Terrorisme: Comment Riyad tient Washington, les dessous de l'économie pétrolière mondiale
George W. Bush a beau faire, y compris aller explorer le sous-sol des ex-républiques soviétiques, tous les chemins de l'or noir mènent à l'Arabie saoudite. Et pour longtemps encore, malgré la guerre qui s'engage
Deux fois au moins en mai dernier, George Bush senior a appelé le prince Abdallah. L'ancien président tenait à rassurer l'homme fort du régime saoudien, héritier présumé du roi Fahd, sur les positions de son fils, George Bush Jr, président des Etats-Unis, à propos de la question palestinienne. Le seul vrai nuage entre le premier producteur de pétrole du monde et le premier consommateur. Pour le reste, avec un niveau des cours du brut proche de 28 dollars par baril, tout allait bien.
Aujourd'hui, ce serait plutôt Bush junior qui aurait besoin d'être rassuré. En 1990, lors de la guerre du Golfe, les enjeux étaient tellement plus nets. L'Irak faisait l'unanimité dans la détestation, tout à la fois renié par les religieux, honni par toutes les monarchies du Golfe et exécré par l'Iran, son adversaire vaincu d'une guerre longue et dure. Après avoir envahi le Koweït et mis la main sur une production de 1 million de barils par jour, il menaçait directement l'Arabie saoudite, ses 7 millions de barils par jour de production, et une grande partie de l'approvisionnement mondial.
Onze ans plus tard, le Proche-Orient pétrolier paraît plus explosif que jamais. Si incertain pour l'Amérique. Frédéric Lasserre, responsable de recherche sur les matières premières à la Société générale, souligne: «Comme en 1973 ou en 1990, il aura fallu une crise majeure pour redécouvrir que le pétrole n'est pas une matière première comme une autre.»
«L'Opep dominera à nouveau la scène internationale à partir de 2015»
Mais, au-delà d'un court terme confus à souhait, se dessinent les contours d'un nouvel ordre pétrolier mondial. Patrick Criqui, chercheur au CNRS, commente: «Nous allons entrer dans un monde nouveau.» Celui-ci pourrait bien ne pas faire l'unanimité. Les experts du département américain de l'Energie, de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) et du CNRS ont fait tourner leurs ordinateurs géants. Inclus tous les développements possibles. Envisagé toutes les hypothèses de croissance. Leurs conclusions concordent: à moins d'un miracle quelque part au Canada, dans la région de l'Athabasca, ou en Asie centrale, en mer Caspienne, l'Opep dominera de nouveau la scène pétrolière internationale à partir de 2015. Inéluctablement. Après un quart de siècle de déchirements, d'effacement et de reniements, la part du cartel dans l'approvisionnement mondial devrait ainsi passer de 45 à 60% entre 2010 et 2020.
Les chiffres donnent le tournis. Tous marquent le grand retour des pays du golfe Persique et la fin d'une certaine indépendance des pays industrialisés. Tous entérinent la suprématie retrouvée de l'Arabie saoudite. Normal: avec un quart des réserves de brut mondiales, Riyad dominera longtemps la planète pétrole. George W. Bush, pétrolier et fils de pétrolier, sait que la marge de manoeuvre de Washington est étroite. D'autant plus étroite que les rapports entre la famille Bush et les pays du Golfe sont plus que troublants.
Au contraire de son père, George W. Bush n'a jamais vraiment brillé dans le business pétrolier. Dans les années 80, son principal mérite a été de trouver dans les relations de papa des investisseurs capables de renflouer la société Harken. Cette société de services détenue par des amis de Bush senior avait, elle-même, racheté Arbusto, la propre entreprise de forage de Bush junior en faillite. Parmi ces financiers désintéressés se trouvait, notamment, le cheikh Abdullah Bakhsh, un magnat saoudien connu pour ses liens avec la BCCI, une banque sulfureuse impliquée dans de nombreuses opérations louches avec la CIA. Parallèlement, la présence de George W. Bush chez Harken a certainement facilité l'obtention d'un permis de forage à Bahreïn. Mais le futur président, qui dément toute implication dans ce contrat, a été le seul à vraiment profiter de l'offshore barheïnien: il a revendu ses actions de Harken avec un très coquet bénéfice peu de temps avant que la compagnie n'abandonne ses recherches à Bahreïn, après une campagne d'exploration sans succès. «Bahreïn est un faux nez des Saoudiens qui ont trouvé là un moyen de faire faire des affaires aux Bush», explique un expert anonyme. Plus étonnant encore: peu de temps après la signature du contrat, le représentant de cheikh Bakhsh chez Harken aurait rencontré trois fois le président Bush et son conseiller national pour la sécurité. Objet de la rencontre: une discussion amicale sur la politique moyen-orientale.
