COLOSSIENS, Ill, 13. Le support mutuel et le pardon. (Lire I Pierre, Ill, 8-18.)
Voici bien l'un des passages les plus directement utiles dans la pratique de la vie chrétienne. Hélas ! qui ne sait par expérience combien sont fréquentes les tentations qui nous viennent de nos rapports avec nos frères ? Qui n'a souvent dû appeler à son aide toute sa patience et tout son courage, pour prendre paisiblement son parti des petites épines que les différences de caractère entre gens appelés à vivre ensemble, plaçaient sur le chemin des uns et des autres? Qui n'a souvent eu à pardonner? Mais aussi qui n'a à se reprocher une foule de manques de bonté et de charité; qui ne sent qu'il a eu plus d'une fois besoin lui-même du support et de l'indulgence de ses frères?
Le démon connaît bien nos pauvres coeurs; il sait qu'en général nous sommes préparés à soutenir ses assauts les plus rudes, parce que nous les redoutons et nous tenons sur nos gardes. Aussi choisit-il son moment, et quand nous ne croyons pas que la vigilance soit nécessaire, il nous décoche un trait presque imperceptible, mais si fin, si acéré, qu'il pénètre jusqu'au fond de notre coeur et y fait sur le moment une blessure cuisante. Ce trait revêt mille formes; c'est une remarque désobligeante, un mot ironique, un manque d'égards qui nous afflige et nous blesse, une manière peu aimable de s'ingérer dans nos affaires ... du reste, chacun de nous sait bien ce que c'est pour lui en particulier. Eh bien ! il faut que « la charité qui supporte tout » nous fasse triompher, dans ces petits moments si difficiles, de notre orgueil froissé et de la colère qui s'allume si vite en nous. Il faut que nous soyons tellement remplis de cette patience dont le Sauveur nous a donné l'exemple, que les coups d'épingle dont Satan sait si bien faire des dards enflammés, viennent se briser et s'éteindre contre elle.
Nous devons, non-seulement endurer tout sans aucun sentiment d'amertume, mais pardonner joyeusement et cordialement, quand même, ce qui rend certainement le pardon moins facile, celui qui nous a fait de la peine ne semble pas s'apercevoir qu'il a besoin de notre pardon. Nous devons, en un mot, être capables de faire ce qu'a fait Jésus quand il a supporté avec tant d'amour notre indifférence, nos dédains, nos offenses de toutes sortes. Il nous a laissé un exemple afin que nous suivions ses traces; il est notre modèle, il est aussi notre force et notre secours.
Tenons-nous sans cesse près de lui, attachons-nous à lui, et cette douceur du Saint-Esprit qui rayonne de lui nous enveloppera de telle sorte, que nous en serons imprégnés et que tout dans notre vie s'en ressentira. « Que votre douceur soit connue de tous les hommes; le Seigneur est près. »
PRIÈRE.
Que nos coeurs soient remplis de la charité de Christ, ô notre Dieu, et nous n'aurons pas de peine à nous montrer doux, patients, indulgents dans nos rapports avec notre prochain. Fais que, par, ta grâce, notre conduite soit inspirée et réglée par le Saint-Esprit; qu'il étouffe dans leur germe les mauvais sentiments de notre coeur naturel. Seigneur Jésus ! c'est bien de toi que nous pouvons apprendre à pardonner, à supporter toujours avec la patience de l'amour! Tu ne t'es pas lassé de nous, tu ne t'es pas irrité contre nous, même lorsque nous répondions à ton amour par l'indifférence ou l'ingratitude, et nous ne pourrons jamais avoir à nous plaindre de nos frères autant que tu as eu à te plaindre de nous. Ne permets pas que nous nous montrions plus exigeants ou plus sévères que toi; fais-nous en. toutes choses marcher sur tes traces. Amen.