SECTION VII. - De l'interprétation de la prophétie.

 

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§ 119. Difficultés que présente l'étude de la prophétie. - On a vu déjà combien l'exacte interprétation de certaines portions des Ecritures pouvait quelquefois présenter de difficultés. Ici nous trouvons toutes ces difficultés réunies. Le langage abonde en figures; souvent il est allégorique : les allusions à l'histoire et aux circonstances de l'époque sont nombreuses; la plupart des événements dont il s'agit sont encore à venir, et ne sont révélés que d'une manière confuse. De toutes manières, il importe de donner la plus grande attention à tous les détails (d'une prophétie , si l'on veut arriver à en trouver l'exacte interprétation.

Les prophètes sont quelquefois appelés voyants, parce que les oracles de Dieu leur étaient souvent révélés dans des visions (Nomb. , XXIV, 17. 2 Chron., IX, 29. Ezéch., XXXVII. Habac., II, 1). Plusieurs de ces oracles étaient ensuite mis par écrit pour l'instruction de l'Eglise dans tous les temps, d'autres étaient communiqués de vive voix par les prophètes à leurs contemporains; mais toujours dans un langage empreint des moeurs de l'époque, des habitudes du prophète, de l'état du culte, des circonstances de la nation , autant de choses qu'il faut connaître, autant de causes d'obscurité , autant de sources de difficultés. De là aussi, dans le langage prophétique, de nombreuses particularités dont il faut tenir compte, et que nous allons indiquer.

A. Quant à la détermination des dates.

1° Les prophètes parlent souvent au présent de choses qui appartiennent à un avenir encore bien éloigné. - Ainsi: « l'Enfant nous est né, le Fils nous a été donné (Esaïe, IX, 5. Voyez aussi, XLII, 1 ). »

2° lis parlent au passé de choses à venir. - Ainsi, Esaïe, LIII, presque toute l'histoire du « serviteur de l'Eternel » est racontée comme si elle avait déjà eu lieu: le prophète semble se placer entre le moment de sa mort et celui de sa glorieuse résurrection.

3° Lorsque divers événements sont annoncés, sans que l'époque à laquelle ils doivent arriver soit indiquée d'une manière précise, les prophètes les représentent comme continus, et les placent sur le même plan. Ils voient en quelque sorte l'avenir dans l'espace plutôt que dans le temps; le tout 'parait plus rapproché, et ils tiennent compte de la perspective plutôt que des distances réelles. Ils parlent de l'avenir comme un observateur ordinaire parlerait des étoiles , les groupant d'après la manière dont elles se présentent à lui , et non point d'après leurs distances réelles. - Ainsi, Jér., L, 41 , la première attaque contre Babylone, et la complète destruction de cette puissante cité sont annoncées comme un seul et même événement, sans que rien indique qu'il s'écoulera mille ans entre la conquête des Perses et la disparition de cette ville. - Ainsi encore, Esaïe, X et XI , le prophète annonce que les Juifs seront délivrés du joug de l'Assyrie ; et il confond dans son langage cette délivrance avec celle qui aura pour auteur le Messie. - Esaïe, Michée, Osée, Ezéchiel et Jérémie confondent de même ces deux événements, sans indiquer cependant la part que le Messie prendra à l'un et à l'autre. - Zacharie, qui vivait après l'exil, rapproche la délivrance spirituelle de l'Eglise, encore bien éloignée, de la délivrance bien moins éloignée des Juifs sous Alexandre et sous les Maccabées. - Quand il est parlé de l'humiliation du Messie et de la gloire qui doit suivre, il est bien rarement fait allusion au temps qui doit s'écouler avant l'établissement de son règne. L'une et l'autre sont rapprochées presque dans un même verset (Zach., IX, 9, 10). Joël confond de la même manière la descente du Saint-Esprit aux jours de la Pentecôte, et son effusion dans les derniers temps (II, 28 et suiv.).

