PRÉFACE.

 

Si la lecture de la Bible est pour les chrétiens une jouissance aussi bien qu'un devoir, tout ce qui peut contribuer à rendre facile et profitable cette lecture doit être accueilli avec reconnaissance. Non point que l'homme , avec l'intelligence la plus humble, ne puisse pas, par le secours du Saint-Esprit, trouver tout ce qui est nécessaire à son salut et à sa sanctification dans ce livre divinement inspiré , utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger et pour instruire selon la justice; mais de même qu'il y a plusieurs demeures dans la maison du Père céleste, de même il y a dans l'Eglise sur la terre divers degrés de sanctification ; et si l'on ne petit pas, d'une manière absolue, bien s'en faut , établir que la sainteté marche toujours parallèlement avec les lumières , s'élève et progresse avec. elles, que l'homme est toujours plus pieux à mesure qu'il est plus instruit, on ne saurait davantage établir le contraire. L'expérience a prouvé sans doute bien des fois la vérité de cette parole apostolique : La science enfle! mais elle n'a pas détruit le devoir rappelé par l'Apôtre : Ajoutez à votre foi la vertu, à la vertu la science.

Il est évident d'ailleurs qu'en nous imposant le devoir d'étudier la Parole et de la sonder, Dieu n'a pas voulu nous laisser la ressource de dire : Je ne savais pas, quand nous aurions pu savoir. Il est évident aussi que plus on creuse avant dans cette mine riche et féconde, plus on doit amasser de richesses; que beaucoup de leçons qui passent inaperçues à une première lecture, nous frappent à une seconde; que beaucoup d'enseignements ressortent non-seulement de l'examen d'un texte, mais encore de son rapprochement avec d'autres passages, de la considération des circonstances dans lesquelles il a été écrit et prononcé, du genre de personnes auxquelles il s'adresse ou se rapporte, etc. Il est évident enfin que toujours et dans tous les temps, les chrétiens , même les plus modestes, ont éprouvé le besoin de mieux comprendre certains livres et certains passages, que c'est là un véritable besoin de l'Eglise de notre Seigneur, et que toute publication qui tend à ce but est un service rendu aux fidèles. Notre littérature religieuse compte déjà de bien bons livres, des sermons, des méditations, des commentaires, des dictionnaires , des guides, des compagnons de la Bible, etc. L'ouvrage du docteur Angus, nous en avons la conviction, sera un bon livre de plus, et contribuera à développer chez nous le goût et l'amour des études sérieuses.

Bien que l'auteur n'ait pas cru devoir donner à son travail le titre, un peu présomptueux peut-être, d'Introduction aux livres de l'Ancien et du Nouveau-Testament, nous croyons qu'il aurait pu le faire sans inconvénient. Ce titre même eût été plus clair et plus exact que la vague désignation de Manuel. L'auteur a reculé sans aucun doute devant l'emploi d'un mot qui a pris, en Allemagne surtout, un caractère essentiellement scientifique, et il a choisi un nom qui indique mieux la nature tout-à-fait populaire de son livre. Ce n'en est pas moins une véritable introduction à l'étude des Ecritures , mais mise à la portée de toutes les classes de lecteurs, pouvant être comprise des moins instruits, et assez développée cependant pour offrir de l'intérêt à ceux qui sont déjà au courant de la plupart des questions théologiques.

On se rappelle l'accueil favorable qui a été fait, en 1830 , aux Considérations sur l'Ecriture-Sainte , de Bickersteth.

Dès-lors notre littérature s'est enrichie de deux autres ouvrages du même genre , et beaucoup plus complets, le Compagnon de la Bible, traduit de l'anglais, et le Guide du lecteur de la Bible, de M. Harens de Bruxelles. Le livre du docteur Angus, plus considérable, plus riche en faits et en renseignements que ces divers ouvrages , nous paraît en être le complément naturel. Il touche à beaucoup de questions que ceux-ci n'abordent même pas, et il développe, dans une certaine mesure , et d'une manière toujours simple et facile à comprendre, plusieurs de celles qui ne sont qu'indiquées ailleurs. Il expose l'histoire du volume sacré, ses différentes versions et traductions, ses manuscrits , son authenticité , les langues dans lesquelles il a été écrit , l'époque, les circonstances, le style , les auteurs, les lecteurs des différents livres qui le composent, etc. Les questions scientifiques ne sont écartées que lorsque leur examen et leur solution exigeraient des connaissances tout-à-fait spéciales qu'on ne peut pas s'attendre à rencontrer chez tous. Mais même alors elles sont au moins indiquées, et de manière à donner le désir d'apprendre et de connaître davantage.

M. Joseph Angus est bien connu en Angleterre. Élève des universités de Londres et d'Edimbourg, il a été successivement pasteur à Londres, de 1837 à 1840; puis secrétaire de la société baptiste des missions. Il est, depuis 1849, professeur et directeur de l'Ecole de théologie de Stepney. En 1850 il a reçu le titre de docteur de l'université de Brown, RhodeIsland (Etats-Unis). Outre le -Manuel de la Bible, le docteur Angus a encore publié un Essai sur la philosophie de lord Bacon, Christ notre vie , la Bible en plusieurs langues, et une édition avec notes de l'Analogie de Butler. Ces deux derniers ouvrages ont été imprimés sous les auspices de la Société des traités de Londres. L'Analogie et le Manuel de la Bible sont très répandus, et sont employés comme livres d'études dans plusieurs établissements d'éducation de la Grande-Bretagne.

La traduction du Manuel de la Bible, faite avec l'autorisation et sous la direction de l'auteur , est presque littérale quant au sens; on n'a retranché que quelques paragraphes trop exclusivement scientifiques , désignés par le docteur Angus lui-même; la plupart des notes ont été fondues dans le texte ; quelquefois des citations d'auteurs anglais ont été remplacées par des citations d'auteurs français , mais les traducteurs se sont interdit scrupuleusement de rien changer à l'idée de l'auteur, ou de la modifier en quoi que ce soit, même sur des points de détail. Ce n'est point leur livre, mais le livre du docteur anglais qu'ils offrent au public religieux de leurs Eglises, dans le ferme espoir qu'avec la bénédiction divine, ce travail contribuera à l'édification et à la sanctification de leurs frères.

LES TRADUCTEURS.

Sedan , 5 mars 1857.

 


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