Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PRÉFACE DE L'ÉDITION FRANÇAISE

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Booth, nom évocateur de toute une lignée de vaillants pionniers qui ne marchandèrent point leurs fatigues et leurs souffrances pour obéir à la vision céleste; Booth, nom qui sonne comme les notes d'un carillon matinal pour éveiller l'Église du Christ trop souvent appesantie dans une béate torpeur; Booth, celle syllabe fait surgir du passé le visage du patriarche à la barbe fluviale. au visage combinant étrangement douceur et austérité, l'homme à la souriante sévérité qui m'apparut, il y a vingt ans. dans une salle de l'Armée du Salut, dans le quartier de Blackfriars, à Londres.

N'appartenant pas à l'Armée du Salut, je me sens plus libre de dire mon admiration pour la famille Booth; le grand-père, le fondateur de l'Armée, qui se lança dans cette grande aventure de la foi : l'évangélisation de l'East-End, à Londres, et des quartiers les plus disgraciés des cités industrielles d'Angleterre, dont le cerveau puissant conçut cette formidable organisation de l'Armée du bien et de l'amour chrétien, celui qui, après être descendu dans les cercles infernaux de la « sombre Angleterre », résolut avec l'aide de Dieu, d'arracher, au vice et à la misère, leurs proies; Catherine Booth, la mère de l'Armée, la compagne courageuse qui, aux heures difficiles, étaya la foi de son mari et sut écrire, l'âme sereine, au milieu des pires difficultés : « Nous marchons au travers des flots, des orages, et des flammes. Dieu est avec nous. Les Actes des Apôtres vont de nouveau se réaliser. Nous voyons la colonne de nuée et nous devons la suivre. Il est possible que des gens riches et bien élevés nous abandonnent; ils en firent autant quand le Maître s'approcha de la Croix infâme et des foules grossières; mais nous n'y pouvons rien. Nous sommes résolus à nous cramponner à la Croix, oui, à la Croix entre deux brigands, si cela peut sauver les âmes. Nous entendons le Maître nous dire : « je te ferai voir des choses plus grandes que celles-ci. » Avec on sans argent, nous devons aller de l'avant. »

Puis les enfants et petits-enfants de ce couple chrétien le Général actuel, Bramwell Booth, qui continue l'oeuvre de ses parents avec le même esprit de consécration au service de Dieu et du prochain, ses frères et ses soeurs dispersés par le monde entier et luttant vaillamment contre les forces mauvaises, les puissances ténébreuses qui retardent l'avènement du Royaume de Dieu.

Mais tous ceux-là, enfants et petits-enfants de William et Catherine Booth, s'ils connaissent l'âpreté du combat, goûtent aussi les. joies de la lutte : les buveurs relevés, les pécheresses purifiées, la jeunesse conquise et offerte à Dieu avec toutes ses fraîches énergies et tous ses nobles enthousiasmes. Comme le bon ouvrier, le soir, s'endort satisfait, son travail achevé, ainsi les aînés approchent du crépuscule de leur vie avec l'assurance réjouissante d'avoir, eux aussi, achevé la tâche que le Maître leur assigna, prêts à affronter sans crainte le Seigneur et à lui dire : « Me voici et les enfants que tu m'as donnés. »

À la glorieuse descendance, il manquait un représentant des vertus effacées, de la soumission complète à la volonté divine, de la foi patiente, prêle au sacrifice aussi bien qu'au service. capable de redire. dans la solitude de la chambre de malade, Ici paroles du Christ en Gethsémané et sur le Mont du Crâne. « Que ta volonté soit faite et non la mienne... Père, je remets mon esprit entre tes mains. »

Miriam Booth, la fille du Général Bramwell Booth, dont les pages suivantes essayent de raconter l'histoire, est cette représentante. Elle passa par la fournaise de l'épreuve, supportant sans murmure de longues années de souffrances. Sa foi ne défaillit point; dans la fournaise ardente, elle prit conscience de la présence de Dieu son âme ainsi s'enrichit des bénédictions secrètes que l'Éternel réserve à ceux qui souffrent sans se révolter, Toute sa vie enseigne cette vérité qu'elle écrivit pendant les heures douloureuses des derniers mois de sa carrière terrestre : « Travailler pour Dieu est une grande chose. mais accomplir la volonté de Dieu est bien plus grand encore, »

Cette biographie apportera. j'en suis certain, consolations et réconfort à plus d'un malade.
On pourra appliquer à la Capitaine Miriam Booth la parole biblique : « Quoique morte, elle parle encore, » Comme le rocher que Moïse, au désert, frappa de sa verge, laissant couler des eaux abondantes pour le rafraîchissement du peuple de Dieu, ainsi, sous le coup de la douleur, des fleuves d'eaux vives, aux ondes puissantes, jaillirent de l'âme de Miriam Booth pour désaltérer les âmes assoiffées de véritables consolations.