Quelquefois des dates précises sont révélées aux prophètes, comme pour le séjour d'Abraham et de sa postérité en Egypte (Gen., XV, 13), - les soixante-cinq ans de répit accordés au royaume d'Ephraïm (Esaïe, VII, 8), la durée de la captivité de Babylone (Jér., XXIX , 10). Mais plus ordinairement les prophètes ignorent les temps et les moments, comme Pierre nous le dit, et comme Zacharie le reconnaît (Zach., XIV, 7. 1 Pierre , I, 10- 12).

Souvent aussi, au lieu d'être représentés comme successifs, les événements sont entrelacés l'un à l'autre, fondus comme s'il s'agissait d'un seul fait. Les derniers chapitres d'Esaïe , et quelques-unes des prophéties de notre Seigneur sur la ruine de Jérusalem et le jugement dernier (Matth., XXIV, 28, 29) en sont les plus frappants exemples.

B. Quant au langage.

L'avenir étant ainsi représenté par des visions et sous une dispensation où les types abondaient, il n'est pas étonnant que la prophétie soit souvent exprimée en un langage figuré, allégorique et symbolique. Si les oracles avaient été présentés dans un langage simple et littéral, ils auraient manqué leur but, ou l'on aurait essayé de prévenir et d'empêcher leur accomplissement, ou bien, au contraire , on l'aurait provoqué par des moyens humains, et dans l'un comme dans l'autre cas, la prophétie accomplie n'aurait plus été une preuve de son origine divine. D'ailleurs, comme toutes les choses terrestres fournissent des images pour peindre et décrire les choses spirituelles, l'économie juive en fournit de même. Le langage emprunté à la nature et le langage tiré de la loi sont l'un et Vautre propres à faire ressortir, d'une manière convenable , l'unité et la grandeur des plans de Dieu.

Dans la dispensation évangélique, par exemple , le Messie est appelé à être roi; aussi les prophètes le représentent sous les traits et avec les caractères des princes les plus distingués de la théocratie juive; plus d'un lui donne même le nom de David qui était, à beaucoup d'égards, l'idéal de l'autorité royale (Osée, III, 5. Jér., XXX, 9. Actes, XIII , 34). Ils décrivent de la même manière son caractère de prophète et de sacrificateur , multipliant dans chaque cas les images qui peuvent le plus rehausser l'idée qu'on doit se faire de ses fonctions et de sa mission (Ps. CX. Zach., VI. Héb., VII). Ils parlent de même de son royaume de grâce ou de gloire, comme étant la plus parfaite et la plus haute expression de l'économie judaïque ; ils l'appellent Jérusalem, ou Sion (Esaïe, LXII, 1, 6, 7; LX, 15-20. Gal., IV, 26-28. Héb., XII, 22. Voyez aussi Esaïe, LX, 6, 7; LXVI, 23; et Bickersteth, Sur les prophéties). L'effusion du Saint-Esprit apparaît à Joël comme une extension générale des trois formes que la révélation a reçues dans l'Ancien-Testament. Zacharie exprime l'idée que toutes les nations adoreront le vrai Dieu, en disant qu'elles se réuniront pour célébrer la fête des Tabernacles (XIV, 16).

L'amour et la fidélité parfaite du peuple de Dieu se résument, pour Osée et pour d'autres, dans l'abandon du culte de Bahal et des dieux de l'Assyrie et de l'Egypte (Zach., XIV, 16. Esaïe, XIX, 19-21. Zach., II, 14. Michée, V). La gloire des temps messianiques est représentée par la prospérité des époques de David et de Salomon (Zach., III, 10. 1 Rois, IV, 25 ) ; la paix universelle, par l'union de Juda et d'Israël (Osée, I, 11. Esaïe , XI , 13). - C'est de la même manière encore que les ennemis du règne du Messie sont désignés non-seulement sous les noms généraux donnés aux ennemis de l'ancienne théocratie, tels que les nations d'entre les Gentils , mais souvent sous le nom particulier de l'un ou de l'autre de ces peuples ennemis qui se distinguèrent le plus , à une époque ou a l'autre, par leur puissance ou leur hostilité. Ils sont appelés du nom de Moab (Esaïe, XXV), du nom d'Edom (Esaïe, LXIII. Amos, IX, 12), du nom de Magog (Ezéch., XXXVIII). Il y a sans doute des prophéties spéciales contre ces peuples et ces villes, mais leurs noms sont aussi employés quelquefois au figuré et dans un sens général , comme dans les passages indiqués. C'est dans ce sens que sont annoncées, pour les derniers temps, la restauration de Moab et celle d'Hélam (Jér., XLVIII, 47; XLIX , 39). C'est dans ce sens encore qu'il est dit que a la bénédiction de la terre » procédera « en ce jour-là » d'Israël, d'Assyrie et d'Egypte (Esaïe, XIX, 18-25).

