La prudence chrétienne. (Lire II, Tim., I, 6-14.)
Voici une règle d'or à appliquer à notre vie dans ce qui nous concerne personnellement et dans ce qui a trait à nos rapports avec nos frères et avec le monde. Quant à nous-mêmes, ce précepte nous montre que partout où il s'agit de nous rencontrer avec le péché, nous ne saurions être trop prudents. Peut-être notre titre d'enfants de Dieu, et la pensée de « la liberté dans laquelle Christ nous a mis, » nous feraient-ils quelquefois passer un peu légèrement sur certains points qui ne nous paraissent pas d'une grande importance; peut-être nous dirions-nous assez souvent : Je puis bien prendre part à tel plaisir, je puis lire tel livre, plutôt mauvais que bon, mais dont on parle tant; il pourrait y avoir du danger pour ceux qui ne se tiendraient pas sur leurs gardes, mais quel mal peut-il en résulter pour moi?
« Abstenez-vous, » non-seulement du mal lui-même, mais « de tout ce qui a quelque apparence de mal, » répond la Parole de Dieu; tout ce en quoi nous reconnaissons nous-mêmes le moindre mal nous est interdit, quand même il nous semble que ce mal ne peut avoir d'influence sur nous. « Vous avez été appelés à la liberté, » dit saint Paul; « seulement, ne prenez pas de cette liberté un prétexte pour vivre selon la chair. » Le devoir de nous abstenir du mal nous incombe à nous-mêmes devant Dieu; nous devons être très-sévères pour nous-mêmes, d'abord parce que Dieu ne nous appelle pas à une sainteté d'à peu près ou d'apparence, mais à une sainteté parfaite, dans les petites choses comme dans les grandes; ensuite, parce que jouer avec le moindre péché, c'est jouer avec le feu, puisque le péché est dans notre coeur et que la plus légère circonstance peut lui donner essor. « Abstenez-vous de tout ce qui a quelque apparence de mal, » sans réserve, sans restriction, sans essayer de voir si nous ne pourrions pas faire impunément telle ou telle chose.
Quant à nos rapports avec le prochain, cette règle n'est pas moins essentielle à observer pour l'enfant de Dieu qui cherche sincèrement à glorifier son Père. Je pourrais certainement, et en toute liberté, faire une chose qui en elle-même n'a rien de mal, m'accorder cette jouissance, consacrer un* moment à cette occupation favorite, me conformer à cet usage qui me plaît et que j'approuve; mais en le faisant, je sais que j'étonnerai mon entourage; on pourra croire que j'agis par vanité, par amour de mes aises, que je perds mon temps; on pensera qu'il y a du mal là où il n'y en a pas. Que faire? La réponse de la Parole de Dieu n'est pas douteuse : « Abstenez-vous de tout ce qui a quelque apparence de mal; » abstenez-vous, pour éviter de donner du scandale; abstenez-vous, pour que rien ne trouble, même un moment, la vive clarté de la lumière que vous devez faire luire dans le monde; abstenez-vous, pour la gloire de Dieu. «Abstenez-vous de tout ce qui a quelque apparence de mal. »
PRIÈRE.
Fais-nous prendre au sérieux, fais-nous mettre fidèlement en pratique, cette recommandation de ta Parole, ô notre Dieu, et qu'elle nous fasse fuir le péché sous toutes ses formes, non-seulement dans nos rapports avec notre prochain, mais encore dans notre propre vie intérieure et extérieure, que tu vois et que tu juges. Puisque nous te connaissons pour le Dieu dont les yeux sont trop purs pour voir le mal, fais-nous sentir que nous devons être saints dans toute notre conduite; fais-nous sentir que tu es plus sévère encore dans la sainteté que tu demandes de tes enfants, que tu ne l'es à l'égard des gens du monde, desquels tu ne peux attendre que le péché. Seigneur Jésus, dont la vie a été si vraiment sainte et lumineuse, toi qui n'as jamais donné la moindre prise aux efforts de Satan pour te faire tomber, rends-nous participants de ta haine pour le péché, fais-nous marcher de progrès en progrès, jusqu'à ce qu'enfin nous puissions dire, comme toi, en quittant la vie, que le prince de ce monde n'a rien en nous. Amen.