ROMAINS, XII, 6.

La diversité des dons.

(Lire de v. à v. 10.)

 

« Ayant des dons différents; » voilà un fait à la vérité duquel notre expérience de tous les jours rend témoignage. Quelle diversité dans les tempéraments physiques, dans les caractères, dans les intelligences, dans les aptitudes de chacun! Cette diversité est à la fois une preuve de la puissance et de la richesse de Dieu, qui avait tant de dons à départir à ses créatures., et un signe permanent de l'oeuvre du péché dans le monde; car si nous étions restés ce que Dieu nous appelait à être, en reflétant les traits de celui qui nous avait créés à son image et qui est lui-même la perfection absolue, nous posséderions à la fois toutes ces grâces dont chacun de nous ne reçoit en partage que quelques-unes à l'exclusion des autres. Dans ce seul fait de la diversité des dons nous voyons la main de l'ennemi gâtant l'oeuvre de Dieu, et voilà pourquoi ces dons excellents, desquels Dieu même est la source, sont souvent, par le fait de leur diversité même, une occasion de tentations et de péché pour les enfants de Dieu, et une occasion bien plus fréquente que nous ne le pensons.

D'où viennent, en effet, la plupart de ces petites difficultés, de ces petites impatiences, de ces petits froissements, qui se produisent, hélas 1 si souvent dans nos rapports avec le prochain, même dans notre vie de famille ? De ce que, pour nous tenter, le démon prend occasion de nos différences de caractères. N'est-il pas triste, mais n'est-il pas vrai, que souvent des chrétiens sincères, qui pardonneraient à leurs frères des offenses directes, ne leur pardonnent pas, semble-t-il, de ne pas penser et de ne pas agir exactement comme eux-mêmes?

Nous serions plus charitables et plus fidèles, plus conformes à ce que le Seigneur veut de nous, si nous revenions plus souvent et plus humblement au précepte de saint Paul : Ayant des dons différents, que celui qui est appelé à une chose s'applique à cette chose. Ce n'est pas dire que nous devions prendre notre parti de ce qui nous manque, puisqu'il est écrit : « Tendez à la perfection, » mais il faut nous mettre dans l'esprit que Dieu attend de nous tout d'abord ce pour quoi il nous a particulièrement doués, de même qu'il attend de notre prochain ce pour quoi il lui a donné des aptitudes spéciales. Si cette règle est suivie dans la famille et dans l'Église, Dieu sera vraiment servi et glorifié dans nos corps, qui agiront selon sa volonté, et dans nos esprits, que n'agiteront pas de mauvais sentiments.

Examinons sérieusement et dans la prière ce que nous sommes appelés à faire pour obéir à Dieu et nous rendre utiles à nos frères, et faisons-le « pour le Seigneur, » sans être mécontents de ce que nos frères, avec la même sincérité que nous, voient s'ouvrir devant eux un chemin différent du nôtre. « Que chacun agisse selon qu'il est pleinement persuadé dans son esprit. »

 

PRIÈRE.

Montre à chacun de nous, Seigneur notre Dieu, ce que tu l'appelles à faire dans la position où tu l'as placé; et, en nous rendant vraiment fidèles, rends-nous indulgents, charitables, bons les uns pour les autres. Fais-nous sentir que nous n'avons pas seulement notre oeuvre individuelle à accomplir, mais que, comme membres d'une même famille, nous avons notre oeuvre collective, à laquelle chacun doit s'appliquer selon ses aptitudes et ses forces, afin que notre famille donne l'exemple de la fidélité, de l'activité, du dévouement qui remplissent une maison où tu habites et où tu règnes. Que dans notre vie de famille nous nous complétions les uns par les autres, et que chacun mette joyeusement au service de ses frères les dons qu'il a reçus de toi. Assiste-nous, Seigneur notre Dieu, et qu'en vivant d'une manière qui te soit agréable, nous vivions pour ta gloire en Jésus. Amen.


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