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§ 120. Du langage prophétique dans l'Ancien-Testament. - Il n'y a du reste rien , dans cette particularité du langage prophétique, qui doive nous surprendre. On le retrouve le même dans toute l'ancienne dispensation. L'économie juive commence avec Abraham ; il est dit que ses descendants seront nombreux comme les étoiles du ciel, et que toutes les nations seront bénies en sa postérité. La première partie de cette prophétie fut accomplie dans le sens littéral , comme Moïse nous l'apprend Exode, XXXII, 13. Deut., I, 10 , 11 ; mais elle l'a été aussi dans le sens spirituel, c'est-à-dire en tous ceux qui croient, dit saint Paul Rom. , IV, 16. Gal. , III, 8, 9. La seconde partie de la promesse , celle qui concerne le bonheur des nations, s'est accomplie également en tous ceux qui croient, à quelque langue ou tribu qu'ils appartiennent, et c'est par Jésus-Christ, qui descend d'Abraham selon la chair, qu'elle a eu son accomplissement (Gal. , III , 16).

Après la vocation d'Abraham, le fait le plus remarquable de l'histoire juive c'est la délivrance de la captivité d'Egypte; les expressions les plus énergiques sont employées pour dire combien cette délivrance et les circonstances qui l'accompagnèrent furent une preuve de la faveur divine. Toutes ces mêmes expressions sont employées dans le Nouveau-Testament, et appliquées à l'Eglise. Il est dit également , et de l'Eglise et du peuple juif, que :

Dieu les a choisis et élus (Deut., X, 15. Ezéch., XX, 5. Ephés. , 1, 4);

Délivrés et sauvés (Exode, III, 8; XIV, 30. Gal. , I, 4. 1 Thes., I, 10. 2 Tim., I, 9);

Créés et appelés (Esaïe, XLIII, 1 ; XLIV, 2. 1 Cor. , I, 9. Col. , III, 10).

L'une et l'autre sont appelés enfants abandonnés, bien-aimés (Ezéch., XVI, 3-6. Esaïe, XLIV, 2. Deut., XXXII, 6. Gal., III, 26. 1 Pierre, I, 3);

Frères (Deut., I, 16. Col., I, 2);

Une maison, une famille (Nomb., XII, 7. Héb., III, 6);

Une nation (Deut., IV, 34. 1 Pierre, II, 9);

Concitoyens, entourés d'étrangers (Exode, XX, 10. Ephés. , II, 19);

Héritiers du lot qui leur est échu (Nomb., XXVI, 53. Héb. , lX, 15).

On peut comparer encore de la même manière l'usage qui est Mit dans les deux dispensations des mots serviteurs, époux, femme, mère, enfants, adultère, sanctuaire, temple, prêtres, saints, prochain, éloigné, assemblée ou église, vigne, berger, troupeau, héritage , etc., ainsi que les privilèges et les devoirs que ces expressions supposent, et l'on trouvera que presque tous les noms caractéristiques d'Israël sont appliqués au corps des croyants. Dans le premier cas, les bénédictions et les relations, en tant qu'il s'agit d'Israël comme peuple , sont terrestres et temporelles; dans le second , spirituelles et éternelles. Quant aux individus pris à part , les bénédictions spirituelles leur sont promises et accordées dans l'une comme dans l'autre alliance.

Les apôtres raisonnent et parlent d'après le même principe dans tous leurs écrits. Nous qui croyons et qui sommes de Christ, nous sommes la semence d'Abraham et héritiers de ses promesses (Gal., III, 29. Rom., IV, 11, 16); l'Israël de Dieu (Gal., VI, 16), par opposition à l'Israël selon la chair (1 Cor., X, 18); la vraie circoncision (Philip., III, 3), et par conséquent en droit de nous approprier les promesses anciennes faites à tous les croyants (Gen., XXII, 16, 17. Cf. Héb. , VI, 13, 20. Deut., XXXI, 6. Josué, I, 5. Cf. Héb., XIII, 4, 5. Osée, I, 10; II, 23. Cf. Rom., lX, 24-36).

