L'Afrique attend 60 millions de morts du SIDA...

 

NDLR: Rappelons les théories malthusianistes de nos penseurs occidentaux, dont Jean-Yves Cousteau: "Il vaut mieux laisser des maladies endémiques détruire des populations entières dans certains pays, afin de rétablir l'équilibre démographique de la planète"...

La 14e conférence internationale sur le sida, qui se tient cette semaine à Barcelone, est une énième grand-messe où l'impuissance le disputera à l'horreur. Sous le regard velléitaire, mais au fond indifférent, des pays riches.

En 2000, à Durban, les laboratoires pharmaceutiques avaient fait les frais de la 13e conférence internationale sur le sida, vilipendés pour leur rapacité. Au terme d'une lutte sans merci, les Abbott et les Merck cédèrent : ils vendraient leurs trithérapies à prix coûtant aux pays pauvres et laisseraient ceux qui le peuvent produire des génériques. Le coût du traitement d'une personne pendant un an «passait brusquement de 12 000 à 400 euros», rapporte le quotidien espagnol «El País».

Malgré cela, l'épidémie a gagné en virulence : «Le sida tue actuellement une personne toutes les 11 secondes, et une nouvelle contamination intervient toutes les 6 secondes», témoigne «Le Soir». Ce qui porte le nombre d'individus porteurs du VIH (le virus que l'essentiel de la communauté scientifique considère comme responsable du sida) à «40 millions dans le monde», prévient «El País», qui signale que «95 % de ces malades se trouvent dans les pays en voie de développement». Depuis qu'il a été identifié, «environ 20 millions de personnes sont mortes du sida», note «Le Soir».

C'est dans ce contexte que la 14e conférence internationale sur le sida s'est ouverte dimanche 7 juillet à Barcelone, pour se clore vendredi 12 juillet. Une conférence qui «pourrait prendre des allures de tribunal dans lequel les gouvernements prendront visiblement la place des laboratoires pharmaceutiques au banc des accusés», estime «Le Soir».

«Une certaine lâcheté du monde politique»

En 2001, en effet, les pays riches du G7, plus la Russie, ont promis de verser un peu plus de 10 milliards d'euros à un fonds spécial consacré à la lutte contre le sida. Une somme censée être renouvelée chaque année jusqu'à ce que l'épidémie soit enrayée. Las, à ce jour, «seulement 27 % de cette somme ont été versés», rapporte «El País», «les Etats-Unis étant les plus mauvais payeurs», poursuit le quotidien.

Le Belge Peter Piot, directeur exécutif d'ONUSIDA, le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida, peut bien déclarer avec véhémence, à la tribune d'ouverture de la conférence, que les 17 000 participants «ne sont pas venus là pour entendre de nouvelles promesses, mais pour que celles faites soient tenues», il s'agite malheureusement sans aucun moyen de pression face à ce que «Le Soir» appelle «une certaine lâcheté du monde politique».

«The Monitor» de Kampala prend moins de gants. Pour lui, «cette conférence est une fête pour les célébrités, avec Bill Clinton et Nelson Mandela en guests stars». Le quotidien ougandais ne s'arrête pas là : «Les conférences aussi coûtent cher, et elles perpétuent le mensonge éhonté qu'aujourd'hui les riches font quelque chose pour lutter contre l'épidémie.»

A l'Ouest, tout va mieux

Un sentiment d'abandon bien compréhensible : l'Afrique est laminée par le sida, encore plus que l'Asie du Sud-Est ou l'Europe de l'Est, juste derrière. «The Herald» d'Harare se permet une étonnante comparaison : «En une génération, notre continent va perdre plus d'habitants que ce que la traite des Noirs lui a volé en quatre cents ans, soit plus de 60 millions d'êtres humains.» En 2001, 2,2 millions d'Africains sont morts du sida et 3,5 millions ont été infectés», poursuit le «New Vision» de Kampala, les 15-24 ans représentant environ la moitié de ces nouveaux cas. «Quel sens cela a-t-il alors de parler de Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) quand l'épidémie s'attaque aux forces vives de la nation ?»

La maladie se propage évidemment ailleurs qu'en Afrique. Par exemple, même si les chiffres de la Russie et de la Chine sont peu fiables et mal connus - probablement autour de 750 000 cas pour la première et de 850 000 pour la seconde -, ces deux pays sont des foyers de prolifération où l'épidémie va sous peu prendre des proportions terrifiantes, compte tenu que les gouvernements commencent juste à en prendre conscience.

«Et nous n'en sommes qu'au début», prévient AllAfrica.com. Le site d'information sur l'Afrique a interrogé Neff Walker, un épidémiologiste, qui reconnaît que le VIH échappe à tous les modèles d'évolution, à tel point que pour lui la catastrophe pourrait être à venir. AllAfrica.com rappelle que, sur la planète, «730 000 personnes bénéficient des meilleurs traitements, comme les trithérapies, dont plus de 500 000 vivent à l'Ouest, où, en 2001, il n'y a eu 'que' 25 000 morts».

(Courrier International) ajouté le 8/7/2002

Trouvé sur http://voxdei2.free.fr/infos Point Final - Informations chrétiennes et eschatologiques au quotidien.