Quelle peut être, alors, la liberté d'action de la Maison-Blanche, alors que l'indépendance des Etats-Unis se réduit comme une peau de chagrin? Quand Washington est, aujourd'hui, obligé de se lancer dans une chasse forcenée aux nouvelles réserves. Il y a urgence. Le Texas, si cher à la famille Bush, pompe de moins en moins de brut, à l'image de la production américaine qui n'a cessé de chuter depuis 1985. Conséquence: les importations en provenance principalement du Mexique, du Venezuela et de l'Arabie saoudite ont doublé et le niveau de dépendance envers le pétrole étranger dépasse à présent les 50%. En attendant de grimper encore. Que faire?
Aux Etats-Unis, les espoirs reposent dans l'exploration de deux nouvelles frontières: les eaux profondes du golfe du Mexique, investi par toutes les grandes compagnies anglo-saxonnes, d'Exxon-Mobil à BP Amoco, en passant par Shell et par Chevron, et les solitudes glacées des terres vierges de l'Alaska.
L'Alaska, la province magique, fait encore vibrer les anciens du Big Oil. Le pire et le meilleur: la découverte en 1968 de Prudhoe Bay, troisième gisement mondial derrière Gawar en Arabie saoudite et Burgan au Koweït, mais aussi les écologistes qui bloquent pendant cinq ans l'arrivée de la moindre goutte de brut et, surtout, Mukluk, des tonnes d'eau salée, pas une larme d'huile pour 2 milliards de dollars. Don Young, député en Alaska, plaide pour l'ouverture de nouvelles zones: «Nous dépensons tous les jours 300 millions de dollars pour l'achat de pétrole à l'étranger, alors que nous avons sous nos pieds un quart des réserves prouvées de l'Amérique du Nord.» Les écolos contestent les chiffres. Les majors, elles, attendent, le derrick au pied, certaines que les attentats vont relancer, un jour ou l'autre, le débat sur la sécurité des approvisionnements américains.
«Bush Jr est dans la poche arrière des grandes compagnies»
«Même si les risques écologiques sont majeurs, Bush Jr ouvrira l'Alaska, parce qu'il est dans la poche arrière des grandes compagnies», accusent les démocrates. C'est vrai, l'or noir est un grand dénominateur commun de l'équipe de George W. Bush. Les sociétés pétrolières, texanes notamment, comme Enron, basée à Houston, ont financé dix fois plus la campagne présidentielle de George W. que celle d'Al Gore, son rival démocrate. Pour le reste, le vice-président Dick Cheney est un ancien patron de Halliburton, la première société mondiale de services pétroliers. Il n'a jamais vraiment démenti l'information du Financial Times selon laquelle, sous sa présidence, Halliburton aurait réalisé de - très! - bonnes affaires avec l'Irak officiellement sous embargo. Condoleezza Rice, conseillère de Bush en matière de sécurité, a passé, elle, de nombreuses années au conseil d'administration de Chevron, un des plus gros indépendants pétroliers américains. Reconnaissante, la compagnie avait même baptisé de son nom un pétrolier de 136 000 tonnes.
En attendant, lobby pétrolier ou pas, une hypothétique ouverture de l'Alaska, le plan d'indépendance énergétique de Dick Cheney - un plan de plus après ceux de Richard Nixon, de Gerald Ford et de Jimmy Carter jamais menés à terme - définit un nouvel ordre mondial. Celui-ci passe, notamment, par un rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine. Ironie de l'histoire, pendant de longues années, la CIA avait annoncé que l'URSS, incapable de maintenir sa production, en viendrait à importer.