Après la sortie d'Egypte, nous avons l'institution de la loi cérémonielle , les sacrifices, le sacerdoce , l'arche de l'alliance, le tabernacle , le temple, le culte. Il est à peine nécessaire de faire remarquer que les prophètes représentent toutes ces choses comme devant être rétablies et restaurées dans les derniers temps, et que dans l'Evangile presque toutes ces expressions sont appliquées à notre Seigneur ou à son Eglise. Il est le sacrificateur , le propitiatoire, le tabernacle et le temple (Jean, I, 14; II, 19). Depuis son ascension, c'est l'Eglise qui est appelée le temple de Dieu (1 Cor., III, 16). Ce sont les membres de l'Eglise qui offrent des sacrifices spirituels; ils forment la sacrificature royale, la nation sainte.

Samuel ouvre une ère prophétique nouvelle. Sa mission principale fut de préparer l'établissement de l'autorité royale. Il fut chargé, en outre, de donner à David l'assurance que sa postérité occuperait le trône à toujours, c'est-à-dire, dans le sens littéral , aussi longtemps que le royaume subsisterait, et, dans le sens spirituel , en la personne de Jésus-Christ, jusqu'à ce que toutes choses fussent mises sous ses pieds. Samuel ne fait aucune allusion au sens spirituel, Nathan pas davantage; mais David, qui était aussi prophète, comprend la prophétie : il se l'applique en partie à lui-même 2 Rois, II, 4; mais il en rapporte l'entier et parfait accomplissement à son Seigneur Ps. II, VII, CX, etc. Tous ces psaumes, et d'autres encore, sont appliqués dans le Nouveau -Testament au royaume que Christ fonda par sa venue sur la terre (Héb., I, 5), ou par sa résurrection d'entre les morts (Rom., I, 4).

Cette période prophétique se complète et s'achève par les oracles d'Esaïe, d'Amos, d'Osée, et des derniers prophètes. Le grand thème de leurs prédictions , c'est la restauration des Juifs et le rétablissement de cette dispensation qui paraît au contraire se précipiter vers sa chute sans aucun espoir de remède. Ce thème est présenté sous une double forme. Les prophètes qui précédèrent la captivité et ceux qui la virent de leurs yeux annoncent une restauration de l'ancien royaume; mais en même temps ils empruntent à ce fait des expressions qui doivent faire pressentir l'établissement d'un royaume nouveau. Aggée et Zacharie annoncent la reconstruction du temple, et laissent entrevoir sous cette réalité la figure nouvelle de l'Eglise. Une fois le temple rebâti, le culte des Juifs reste froid, égoïste, hypocrite. En conséquence, Malachie annonce la venue de celui qui doit purifier les fils de Lévi et réclamer de tous des offrandes spirituelles.

En un mot , ce ne sont pas les prophètes seuls , mais ce sont tous les écrivains inspirés qui décrivent l'Eglise avec des expressions figurées, empruntées aux phases et développements successifs de l'histoire de l'économie ancienne. C'est maintenant une autre question de savoir si , de ce que les prophéties de l'Ancien -Testament sont exprimées en termes empruntés à cette économie , il résulte qu'étant appliqués à l'Eglise , ils doivent avoir oui ou non, plus tard, une application littérale plus complète. Il suffit pour le moment de remarquer ce fait; il est d'une grande importance , et peut servir à expliquer tout ensemble et la loi et l'Evangile.

