PHILIPPIENS, IV, 11-13. Le contentement. (Lire 1 Tim., VI, 1-10.)
Le contentement! Voilà une grâce dont tout le monde a besoin, parce que, si les situations sur la' terre sont très diverses, toutes ont cependant leur part d'épreuves ou de difficultés. Mais cette grâce, qui semble être pour le chrétien une des plus élémentaires, n'est pourtant pas si fréquente à rencontrer qu'elle semblerait devoir l'être. C'est que la grâce du contentement en suppose et en exige beaucoup d'autres. Pour être content de l'état où l'on se trouve, il faut partir de l'idée qu'on ne mérite rien, c'est-à-dire, il faut être humble, ce qui n'est pas naturel à notre coeur; cette conviction conduit à être reconnaissant de ce qu'on a reçu et de ce qu'on reçoit tous les jours de la pure et riche grâce de Dieu. Il faut encore être confiant dans le Seigneur; fermement et paisiblement persuadé que quelles que soient les difficultés, il ne nous laissera point et ne nous abandonnera point.
C'est là un devoir auquel nous ne sommes pas toujours assez attentifs; beaucoup de chrétiens qui se remettent complètement et paisiblement au Seigneur du soin de leur âme et de leur éternité, semblent manquer de confiance lorsqu'il s'agit des choses de la terre. Il faut aussi, pour être content de l'état où l'on se trouve, être soumis et patient, disposé à recevoir la volonté du Seigneur quelle qu'elle soit, disant avec un saint homme : « La volonté de Dieu peut faire souffrir, mais c'est la volonté de Dieu.» Mais comme il faut, pour que cette soumission soit réelle, qu'elle soit la filiale soumission d'un enfant à son père, le contentement implique encore que le chrétien est plein d'amour pour son Dieu. C'est l'amour qui lui fait dire avec saint Paul: «Lui qui nous a donné son Fils, ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui? » s'il ne m'accorde pas ce que je désire, c'est que ce ne serait pas bon pour moi.
Cette soumission-là, filiale et pleine d'amour, conduit donc au renoncement à soi-même, et voilà la grande grâce, la grâce immense, que le contentement suppose encore; voilà la leçon que saint Paul avait apprise et qui lui permettait de dire en vérité : «J'ai appris à être content de l'état où je me trouve. » Enfin, le contentement suppose l'amour du prochain, l'exercice de la charité telle que nous la présente le XIIIe chapitre de la 1ère épître aux Corinthiens. En effet, comment un homme envieux des autres serait-il content de son sort? comment le serait-il s'il n'était disposé à tout supporter, tout espérer, tout croire, s'il n'était patient et plein de bonté? - Le contentement n'est pas naturel à notre coeur inquiet, agité, plein d'orgueil; comment donc y arriver? En nous tenant aux pieds de Jésus pour apprendre de lui le but de nos difficultés, et pour recevoir de lui toutes les grâces du Saint-Esprit. Prions, agissons, et apprenons, quelque chose que nous fassions, à tout faire «de bon coeur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes. »
PRIÈRE.
Seigneur notre Dieu, à juger selon les hommes, qu'il est difficile d'arriver au vrai contentement! Mais nous savons que ce qui est impossible aux hommes t'est possible à toi, et nous te demandons de nous faire tous arriver à pouvoir dire avec ton apôtre : J'ai appris à être content de l'état où je me trouve. Seigneur, empêche-nous de mettre aux choses de la terre cette importance que nous sommes tentés d'y attacher; et pour cela, augmente notre ardeur, notre soif de ces biens meilleurs et permanents qui nous attendent auprès de toi. Mets en nous toutes les dispositions dont nous venons de reconnaître la nécessité, et qu'il nous suffise, pour nous trouver heureux, pour être en paix, de savoir que c'est toi qui nous veux où nous sommes, et dans les circonstances qui nous entourent. Exauce-nous pour l'amour de Jésus. Amen.