GALATES, VI, 2. « Portez les fardeaux les uns des autres. » (Lire Rom., XV, 1-16.)
Dans le monde où nous sommes, à prendre la vie dans sa réalité,, cette parole de saint Paul devient à la fois le résumé le plus clair et le développement le plus instructif du grand et royal précepte de la charité. - S'agit-il du fardeau des misères physiques, de la maladie, de la pauvreté? Tout ce qui peut adoucir les souffrances de notre frère ou l'aider à les supporter avec courage et patience, ces petits soins, ces petites prévenances que l'affection seule inspire, deviennent pour nous un devoir. - S'agit-il d'épreuves morales, d'inquiétudes, de deuils qui déchirent le coeur? Tout en « pleurant avec ceux qui pleurent, » pour leur montrer que nous les comprenons et souffrons de leur douleur, nous devons attirer leur regard vers les seules consolations efficaces, celles de la Parole de Dieu, et faire doucement ressortir tout ce qui peut fortifier leur coeur et rendre leur coupe moins amère. - S'agit-il de misères spirituelles?
Notre devoir est plus impérieux encore. Que le prochain souffre dans son âme, n'ayant pas la paix, il nous faut prier, lire, nous entretenir avec lui, jusqu'à ce qu'il ait trouvé en Jésus le repos de son âme; qu'il n'ait pas la paix et qu'hélas ! il n'en souffre pas, sa condition est bien plus effrayante encore; Satan l'aide à porter son fardeau pour qu'il ne s'en aperçoive pas; mais quand ce perfide appui lui fera défaut, il sera entraîné dans le grand abîme. Il faut que nous nous opposions au tentateur, et que nous dévoilions au pauvre aveugle le fardeau qui l'accable, pour l'en délivrer. - S'agit-il de défauts de caractère?
Portons le fardeau de notre frère en l'aidant à se corriger, dans la mesure où nous le pouvons, mais surtout épargnons-lui l'occasion de tomber dans le défaut que nous lui connaissons. Il est irritable : évitons soigneusement tout ce qui peut le blesser; il est prompt à s'impatienter : évitons-lui les tentations à l'impatience. Ainsi nous porterons son fardeau avec lui. - Enfin, s'agit-il de ces petites épreuves qui fourmillent dans la vie de chacun : manque de sympathie avec son entourage, manque de joie dans des circonstances qui semblent devoir en donner, manque de courage, manque de confiance et de foi au sujet des petites choses, - portons le fardeau de notre frère en écoutant avec une sympathie véritable ses plaintes, ses regrets, le récit de ses difficultés de tout genre, et en lui donnant, avec tous les ménagements de l'amour., les conseils qui peuvent lui être utiles.
Tout cela ne se fait pas sans peine; on ne se charge pas d'une partie du fardeau d'un autre sans en sentir le poids s'ajouter à celui de son propre fardeau; mais là est « la loi de Christ, » la loi d'amour; partant, là est la bénédiction du Seigneur. Demandons-lui constamment la force et le désir de mettre en pratique, fidèlement et avec persévérance, ces préceptes de charité.
PRIÉRE.
Seigneur notre Dieu, fais-nous la grâce que nous ne nous bornions pas à savoir ce que nous prescrit ta Parole, et à trouver ses préceptes admirables et dignes de notre plus sérieuse attention, mais que nous apportions tous nos soins et tout notre zèle à la mettre en pratique. Enseigne-nous ce que nous avons à faire pour nous charger du fardeau de notre frère selon ton commandement, et dans la mesure où tu le vois bon pour lui et pour nous. Donne-nous la force-qu'il nous faut, à nous si faibles que notre propre fardeau nous semble souvent au-dessus de nos forces. Nous désirons être fidèles à ce commandement; daigne nous venir en aide pour l'amour de Jésus; puisque nous avons connu son amour à ceci, qu'il a mis sa vie pour nous, rends-nous capables de mettre aussi notre vie pour nos frères. Amen.