HÉBREUX, XIII, 16.

La libéralité chrétienne.

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L'Évangile est la religion du sacrifice. Il repose tout entier sur le sacrifice accompli par Jésus pour notre salut, et sur le sacrifice que, pour avoir part à sa grâce, nous devons lui faire de notre orgueil, de notre raison, de notre sagesse, de nous-mêmes tout entiers; aussi saint Paul, après avoir parlé du merveilleux amour de Dieu pour les pécheurs, arrive-t-il à une conclusion toute naturelle lorsqu'il s'écrie : « Je vous exhorte donc, mes frères, par les compassions de Dieu, que vous offriez vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service raisonnable. »

Il serait bien faux de dire que, parce que le salut est gratuit, les oeuvres, non-seulement de sainteté d'une manière générale, mais en particulier de charité et de libéralité, sont sans importance; tout aussi faux que de leur attribuer un mérite, une part quelconque dans notre salut. Elles sont indispensables, comme fruit du salut, pour montrer que l'enfant de Dieu est réellement entré dans l'esprit de l'Évangile, qui est un esprit de renoncement, en vue de Dieu et de sa gloire tout d'abord, et ensuite en vue de nos frères. C'est une parole profondément évangélique que celle de David à Ornan : « Je n'offrirai point un holocauste à l'Éternel d'une chose qui ne me coûte rien (1). » En effet, la meilleure manière de prouver notre reconnaissance au Dieu à qui rien n'a coûté pour nous témoigner son amour, c'est de la lui montrer d'une manière qui nous coûte quelque chose, et qui nous prouve ainsi à nous-mêmes, à la gloire de Dieu, que la pensée de son immense amour n'est pas sans influence sur nous. La reconnaissance n'est pas réelle si elle n'entraîne pas le dévouement.

Ceci peut recevoir une foule de développements. Ce que nous avons à faire pour offrir au Seigneur des sacrifices qui nous coûtent, c'est d'abord de nous donner nous-mêmes à lui, et puis de lui sacrifier ces péchés, ces habitudes, ces goûts, qui nous sont chers mais ne se concilient pas avec notre profession chrétienne. Mais dans le passage qui nous occupe, saint Paul nous montre que ces sacrifices à faire, en quelque sorte, d'une manière générale, ne doivent pas nous faire perdre de vue ceux qui se présentent souvent à nous avec plus de précision.

C'est un devoir positif que de faire part de nos biens, » c'est-à-dire d'exercer notre charité, soit pour l'avantage temporel de nos frères, soit à un point de vue spirituel en travaillant à l'avancement du règne de Dieu; il faut faire part de ses biens, quels qu'ils soient; de sa fortune si l'on en possède, n'en eût-on que fort peu; de son temps, de ses forces, si l'on n'a pas autre chose, et c'est déjà beaucoup. « Pourvu que la promptitude de la bonne volonté y soit., on est agréable selon ce qu'on a, et non selon ce qu'on n'a pas. » « N'oubliez donc pas d'exercer la charité et de faire part de vos biens, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices.

 

PRIÈRE.

0 notre Dieu, fais-nous assez réellement entrer dans l'esprit de l'Évangile pour trouver notre joie à te témoigner par des sacrifices notre reconnaissance de ce que tu as fait pour nous au prix d'un sacrifice immense et douloureux. Que nous commencions par nous donner nous-mêmes, à toi, d'abord, et puis ensuite à nos frères; et qu'il nous devienne facile d'exercer la charité et de faire part de nos biens. Détache-nous de ces biens, quels qu'ils soient, qui risquent de s'emparer de notre coeur et de le rendre égoïste et dur; et fais-nous cette grâce, que chacun de nous se regarde comme un dispensateur des diverses grâces de Dieu, et en soit un dispensateur fidèle. Exauce-nous au nom et pour l'amour de Jésus. Amen.


Table des matières
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1. 1 Chron., XXI, 23, 24.