À ceux qui seraient portés à regretter pour Miriam Booth le brusque retrait du champ de bataille et l'apparente stérilité de sa vie terrestre, rappelons la vieille légende anglaise : « Un jour, un riche seigneur fit publier à son de trompe. au moment de la moisson, qu'il ouvrirait son parc ci son palais aux enfants qui lui apporteraient les plus belles glanes. Tous les enfants, désireux de pénétrer dans le beau parc et de connaître le luxe des fameux salons du palais seigneurial, se répandirent par les champs, dès l'aube blanche; toute la journée, ils s'activèrent à recueillir les épis échappés à la faucille des moissonneurs. Le soir venu, fiers de leurs nombreuses glanes, ils se pressaient à la porte du palais, attendant le jugement du seigneur. Seul un bambin, la tête auréolée d'une blonde chevelure, les joues creusées de fossettes rieuses, se présenta les mains vides. Pendant le jour, il avait chanté des chants joyeux pour soutenir le courage des glaneurs; il avait réconforté de ses douces paroles un camarade malhabile à qui il offrit même les quelques glanes qu'il avait ramassées; il était allé puiser de l'eau à la fontaine pour rafraîchir les glaneurs brûlés par le soleil. Maintenant, il ne pouvait rien présenter à l'examen du seigneur.
- Où sont les gerbes ? interrogea la voix sévère du seigneur.

Pour la première fois de la journée, l'enfant se sentit triste et courba la tête. Déjà un des serviteurs se préparait à chasser ce paresseux, mais le seigneur l'arrêta d'un signe et, ouvrant la porte du palais, il montra, dans le vestibule, un monceau d'épis d'or.
- Console-toi, dit-il à l'enfant; les glanes, les voici. J'ai pris soin de les recueillir.
- Mais, sire...
- Elles sont tiennes, reprit le seigneur; ce sont les épis que les chants permirent à tes camarades de recueillir, ceux qu'ils glanèrent, grâce au réconfort de l'eau que tu leur versas, et ceux que ta générosité abandonna à ton ami déshérité. Grâce à toi, aucun épi ne se perdra dans les champs; entre dans mon palais pour y demeurer à toujours. »

Miriam Booth n'a pu amasser elle-même beaucoup d'âmes pour les greniers célestes, mais sa douceur, sa patience, les lettres encourageantes qu'elle écrivit, les Paroles réconfortantes qu'elle prononça, l'exemple qu'elle donna à tous, petits et grands, tout cela aida puissamment ses camarades de l'Armée, leur permit de mieux accomplir leur tâche. Dans le ciel, un jour où les résultats de nos travaux seront manifestés, pour la Capitaine Miriam Booth, comme pour l'enfant de la légende, d'agréables surprises sont réservées. Son âme se réjouira en voyant les fruits de sa vie d'obéissance.

Nous pouvons nous joindre à sa mère pour dire : « Nous remercions Dieu de nous avoir prêté ce magnifique caractère. Le mystère de ses souffrances, que nous pensions être une préparation à une oeuvre particulièrement glorieuse, ici-bas, reste pour nous tout aussi insoluble. Mais, si nous ne comprenons pas aujourd'hui l'action de Dieu, un jour nous "irons comme nous avons été connus. »

En attendant ce jour, puissent ces pages, simple récit d'une vie de patience et d'endurance, aider quelques éprouvés à retrouver le sentiment de la présence divine pendant leurs heures sombres.

Puisse aussi la devise de la Capitaine Miriam : « Faites tout ce qu'Il vous dira... », inspirer notre jeunesse. Ce qu'il le dira, mon jeune frère, ma jeune soeur ? Sans doute ce qu'il disait à ses disciples en leur montrant la foule affamée - « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ce qu'Il le dira, jeune homme plein de vigueur? Certainement les paroles du père à son fils : « Mon fils, va aujourd'hui travailler à ma vigne. » Il vous dira comme aux apôtres Jans le Cénacle : « Je voue, ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. » Il vous répétera : « La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Allez par foui le monde et prêchez l'Évangile à toutes les nations. »

Jeune homme, jeune fille, l'exemple de consécration complète de la Capitaine Miriam Booth ne t'inspirera-t-il pas aujourd'hui le désir de relever l'étendard échappé à sa main mourante et d'accomplir l'oeuvre qu'elle eût aimé faire? À genoux devant Dieu, ne veux-tu pas dire à ton Seigneur et Roi, Jésus-Christ

J'ai les bras, j'ai le coeur d'un vaillant ouvrier;
Je ne veux m'endormir que sur ma gerbe pleine,
Rêvant d'un Maître juste et qui saura payer.
À la vie! à la vie! et tous dans la lumière,
Sur la glèbe et les flots, mains calleuses ou grands [fronts,
 
Moissonneurs de pensées, ramasseurs d'épis blonds,
Tous les hommes à l'oeuvre et les lâches derrière,
Toi, chrétien, en avant! pour sonner les clairons.

LE TRADUCTEUR.

Mars 1928.





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