La patience de l'espérance ! Voilà deux mots qui ne semblent pas faits pour être associés, et qui cependant par leur réunion en forment un particulièrement significatif et digne de devenir la devise de toute vie chrétienne. C'est là ce qu'il nous faut! ces deux grâces se complétant l'une par l'autre, et devenant tellement essentielles l'une à l'autre qu'elles font, pour ainsi dire, partie l'une de l'autre: la patience de l'espérance! Peut-être nous semble-t-il que nous aurions besoin de l'une plutôt que de l'autre; nous nous trompons, et Dieu le sait, lui qui nous parle de « la patience de l'espérance. »
La patience sans l'espérance devient une résignation sans courage, une sorte d'abandon fataliste à un pouvoir qu'il faut subir; l'espérance sans la patience serait une ardente et inquiète poursuite d'un but souvent hors d'atteinte, une agitation capable de consumer celui qui s'y livrerait. Mais aucun de ces dangers n'est à craindre à l'égard de « la « patience de l'espérance, » de la patience soutenue par l'espérance, de l'espérance tempérée par la patience! Il semble presque superflu d'insister sur le devoir d' « abonder en espérance,» quand on s'adresse à la jeunesse ardente, dont toutes les aspirations sont dirigées vers un avenir qu'elle se représente sous de riantes couleurs; mais qui ne sait qu'il n'en est plus ainsi une fois le premier enthousiasme passé ! Combien l'espérance est tout ensemble plus nécessaire et plus difficile quand vient le temps où les impressions sont plus en rapport avec la réalité de la vie, cette réalité sans amertume pour le chrétien, mais pourtant navrante quelquefois, douloureuse souvent, sérieuse toujours?
Et la patience! Comme elle nous est indispensable! Comme elle le devient de plus en plus à mesure qu'on avance dans la vie ! « Vous « avez besoin de patience; » ne semble-t-il pas que chaque jour et même chaque heure se charge de nous redire cette parole de l'apôtre? Patience avec nous-mêmes et avec ceux qui nous entourent; patience même à l'égard du Seigneur, pour faire sa volonté en attendant que nous recevions de lui l'effet de sa promesse;,, patience pour celui qui souffre, pour celui dont quelque espoir différé fait languir le coeur, pour l'homme d'affaires qu'agitent les préoccupations et souvent les déceptions, pour la mère de famille accablée par les soins domestiques, pour tout chrétien qui s'efforce de répandre autour de lui la connaissance de la vérité telle qu'elle est en Jésus, pour tant d'autres encore, pour chacun de nous bien certainement.
N'est-il pas vrai que souvent ce que nous nous sentons pressés de demander au Seigneur avant toute autre chose., c'est de nous faire « tout soutenir avec patience, » et qu'aucune parole de l'Évangile ne répond si exactement à nos besoins que le nom donné au Seigneur : « le Dieu de toute patience? » Mais « la patience de l'espérance, » quelle source d'énergie, de courage, de joie et de force ! Que Dieu nous enseigne à la demander., et qu'il nous la donne! « Que le Dieu d'espérance nous remplisse de toute sorte de joie et de paix dans la foi, afin que nous abondions en espérance par la puissance du Saint-Esprit. »
PRIERE.
0 notre Dieu, si bon, si tendre, si fidèle, nous te bénissons de nous faire trouver dans ta Parole tant de passages qui nous prouvent que tu compatis à nos infirmités et que dans ton amour tu veux nous en faire triompher. Tu sais de quoi nous sommes faits, et tu sais aussi qu'il y a dans la vie terrestre bien des sujets de tristesse et de découragement pour celui qui ne te connaît pas. Mais nous te connaissons; tu nous donneras jour après jour la mesure de patience qu'il nous faut, tu nous feras abonder en espérance, tu nous feras faire, comme à tes serviteurs d'autrefois, la bienheureuse expérience de ce qu'est la patience de l'espérance. Seigneur, remplis-nous par ton Saint-Esprit de ces grâces si précieuses, fais-nous recueillir dans ta Parole et serrer dans notre coeur toutes les promesses qu'elle renferme. Nous nous remettons entre tes mains paternelles, comptant sur ton amour en Jésus. Amen.