PHILIPPIENS, IV, 8. Les choses auxquelles il faut penser. (Lire Prov., III, 1-18.)
Pour l'enfant de Dieu, qui se sait « racheté à grand prix, » ce n'est pas seulement un devoir, c'est un besoin, que de mettre au service du Seigneur ses forces renouvelées par le Saint-Esprit, son dévouement stimulé sans cesse par sa reconnaissance, son activité qui n'a plus qu'un objet : glorifier son Sauveur. Mais souvent il y a pour lui une vraie tristesse à ne pas discerner clairement ce que le Seigneur l'appelle à faire; souvent il gémit, partage entre le désir de se dépenser pour son Maître et le regret de ne pas savoir quels outils préparés en vue de lui-même et proportionnés à ses forces et à ses aptitudes, attendent inoccupés qu'il les ramasse dans le grand chantier de l'activité, chrétienne. «Seigneur, que veux-tu que je fasse? » demande-t-il en toute sincérité, et il est douloureusement surpris quand il voit le temps s'écouler et sa question rester sans réponse.
C'est que nous cherchons souvent bien loin ce qui est près, et que dans notre ardeur nous nous figurons que le dévouement, pour être réel, doit surmonter de grandes. difficultés, se répandre sur une vaste étendue, se constater par des résultats éclatants. Il y a là un piège; il y a là un moyen que l'adversaire emploie pour nous détourner de la fidélité en nous faisant dépasser le but, car le trait qui dépasse le but le manque tout aussi bien que celui qui ne l'atteint pas. Le démon sait que l'enfant de Dieu se tiendra en garde contre la paresse, alors il cherche à le séduire par l'excès du zèle, en lui faisant éprouver ces inquiètes aspirations vers un idéal lointain, qui l'empêchent de voir ce qui se trouve à ses pieds.
Ce qui est à nos pieds, ce sont les humbles devoirs de la vie de tous les jours; ce sont les occasions que nous avons sans cesse de glorifier Jésus aux yeux de ceux qui vivent avec nous ou près de nous, de nous efforcer de les amener à lui, de remplir en vue du Seigneur, c'est-à-dire de tout notre coeur, ces devoirs qui font tellement partie de notre existence que nous sommes tentés souvent d'oublier que ce sont des devoirs. « Retourne en ta maison, auprès de tes parents, et raconte-leur les grandes choses que Dieu t'a faites. » Notre oeuvre comme parents, comme enfants, comme frères, comme soeurs, comme maîtres, comme serviteurs, comme membres d'une même famille, comme amis ou comme simples connaissances, a devant le Seigneur une importance immense.
Trouvons-nous ces devoirs trop humbles ? C'est alors que nous nous cherchons nous-mêmes au lieu de vouloir simplement obéir au Seigneur de qui nous les tenons. Les croyons-nous trop faciles pour absorber notre activité? Quelle erreur! Pour des pécheurs comme nous, le frottement habituel et incessant avec d'autres pécheurs fait assez souvent jaillir le péché pour rendre nécessaire une vigilance continuelle. Il y a dans une telle oeuvre des difficultés à vaincre, et elle mérite que nous y apportions tous nos soins. Les devoirs prochains : voilà les premiers de nos devoirs; notre oeuvre : voilà ce qui doit surtout nous occuper. « Celui qui est fidèle dans les petites choses, » nous dit notre Sauveur et notre modèle, « sera aussi fidèle dans les grandes. »
PRIÈRE.
Apprends-nous, ô notre Dieu, à tenir nos yeux fixés sur toi et sur ta volonté à notre égard. Tu sais que nous désirons sincèrement te servir et te glorifier; préserve-nous de nous rechercher nous-mêmes en quoi que ce soit lorsque nous croyons ne penser qu'à toi et à ton saint service. Rends-nous à la fois de plus en plus humbles et de plus en plus actifs; qu'il nous suffise de savoir ce que tu veux de nous pour trouver notre paix et notre joie à le faire, fût-ce dans l'obscurité la plus complète. Il nous suffit que tu nous trouves fidèles, vigilants et persévérants dans la prière quand tu viendras; étends autant que tu le verras bon notre champ d'activité, mais quel qu'il soit, vaste ou restreint, donne-nous de n'en rien négliger. Nous t'en supplions pour l'amour de Jésus. Amen.