieux que l'est une demande venant d'un couple hétérosexuel."

Le document rendu public vendredi 25 octobre apparaît donc comme le résultat d'un compromis entre tendances libérales et conservatrices des Eglises. En le présentant aux membres de son Eglise, le pasteur Marcel Manoël, président de l'ERF, ne dissimule pas que le risque est celui d'un éclatement des Eglises : "Nous avons conscience que ces débats risquent de diviser les membres de nos communautés, car des positions très différentes existent parmi nous."

(Le Monde) ajouté le 25/10/2002

Trouvé sur http://voxdei2.free.fr/infos Point Final - Informations chrétiennes et eschatologiques au quotidien.