« Plus que vainqueurs. » (Lire Ps. CXLIV.)
Comment peut-on être plus que vainqueur? Ce mot de saint Paul n'est-il qu'une belle expression, destinée à augmenter l'ardeur et l'enthousiasme avec lesquels nous nous rangeons sous la bannière du Prince de notre salut? Non: il renferme une profonde et admirable réalité.
Nous sommes « plus que vainqueurs,,, d'abord, parce que la victoire est à nous avant que nous ayons fini de combattre. C'est en général la fin d'une bataille qui décide à qui est la victoire; jusqu'au dernier moment il y a incertitude et possibilité que les choses changent. Il n'en est pas ainsi dans notre lutte contre notre grand adversaire. Il a déjà été vaincu par Jésus pour nous, il sait qu'il doit l'être par nous au nom et dans la force de Jésus. Il peut redoubler ses assauts, nous faire souffrir., entraver notre marche, il peut même nous faire tomber dans le péché : il ne peut pas « nous séparer de l'amour de Christ, » il ne peut pas nous empêcher, après nos chutes, de dire avec le prophète : « Toi, mon ennemi, ne te réjouis point sur moi; si je suis tombé, je me relèverai; si j'ai été couché dans les ténèbres, l'Eternel m'éclairera. « Quelle force immense il y a dans cette conviction que celui qui nous fait la guerre a déjà été vaincu, qu'il doit l'être encore, et qu'il le sait! « En toutes choses nous sommes plus que vainqueurs. »
Nous sommes «plus que vainqueurs » parce que tout est gain dans notre victoire. Il ne s'agit pas d'un de ces triomphes acquis au prix de sacrifices tels, que les gémissements des blessés, les larmes des veuves et des orphelins, s'y mêlent aux chants de réjouissance. Notre victoire a été chèrement achetée, oui; elle l'a été au prix du sang du Fils de Dieu, et si «nous sommes plus que vainqueurs,,, c'est « en celui qui nous a aimés; » mais ce prix, c'est lui qui l'a payé, c'est lui qui a souffert, et nous n'avons, nous, qu'à recueillir les fruits bénis de ses souffrances. Grâce à lui, nos victoires sont des victoires sans mélange. Elles nous obtiennent une communion plus intime avec Jésus, un détachement plus complet du péché, une paix plus profonde et plus inébranlable, et, par-dessus tout, la récompense de l'héritage incorruptible qui est réservé dans les cieux pour nous. « En toutes choses, nous sommes plus que vainqueurs. »
Quelles conséquences doit avoir pour nous cette bienheureuse conviction? Elle doit redoubler notre ardeur, notre énergie, notre fidélité; elle doit nous faire chercher toujours plus en celui qui nous a acquis la victoire, la force pour les heures de lutte ou d'angoisse. Cette force est donnée par le Saint-Esprit à qui la demande dans la prière. « En toutes choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. »
PRIÈRE.
0 notre Dieu! ceux qui ne te possèdent pas pour soleil et pour bouclier ne se font aucune idée des richesses éternelles que ta bonté réserve aux tiens, des trésors de forces, de grâces, de secours, que tu mets à leur disposition; mais ton peuple racheté te bénit, et te bénira aux siècles des siècles, de ce que tu lui donnes la grâce et la gloire, de ce qu'il trouve en toi au delà de ce qu'il peut désirer et même penser! 0 Seigneur! que chacun de nous puisse s'approprier la précieuse promesse de notre texte; qu'il soit vrai de chacun de nous qu'il est plus que vainqueur en celui qui l'a aimé, et que cette assurance nous soutienne, nous fortifie, et nous rende inébranlables dans notre lutte contre les tentations; nous te le demandons au nom du Seigneur Jésus. Amen.