«En mer Caspienne se joue une véritable partie de go»
Mais les grandes compagnies ont surtout les yeux de Chimène pour l'Asie centrale. La grande affaire des Américains est la mer Caspienne, promue depuis longtemps au rang d' «intérêt vital». On le comprend: les réserves prouvées de la zone se situeraient entre 18 et 34 milliards de barils, soit l'équivalent d'une ou de deux mers du Nord. Alors, quand l'URSS s'est effondrée, les majors se sont précipitées. Ici se joue une vaste partie de go où, sous les yeux de l'Iran, de la Turquie, de la Chine, les Etats-Unis poussent leurs pions par pétroliers interposés, face à l'adversaire russe amoindri, mais déterminé à maintenir son emprise sur d'ex-républiques soviétiques désormais indépendantes.
Reste à résoudre l'épineuse question du partage des eaux et des fonds - en suspens depuis dix ans. Source de multiples provocations et d'infinies disputes entre un Iran mal loti et d'autres riverains infiniment plus riches. «L'absence de traité n'est pas insurmontable, lance un vétéran de la Caspienne. On peut travailler sans...» Avec ou sans traité, la manne est bonne à prendre. Ainsi Chevron avait eu vent, dans les années 80, d'un énorme gisement nommé Tenguiz d'une capacité de 6 à 9 milliards de barils et qui tenait en échec le savoir-faire soviétique. Dix ans après, l'Américain est au travail. Après avoir arraché un accord signé à l'occasion d'un sommet entre Mikhaïl Gorbatchev et George Bush Sr. En 1993, le contrat signé avec Noursultan Nazarbaïev, le patron du Kazakhstan, porte sur 20 milliards de dollars d'investissement sur quarante ans.
Au sud de la mer Caspienne, le rush des compagnies, Amoco et British Petroleum en tête, s'est porté sur l'Azerbaïdjan. Depuis 1994, Bakou a négocié une vingtaine d'accords de partage de production. Investissements prévus à terme: 60 milliards de dollars. Hormis de récentes déconvenues dans les forages, le nombre de concessions qui restent à explorer laissent entrevoir des exportations à hauteur de 2 millions de barils par jour d'ici à 2020.
Mais la question reste posée: comment le pétrole de la mer Caspienne sera-t-il acheminé vers l'Occident? Et à quel prix? Depuis 1995, Washington a jeté son dévolu sur un coûteux oléoduc - quelque 3 milliards de dollars - qui relierait Bakou au port turc de Ceyhan, en Méditerranée. La ligne cumulerait ainsi deux avantages: éviter la Russie sans ajouter au trafic des tankers dans le Bosphore. Longtemps réticents, Chevron et British Petroleum ont fini par se rallier au projet au début de l'année 2001. Dix-huit mois de pétrole à 28 dollars le baril expliquent peut-être leur volte-face.
Les prix, tout est là. Michel Jobert, ministre des Affaires étrangères de Georges Pompidou, n'en a jamais démordu: dans les années 70, ce sont les Etats-Unis, à la demande des majors, qui ont orchestré la flambée des cours avec l'entière complicité des pays du Golfe. Sept ans de grimpette ininterrompue où le baril est passé de 2 à 42 dollars entre l'embargo de 1973 et la guerre entre l'Irak et l'Iran. Tout cela, expliquait cet adversaire farouche de l'AIE, pour favoriser le développement des mines de charbon américaines et l'émergence de nouvelles zones de production hors Opep, chères à développer. Et, au passage, transformer les cow-boys du Texas en émirs.
«En 1975, tout le monde veut investir dans le pétrole de la mer du Nord»
En mer du Nord, le timing a été plus que troublant. En 1969, Philips Petroleum était prêt à jeter l'éponge. Ensuite tout s'est précipité. Ekofisk, Forties, Alwyn, Brent, Frigg, les principaux gisements de la mer la plus dure du monde ont été découverts en 1971. Et, en 1975, c'est le boom. De la veuve écossaise aux grandes banques, tout le monde veut investir dans l'offshore norvégien ou britannique. En 1997, la production - aujourd'hui en déclin - a culminé à 6 millions de barils par jour, environ trois fois celle du Koweït.
