ROMAINS, I, 16.

« Je n'ai point honte de l'Évangile de Christ. »

(Lire de v. 1 à v. 17.)

 

Il n'est aucun de nous peut-être qui ne soit prêt à s'associer de coeur à ces paroles de saint Paul, aucun qui ne se persuade qu'il les répéterait de même s'il vivait dans un temps comme celui de saint Paul, c'est-à-dire dans un temps où rien ne garantit qu'on n'aura pas à payer de son repos, de ses biens, de sa vie même, la confession du nom de Jésus-Christ. Comment pourrais-je avoir honte de l'Évangile de Christ? se dit chaque chrétien sincère; Christ n'a pas reculé pour moi, pour moi personnellement, devant les traitements les plus humiliants et même devant la mort; le moins que je puisse faire pour lui, témoigner ma reconnaissance, c'est bien de la proclamer devant le monde entier : « Seigneur! je suis tout prêt à aller avec toi en prison et à la mort. » Ainsi. parla Pierre; « et tous les autres disciples dirent la même chose. » - Et le moment venu, que firent Pierre et tous les disciples? Ah! voilà qui doit nous rendre sérieux et humblement attentifs. En serait-il de nous et de notre dévouement comme d'eux et du leur? «Rien n'est plus attrayant que le dévouement en perspective et le sacrifice à l'horizon; mais la réalité est une rude épreuve pour le renoncement, et la seule certaine (1). »

Tenons-nous donc dans la réalité pour nous éprouver nous-mêmes; dans la réalité de notre vie, de notre temps, de nos usages, de nos difficultés, de nos tentations, des occasions qui nous sont offertes de prouver que « nous « n'avons point honte de l'Évangile de Christ, » et qui se restreignent au cercle plus ou moins étendu de nos relations de famille et de société. Eh bien, dans nos relations de famille et de société, n'hésitons-nous jamais à nous déclarer, ou à nous montrer, ou à nous laisser voir chrétiens? Et par ce mot de chrétiens, nous entendons ce christianisme vivant et réel qui se répand et se manifeste dans toute la vie, et qui n'est pas de mode en société; il est des cas où certaines apparences religieuses font partie des convenances; mais cette piété-là est toujours assez pâle pour passer inaperçue auprès des uns, et ne coûter aucun effort aux autres. Mais partout où nous pressentons qu'une raillerie à mots couverts, un sarcasme poli, peut-être seulement un sourire légèrement ironique, accueilleront la réflexion franchement chrétienne qui se présente à notre esprit, avons-nous toujours le courage d'affronter cette raillerie, ce sarcasme, ce sourire?

Ne reculons-nous jamais devant la pensée de l'étonnement qui se peindra sur la figure de nos interlocuteurs, si une chose indifférente nous amène à citer le nom de Jésus ou quelqu'une de ses paroles? En un mot, ne sentons-nous pas souvent qu'il nous faudrait moins de courage pour soutenir l'opposition d'une multitude, que pour braver l'embarrassant silence qui suit un mot fidèle prononcé dans un salon, peut-être en présence d'une seule personne? Examinons-nous nous-mêmes sérieusement à cet égard. « Si nous l'abandonnons, il nous abandonnera aussi; » mais demandons à Dieu de nous rendre fidèles, et il le fera.

 

PRIÈRE.

Seigneur notre Dieu, nous ne sommes que faiblesse et lâcheté. Tu le sais, toi qui connais notre pauvre coeur mieux que nous ne le connaissons nous-mêmes, et qui prends soin de nous dire dans ta Parole de nous défier de nous-mêmes parce que l'esprit est prompt, mais la chair est faible. Et pourtant, Seigneur, tu sais aussi que nous voudrions être fidèles pour rendre témoignage à la vérité qui est en Jésus et à la puissance de ta grâce. Nous te demandons cette sagesse que tu donnes à tous libéralement et sans reproche. Qu'elle nous fasse discerner les occasions dans lesquelles tu nous appelles à dire une parole à propos, et qu'elle nous donne la force de ne rien craindre lorsque nous nous trouvons en présence d'un devoir. Nous te supplions d'entendre et d'exaucer notre prière parce que nous te la présentons au nom et pour l'amour de Jésus. Amen.


Table des matières
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1. Adolphe Monod.