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§ 121. Du double accomplissement des prophéties. - Il résulte du caractère typique des anciennes économies une autre particularité dans le langage prophétique. C'est qu'il ne signifie pas toujours seulement ce qu'il parait dire, il signifie encore autre chose. Il a une double portée. Il s'applique à un objet partiellement et par anticipation, et à un autre plus complètement, le premier étant une image représentative du second. Cette double signification se voit clairement dans la promesse faite à Abraham (Gen., XV), dans la prophétie de Jacob touchant Juda (Gen., XLIX), dans les prophéties de Balaam (Nomb., XXIV, 17), de Nathan (2 Sam., VII, 12-17), dans un grand nombre de psaumes, dans plusieurs oracles d'Esaïe, et chez d'autres prophètes. Comme l'histoire des Juifs est un reflet de l'histoire de l'Eglise, la prophétie représente les expériences de l'une et de l'autre. Toutes les parties de la prophétie n'ont pas ainsi un double accomplissement, et si l'on en juge par les exemples du Nouveau-Testament, il n'est pas permis de rechercher partout indistinctement de doubles applications. Il faut pour cela des événements semblables , mais dans des économies différentes, et jamais dans la même économie. Les prophéties relatives au retour de la captivité de Babylone (Jér., XXXI. Esaïe, LII), au rétablissement du tabernacle de David (Amos, IX) et à son royaume (2 Sam. , VII), ont toutes eu un accomplissement littéral partiel; puis, dans le Nouveau-Testament , elles sont rapportées à l'ensemble de la dispensation évangélique; il ne faut pas aller plus loin , et chercher une nouvelle et troisième application littérale de ces prophéties.

De là encore il résulte que dans le premier cas il y a des limites naturelles aux bénédictions annoncées, tandis que dans le second il est impossible d'épuiser la plénitude des promesses. Pour n'en citer qu'un exemple, la promesse faite à David était en partie conditionnelle, en partie absolue. Comme conditionnelle elle ne peut être appliquée à Christ; comme absolue elle n'a pas été entièrement remplie en David. « J'affermirai le trône de son règne à jamais ;... S'il commet quelque iniquité , je le châtierai avec une verge d'homme ,... mais ma gratuité ne se retirera point de lui, comme je rai retirée de Saül ( 2 Sam. , VII, 13-15 ). » David et Dieu lui-même répètent la condition ( 1 Rois, II, 4 ; IX, 4 ) ; et la promesse que la race de David occuperait le trône à toujours s'est accomplie dans son sens littéral et limité, c'est-à-dire aussi longtemps qu'il y a eu un royaume de Juda et une politique juive. La famille de David est en effet restée sur le trône jusqu'à la chute du royaume, pendant vingt générations, et l'espace de quatre cents ans , tandis que le royaume d'Israël , qui n'a duré que deux cent cinquante-quatre ans , a vu dix-neuf rois , appartenant à neuf familles différentes. Il y a donc eu un accomplissement réel, littéral, et, dans un sens, complet de la promesse, mais évidemment moins glorieux que celui qui est annoncé comme devant être réalisé par le Messie. La prophétie cherchant ses termes de comparaison dans des types humains, est aussi incapable de reproduire la gloire de ce nouveau royaume que l'est l'histoire des institutions cérémonielles de faire comprendre la grandeur de son office et de son caractère. Nous l'appelons prophète et sacrificateur, notre sacrifice et notre intercesseur, mais aucune des institutions auxquelles ces mots sont empruntés, ni toutes ensemble, ne peuvent donner une idée exacte de sa grandeur et de ses mérites infinis.

Ajoutons que s'il y a double accomplissement pour certaines prophéties, en ce qui regarde le type et l'antitype, il y a des prophéties d'une nature générale, d'une valeur essentiellement morale, qui par là même sont susceptibles de nombreuses applications. Ceux qui abandonnent l'Eternel seront consumés. Les hommes qui s'élèvent seront humiliés. Celui qui observe la justice,_ son pain lui sera donné, et ses eaux ne lui manqueront point (Esaïe , I , 28; II, 11 ; XXXIII , 15 , 16 ). Chaque prophétie de ce genre a été prononcée dans une circonstance particulière, mais chacune est aussi applicable à tous les cas de même nature dans tous les temps. Les écrits prophétiques abondent en maximes morales semblables, et c'est d'elles que Leighton a pu dire : « Le paisible fleuve de la prophétie a, comme les rivières , embelli et fécondé ses rivages , les arrosant pendant la suite des âges de ses eaux douces et fertilisantes. »


Table des matières

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