«Au départ, les compagnies y allaient doucement. On parlait de coûts de production terribles, entre 25 et 40 dollars, alors que le baril se traînait, et puis il y a eu la flambée des cours», rappelle Jean- François Giannesini, conseiller du président de l'Institut français du pétrole. On connaît la suite: l'arrivée sur le marché de flots de brut non Opep, la montée du nucléaire, le développement des économies d'énergie, et le renversement des cours décidé par cheikh Zaki Yamani, ministre saoudien du Pétrole. Pour les maniaques du grand complot, la chose est claire: «Les Etats-Unis avaient besoin d'alimenter leur croissance avec du brut à bas prix.»
Sûrement! Reste qu'en faisant plonger les cours Yamani espérait fondamentalement purger le marché, regagner le terrain perdu en pratiquant des prix tels qu'ils pénaliseraient les producteurs non membres de l'Opep et, enfin, reprendre l'organisation en main. Convaincue depuis longtemps que seule une stricte discipline de production permettrait d'obtenir de meilleurs tarifs, l'Arabie saoudite en avait plus qu'assez de jouer les gentils régulateurs, alors que d'autres membres de l'organisation, comme le Venezuela, le Nigeria ou l'Iran, trichaient à qui mieux mieux.
Mais, pour la première fois en vingt-cinq ans de carrière, Ahmed Zaki Yamani, pourtant réputé pour la finesse de ses analyses, se trompe. La guerre des prix va toucher beaucoup plus les pays de l'Opep que leurs concurrents. Malmenées elles aussi, les compagnies pétrolières ont affronté le gros temps. Au prix d'une rude restructuration qui durera jusqu'en 1999. Mais c'est dans la technologie qu'elles ont trouvé leur salut. «Les pétroliers ont été forcés d'améliorer leur productivité. Ce qui a permis aux zones non Opep de survivre», souligne Sébastien Barreau, à l'IFP.
A présent, le prix de revient du pétrole de la mer du Nord est compris entre 5 et 10 dollars par baril. Mais les nouvelles réserves qui pourraient contribuer à limiter la future domination de l'Opep restent chères à produire: 22 dollars en moyenne par baril pour le brut extralourd du Venezuela, 17 dollars pour le pétrole de Sibérie, 14 dollars pour celui tiré des sables canadiens et au-dessus de 10 dollars pour l'offshore très profond d'Afrique de l'Ouest.
Pas étonnant que George W. Bush soit un chaud partisan des cours les plus élevés possible. Comme dans les années 70, tenter de desserrer l'étau des pays arabes coûtera cher. Le président se souvient également de 1986, des 12% de chômeurs à Houston, du désespoir des petits producteurs, des immeubles vides, des sociétés et des banques en faillite. Du Texas touché de plein fouet. Il n'était pas le seul. Les revenus des pays exportateurs qui avaient grimpé de 20 à 327 milliards de dollars par an entre 1970 et 1980 sont retombés à 125 milliards à la veille de la guerre du Golfe. Forçant tout le monde à se serrer la ceinture avec plus ou moins de bonheur. L'Arabie saoudite, qui pouvait compter sur les intérêts de ses placements (20 milliards de dollars par an) et de bonnes réserves, avait mieux encaissé le choc que le Nigeria aux prises avec un endettement aussi galopant que sa démographie.
Dissensions, jalousies, tricheries, alors que l'Opep, déchirée, semblait vivre ses derniers jours, les consommateurs américains jubilent. Vive le marché libre! Mais en avril 1986, la politique prend le pas sur l'économie pure. George Bush Sr, alors vice-président de Ronald Reagan, choisit un dîner à Riyad avec le roi Fahd pour lancer un énorme pavé dans la mare: alors que la Maison-Blanche entend ne pas s'en mêler, Bush se fait ouvertement le défenseur d'une augmentation forcée des cours. Il sera vertement critiqué à son retour. Ce sera le début d'une relation de confiance avec le royaume wahhabite, confortée quatre ans plus tard par la guerre du Golfe.
Depuis le mardi sanglant, les cours du brut n'ont cessé de chuter
«Dans l'ensemble, les républicains ont toujours été favorables à des prix élevés», souligne Daniel Yergin, auteur du passionnant ouvrage Les Hommes du pétrole. George Bush Jr n'échappe pas à la règle. «Spencer Abraham, secrétaire d'Etat à l'Energie du gouvernement Bush, se fait rare à Riyad. Sous Clinton, Bill Richardson, lui, fonçait chez les Saoudiens pour hurler dès que le baril augmentait d'un cent», ironise un fin connaisseur du Golfe. Problème: depuis le mardi sanglant, les cours du brut n'ont cessé de chuter. Sans que personne sache où s'arrêtera la descente aux enfers.
L'Opep semble, aujourd'hui, incapable, politiquement, de prendre la seule mesure qui s'impose pour faire remonter les cours. Quoi qu'elle fasse, l'organisation semble coincée. Si le cartel arrivait à regonfler les cours au prix d'une réduction draconienne de sa production de 1,5 million de barils par jour, il serait immédiatement accusé d'alimenter la crise économique. A l'inverse, si elle laisse faire, l'organisation risque - une nouvelle fois - d'imploser. Même l'Arabie saoudite, pourtant prudente en matière de budget, n'y résisterait pas. A l'intérieur, de l'homme de la rue à certains hauts responsables, de plus en plus de voix remettent en question l'alliance avec les Etats-Unis, la présence des bases militaires américaines et l'idée que Riyad puisse autoriser les avions de guerre à utiliser l'espace aérien saoudien pour aller frapper un pays musulman. «Si, en plus, la manne pétrolière est comptée, alors Fahd et son héritier auront de graves problèmes», affirme notre spécialiste.
Tout sauf ça! Parce que, encore et toujours, personne ne peut se passer de l'Arabie saoudite. «Plus que jamais, le pétrole est politique et tout le monde marche sur des oeufs en ce moment», commente Nicolas Sarkis, directeur général du Centre de recherches sur le pétrole arabe. Pour le moment, aucun des grands producteurs pétroliers n'a été ouvertement mis en cause par Washington. Ni l'Iran du Hezbollah, ni l'Irak soupçonné de collusion avec les réseaux d'Oussama ben Laden, et encore moins l'Arabie saoudite, qui a cultivé des rapports plus qu'ambigus avec les taliban.
Les Américains sont d'autant plus prudents que l'équilibre géopolitique a changé depuis la maladie du roi Fahd. Le prince héritier Abdallah est moins tourné vers les Etats-Unis. Plus attaché à unifier le Moyen-Orient pétrolier à l'exception, bien sûr, de l'Irak. Depuis 1997, ce grand amateur de chevaux attaché aux traditions bédouines a tissé des liens étroits avec l'Iran et avec les principaux fournisseurs américains des Etats-Unis, le Venezuela et le Mexique. Le calcul est simple: en comptant les monarchies du Golfe, la fédération informelle pilotée par Riyad représente 30% de la production mondiale et 63% des réserves prouvées. De quoi faire réfléchir à la stabilité de la zone. L'annonce d'un plan massif de soutien à l'économie américaine est peut-être le premier signe envoyé à l'Opep pour inciter les pays exportateurs à organiser la remontée des cours du brut.
George Bush Sr avait raison de rassurer Abdallah: George Bush Jr vient d'annoncer qu'il était favorable à la création d'un Etat palestinien. En 1948, déjà, le roi Ibn Séoud avait menacé les Américains d'utiliser l'arme du pétrole s'ils prenaient partie pour la création de l'Etat d'Israël. Après son gaz naturel, l'Arabie saoudite pourrait confier le développement de son brut aux compagnies privées. Face au lobby juif qui bataille au Congrès au côté des démocrates, les majors piaffent: 35,8 milliards de barils de réserve à un prix de revient de 2 dollars par baril valent bien l'évacuation de quelques territoires occupés.
(L'Express) ajouté le 6/11/2001